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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Guerre au sein de la Mocro Maffia 12

Publié par Desmoulins sur 22 Mai 2020, 15:46pm

Catégories : #Actualités, #Mocro Maffia, #crime organisé, #Trafic de drogue, #Pays-Bas, #Espagne, #Biker

Edin Gacanin (Zurnal.info)

Edin Gacanin (Zurnal.info)

La suite de l'actualité de l'année va faire basculer l'organisation de Ridouan T. dans une autre dimension insoupçonnée. Celle du «Super Cartel».
Le 9 juillet c'est au cours d’une vaste enquête sur le blanchiment d’argent que les autorités policières et judiciaires, soutenues par Europol et Eurojust, perquisitionnent 28 adresses aux Pays-Bas, en Bosnie, en Slovénie, en Espagne et en Belgique. L'enquête porte sur les activités d'un Bosniaque installé à Dubaï, Edin Gacanin, 37 ans, et plusieurs de ses proches qui sont très probablement impliqués dans le trafic de cocaïne international.
En janvier 2017 la police péruvienne intercepte une cargaison de cocaïne de 2 045 kilos dans une société de production et d'exportation d’asperges près de Lima. 
La drogue était destinée à la Belgique. En plus de la drogue, les enquêteurs ont saisi 75 000 dollars, une arme à feu et deux 4×4. 
5 péruviens, Jose Carlos Ullon Rojas, 41 ans et le financier présumé du trafic, un natif de Sarajevo David Cufaj, 24 ans, sont arrêtés sur les lieux. Les enquêteurs apprennent vite que le groupe du narco monténégrin Darko Saric serait derrière cette cargaison. Ervin un des frère d'Edin présent au Pérou arrive à échapper à l'arrestation et s'enfuit aux Pays-Bas. 
2 ans plus tard en janvier 2019, c'est un autre bosnien de Sarajevo, Smail Sikalo qui est arrêté avec 1,5 tonne de cocaïne conditionné en paquets toujours estampillé «BiH». 
Comme le monde est petit on découvre que Smail l'ex boxeur de Sarajevo est un ami de David Cufaj et qu'en plus Sarajevo est si minuscule qu'il fut même le voisin de la famille Gacanin avant leur exil aux Pays-Bas (après des bisbilles avec la pègre locale).
Les médias péruviens commencent à parler d'un certain «Tito», un serbe qui serait la clé de voûte entre l'Europe et l'Amérique du sud selon des écoutes téléphoniques. On envisage aussi un lien étroit avec Zoran Jaksic, le leader du gang serbe Amerika, depuis longtemps implanté au Pérou et au Brésil et précurseur de la "route commerciale" avec les Balkans. 

(Copyright : Oslobodenje)

(Copyright : Oslobodenje)

Dans le Brabant occidental, région où vivent les Gacanin et dont le patriarche est Miralem, huit lieux sont perquisitionnés. Six à Breda ainsi que la galerie d'art Puro Arte. 
Ce que les enquêteurs découvrent est colossal. Edin co-dirigeait en fait un groupe nommé «Tito and Dino» et il a bien eu des contacts avec Ridouan T., Rico le Chilien et Raffaele Imperiale à Dubaï et aussi avec les Kinahan de Dublin (dont le mariage à Dubaï d'un des dirigeants a vu la présence de plusieurs membres du Supercartel). 
Inez Weski, l'avocate de Ridouan T., a déclaré qu'elle ne connaissait absolument pas les informations issues de cette enquête. Les documents dont une partie ont été publiés par les journaux bosniens «zurnal.info» et «Inforadar.ba», montrent que le 13 août 2018, la DEA, a fourni à la police néerlandaise des informations sur les suspects et leurs relations professionnelles en Europe, en Équateur, au Pérou, en Bolivie et en Colombie. Dans ce dernier pays, il y aurait des contacts avec des criminels de Norte del Valle, Jairo Andrès Alvarez Rivillas et Aquibar Trujillo Malagon. 

La DEA a écrit dans ce rapport que 100 tonnes de cocaïne entreraient dans le port de Rotterdam chaque année et que ce groupe en représenterait un tiers. Depuis 2017 environ 14 tonnes de cocaïne oint été saisies qui pourrait être lié à ce "supergroupe" dont les 5 300 kilos provenant de Medellin saisis dans le port d'Anvers en octobre octobre 2017. La destination finale était un commerce de fruits à Barendrecht. 
Les autres envois de coke interceptés sont un lot de 928 kg entre le teck d’Équateur, 2 045 kg dans un chargement d'asperges en route vers les Pays-Bas et 5 883 kg entre les bananes de Medellin à Algeciras, en Espagne. Edin Gacanin a aussi des liens avec le criminel Elvis Hodzic qui a souvent fait des allers retours entre l'Amérique du Sud et Sarajevo. Et aussi avec les frères Culum, a qui il aurait fourni des faux passeports pour se rendre en Amérique du Sud. Les Culum sont les fondateurs du gang «biker» des United Tribuns, un nouveau genre de MC sans motos (voir article gangs de bikers).

Les frères C. (zurnal.info)

Les frères C. (zurnal.info)

Edin est à la tête de ce clan familial, dont l'organigramme est aussi composé d'un oncle et même de la propre mère d'Edin. 
Le cartel était en lien avec 4 entrepreneurs de Sarajevo qui l'aide à blanchir l'argent par le biais de sociétés fantômes et d'entreprises fictives. Holodic a la tête de la société ES TECH a nié ses liens avec le gang mais deux mois plutôt selon un communiqué de la BBI Bank ES TECH avait effectué des transactions avec Star Building BVBn dont le siège social est situé à Anvers. Il s'agit d'un paiement d'un montant de 91 000 euros sous l'appellation «paiements de partenaires étrangers».

C'est la société belge "STAR BUILDING BVB" qui est répertoriée dans une lettre de la justice néerlandaise. Le propriétaire officiel et le directeur de cette société belge est une ressortissante polonaise Danuta A. D.. L'enquête a révélé que "STAR BUILDING BVB" prêtait de l'argent à des sociétés détenues par l'un des membres du clan. En novembre 2018, ce dernier au moyen d'un emprunt de 540 000 d'euros, versé sur le compte STAR BUILDING d'Anvers, a acheté un bien immobilier d'une valeur d'un million de dollars par l'intermédiaire de sa société "MI Sistemi doo Sarajevo", dans la ville néerlandaise de Breda. (slobodanvaskovic.blogspot.com). D'autres documents ont été versés au dossier, tels que des contrats de location de voitures, des rapports sur les transactions bancaires d'ES Tech Sarajevo, des paiements de «partenaires étrangers» Star Building BVBA d'Anvers, des paiements versés sur le compte de «HD Transport» en Belgique, sont prouvés par les liens entre les hommes d'affaires de Sarajevo. de la société "Tranzitexport" Sarajevo, a déclaré la Direction de la fiscalité indirecte de Bosnie-Herzégovine, notamment le blanchiment d'argent via "In Media", "Art photographique", "Regus", "Comtrade Distribution", "Apart Hotel Vučko", "Communis Sarajevo". Deux entreprises slovènes étaient également impliquées dans le blanchiment d'argent. L'homme qui transportait les devises vers la Hollande était le notaire qui avait été impliqué récemment dans le financement de la compagne du parti de Janez Jansa dans lequel on retrouve le blanchisseur slovène Rok Snezic. (Zurnal.info)

Un marché puissant mais morcelé

Cette nouvelle de l'existence de tels liens entre plusieurs gros trafiquants bruissait comme une rumeur folle depuis quelques temps. Alors qu'à force d'investigations, les autorités de plusieurs pays découvraient les partenariats privilégiés noués à Dubaï. La chute de Rico le Chilien fut un des premiers dominos, il a permis de comprendre la connexion d'abord avec l'organisation irlandaise des Kinahan puis avec le réseau Mocro Maffia d'Utrecht qui a conduit lui à Raffaele Imperiale. Des petits malins vont même jusqu'à dire que l'arrestation de Rico est lié au hackage d'une boite mail appartenant à Daniel Kinahan par les autorités américaines qui a permis de l'identifier et de le localiser. D'autres envisagent une piste déjà rebattue, celle de l'accointance de l'irlandais avec un service de renseignement mais rien ne permet vraiment d'étayer ces faits. Sans compter le lien très fort entre les Kinahan et l'organisation du lituanien Sergejus Beglikas, démantelé en Espagne en mai 2019. Un lien qui va mener à l'embauche d'un tueur à gage lituanien par l'organisation irlandaise pour régler un conflit avec les rivaux des Hutch mais il se fera arrêter à peine arrivé. Ces liens très étroits entre autant de grosses structures criminelles est assez inédit et fait écho au constat des autorités sur la fragmentation des réseaux du trafic de drogue en Europe. Ce que certains ont appelé l'ubérisation du trafic mais on assiste là au contraire à la constitution d'une élite certes pas tout à fait hégémonique mais incontournable.

Surtout que le cartel Tino et Dino ferait aussi partie d’une sorte de conglomérat d'organisations balkaniques fortement impliqué dans la logistique et la distribution de la cocaïne. Ce que plusieurs médias colombiens ont surnommé «le cartel des Balkans». Composé de monténégrins, de serbes, croates, slovènes, bosniens, macédoniens, ces différents groupes nationaux disposent aujourd'hui d'une puissance logistique sans égal en Europe. Ce sont des monténégrins de la région Kotor qui s'occupaient notamment du transport des 17,5 tonnes de cocaïne saisis à bord du MSC Gayanè amarré dans le port de Philadelphie en juin 2019. Ce nouvel échiquier compte aussi un pion non négligeable, la montée en puissance des trafiquants albanais. Ces derniers depuis une dizaine d'années se sont exportés partout et sont même devenus les pierres angulaires de nombreux réseaux en Italie où les mafias locales en disposent allégrement, et en Belgique et aux Pays-Bas où ils ont infiltrés les ports presque au détriment des turcs (qui sont toutefois toujours présents). On assiste de l'autre côté de l'Atlantique à un revirement analogue avec les gangs brésiliens eux aussi en pleine croissance et associés privilégiés des narcos colombiens, péruviens et boliviens. Déjà très au fait de la culture du cannabis indoor, les albanais qui ont écumé toutes les prisons d'Europe de l'Ouest commencent à s'installer en Amérique du Sud pour monter leur structures.

(ABC)

(ABC)

Ces 17,5 tonnes ont constitués un record de saisie au 21ème siècle et les polices et douanes européennes vont elles aussi connaître un été chargé et plein de succès.

En plein mois de juillet, l’administration fiscale, la Guardia Civil et la police espagnoles, aidées des polices marocaine et dominicaine, ont démantelé un réseau de trafic de cannabis, basé à Séville et Almeria. 23 personnes ont été arrêtées : 20 en Espagne, 2 au Maroc et un en République Dominicaine. Quatre autres personnes font l’objet d’une enquête en République dominicaine. 20 biens immobiliers d’une valeur de 2 millions d’euros ont été confisqués, de même que 3,5 millions d’euros en liquide, huit véhicules haut de gamme et 16 tonnes de résine de cannabis durant le temps de l’enquête (dont 7,2 tonnes et 177.000 euros en liquide en avril 2018 à Almeria). Plus de 690.000 euros en liquide ont également été trouvés dans un conteneur.

L’enquête a commencé en septembre 2017 avec l’interception d’une voiture transportant 300.000 euros en billets de 20 et 50 euros. Le chauffeur était un français connu dans le trafic de stupéfiants. L’enquête a révélé un vaste trafic de drogue par camions et sociétés de transport, dont l’argent était blanchi en République Dominicaine. En mai 2019, 12 perquisitions ont été effectuées en Espagne et cinq en République Dominicaine, 18 personnes avaient alors été arrêtées, dont le chef de l’organisation. Les perquisitions permettent de saisir de l’argent liquide et des armes. 
Fin août, la Guardia Civil démantèle six organisations vouées à l'introduction du haschisch le long des côtes et des ports andalous et fournissant un soutien logistique à d'autres réseaux de trafic de drogue et à la distribution de drogue dans toute l'Espagne, la France et l'Italie et le Royaume-Uni. L'opération, «Balbi», permet la saisie de 5 276 kilos de haschisch, 322 plants de marijuana, 7 kilos de marijuana, 141 000 euros et 17 armes à feu, y compris un fusil d'assaut Ak47, ainsi que 49 véhicules, dont 26 ont été saisis.

85 personnes de nationalités espagnole, anglaise, française, marocaine et algérienne sont inculpées pour délits de trafic de drogue, appartenance à une organisation criminelle, vol de véhicules, falsification de documents, réception, détention illégale d'armes et d'explosifs, corruption, divulgation de secrets, complot en vue d'enlèvement et de meurtre.
Cette vaste opération indique si on en doutait encore de la porosité des des frontières espagnoles mais aussi de celles entre les organisations transnationales de trafiquants. Tout le monde travaillant avec tout le monde notamment dans le domaine de la logistique qui du coup sert à tous.

Des réseaux tentaculaires

Une vaste enquête débutée en août dernier, a permis le démantèlement de 6 organisations criminelles sur la Costa del Sol.
Un premier groupe composé de marocains, fournissait des SUV aux réseaux de trafiquants basées dans la province de Malaga et Campo de Gibraltar.
Le second groupe était dédiée au transport de haschisch par GO FAST d'Espagne vers la France.
Un troisième groupe était composé de quatre Britanniques qui ont transporté du haschisch au Royaume-Uni. Sur la base des opérations, ils avaient une maison de campagne à Istán (Málaga), d'où ils préparaient les envois en double fonds en camions.
Les camions ont été chargés au port de Santander pour être expédiés au Royaume-Uni sous prétexte d'être une entreprise de déménagement. 1 100 kilos de haschisch saisis.
En outre, 1 500 kilos supplémentaires de haschisch ont été trouvés à Marbella, que ce groupe tentait d'introduire en Espagne.

La quatrième organisation était basée à Estepona. 1 230 kilos de haschisch saisis.
Le même mois, 1 200 kilos de haschisch supplémentaires ont été saisis sur la plage de Bolonia (Cadix).
Le cinquième groupe démantelé a fourni un soutien logistique à d’autres réseaux. Des maisons pour cacher des drogues, des véhicules volés, ainsi que de l’essence pour les bateaux.
Ils possédaient plusieurs maisons de campagne dans les villes de Monda et Ojén (Málaga), qui servaient de "pépinières" pour cacher la drogue.
108 000 euros en espèces, deux fusils de chasse, cinq kilos de marijuana et trois véhicules haut de gamme volés saisis.
Le dernier groupe composée de plus de 50 personnes, principalement espagnoles, utilisait des méthodes et des dispositifs très sophistiqués, des systèmes de communication cryptés et des armes de guerre. Ce groupe aidait à entreposer la drogue mais aussi à jouer les recouvreurs de dettes et hommes de main pour les autres.

Entre avril et mai, au Maroc plus d'une dizaine de tonnes de haschisch ont été saisis. Qui plus est les autorités locales ont mis les bouchées doubles en menant une vaste enquête sur des opérations bancaires suspectes. Celle-ci a permis de détecter une affaire de blanchiment d’argent venant d’un trafic de stupéfiants. L’argent était blanchi dans des achats immobiliers à Casablanca, Tanger et Agadir, ainsi que dans des achats de voitures de luxe, via des sociétés spécialisées dans l’export et l’agro-alimentaire. Des informations ont été demandées aux services anti-blanchiment de France, Espagne et Belgique et le nom d’un cabinet de conseil français aurait été cité. Ce dernier serait derrière un montage financier qui permettait de blanchir l’argent d’un réseau de drogue via des entreprises marocaines. Les dirigeants de ces dernières profitaient de leur double nationalité pour créer des entreprises de consulting et d’export en Europe comme façade. (Crimorg.com)
Afin d'être plus efficace, les autorités marocaines ont même décidé d’ ajouter une nouvelle corde à leur arc : la saisie des avoirs criminels. La justice marocaine a donc ouvert un dossier de blanchiment concernant des «barons de la drogue», bien connus dans le nord du Maroc et notamment à Tanger. Ces opérations ont permis la saisie de plusieurs biens immobiliers, dont du foncier et des commerces, des voitures entre autres choses.

(newsweed)

(newsweed)

Courant septembre la Guardia Civil espagnole va mener une série d'opérations visant plusieurs organisations de trafiquants de haschisch.
En cinq jours, elle va faire saisir plus de 11,2 tonnes de résine de cannabis, interpellé 14 personnes et saisi 10 bateaux dans les provinces de Huelva, Cadix et Malaga.
La plus grosse opération se déroule près des plages du Coto de Doñana (province de Huelva) où le service maritime de la Guardia Civil a intercepté un bateau semi-rigide équipé de 3 moteurs avec à bord 120 fardeaux, soit 3,8 tonnes de résine de cannabis. 
A Conil (province de Cadix), le SIVE (Sistema integrado de Vigilancia del Estrecho, système de surveillance du détroit de Gibraltar) détecte une embarcation suspecte se dirigeant vers la côte. En plein déchargement de 70 paquets de résine de cannabis, soit 2,3 tonnes. Après avoir tenté de fuir vers la haute-mer, l’équipage a abandonné le bateau sur une plage voisine et a réussi à fuir.
A La Linea (près de Gibraltar), à Tarifa (province de Cadix), à Malaga, à Algésiras et à Estepona, mêmes modus operandi, des centaines de kilos saisis, de même que des bateaux et du matériel.

Quelques jours plus tard c'est le réseau d'un trafiquant dont j'ai déjà parlé ici qui fait la Une, celui du fameux «Messi du haschisch». 

70 hommes et 8 femmes (opération «Cansino-Lanas») interpellés. Le réseau était actif dans la région de Gibraltar et par le fleuve Guadalquivir. Plus de 6 tonnes de résine de cannabis, 5 embarcations semi-rigides, 17 véhicules, 480.000 euros en liquide et 6 armes à feu, dont une arme de guerre.
L’enquête a commencé en février dernier avec le sauvetage en mer de 3 hommes risquant le naufrage. Ramené à Gibraltar, le bateau en question transportait 84 paquets de résine de cannabis (2,5 tonnes), jetés par dessus bord mais récupérés par les autorités.
Abdellah El H., déjà affaibli par des opérations policières, se serait allié avec le «clan des Lanas», actif dans le Guadalquivir. A l’issue de l’enquête, 6.060 kilos de résine de cannabis sont saisis. Un chantier naval d’apparence légal a été confisqué, de même que deux moules pour fabriquer des embarcations destinées au trafic. (Crimorg.com)
A la suite de l'opération la tension couve dans la zone et ce durant plusieurs mois. Le 23 septembre, les corps de 3 hommes de nationalité espagnoles et portant des traces de torture sont jeté sur une autoroute à Sanlucar de Barrameda près de Marbella. Un des hommes, Manuel Jurado Ruiz, 39 ans, était décédé et ses deux compagnons grièvement blessés. Ils semblent avoir été victimes d'un vol d'un stock de haschisch par une autre bande de trafiquants français et marocains. Ce qu'on appelle un «retournement» ou «renversement» dans le jargon. La camionnette dans laquelle les 3 victimes ont été transportés à été retrouvé dans les rues de Séville avec du sang, 8000 euros et un fusil à pompe à l'intérieur. Les auteurs (4 français et un marocain) ont été arrêtés dans une voiture avec immatriculation française sur l'autoroute A-66 près de San José de la Rincona.

(Paris Match)

(Paris Match)

Comme à chaque fois, les actions policières entraînent la réaction criminelle par des règlements de comptes, attaques, coups de pression, afin de solder les comptes ou de régler le problème de fuite d'informations ayant conduit ou aux saisies ou aux arrestations. Parfois ce sont des petits malins qui profitent du chaos pour taper dans ce qui reste à la caisse, pensant que tout le monde oubliera vite le méfait. C'est rarement le cas et la suite va le prouver.

Les coups de Trafalgar n'aboutissent bien souvent qu'à la même issue.

Lundi après-midi du 2 septembre, Gencel «Genna» Feller, un criminel hollandais originaire du Surinam de 23 ans est abattu dans sa voiture sur un parking de Curaçao. 
Dans la nuit du 3 au 4 août dernier à Almere il avait été blessé dans un règlement de comptes lié à un trafic de cocaïne. Cherchant à fuir ses agresseurs il est reparti au pays.
2 semaines plus tard c'est Kelvin Maynard, un joueur de football professionnel qui tombe dans un guet-apens dans le sud-ouest d'Amsterdam, tué par deux tueurs en scooter. 
Fin septembre on signale la disparition de deux néerlandais au Suriname. Hari Bisnoepersad ("Roy Hari") et Romeo Donk se seraient rendus ensemble dans le pays et on a plus entendu parler d'eux depuis le 17 septembre.
Une voiture utilisée par Bisnoepersad, est retrouvée calciné près de Paramaribo et sans plaques d'immatriculation. Dans le milieu on parle du vol d'un lot de 400 kilos de cocaïne à l'origine de ce décharnement de violence qui pourrait être lié à un proche d'un haut dirigeant du Suriname.
Dans la nuit du 2 septembre, une grenade est lancée contre le domicile du trafiquant Mohamed El H., à Anvers, considéré comme le bras-droit d’un autre trafiquant, Abdelkader «le Juif» Bouker porté disparu. Les deux hommes avaient été arrêtés en 2015 avec 320 kilos de cocaïne. 
Les attaques contre El H. et la disparition de Bouker seraient toujours attribuées au trafiquant d’Amsterdam Houssine A., dit «Hoes» qui a utilisé des hommes de mains de la banlieue parisienne dont le jugement est proche. En trois ans à Anvers, il y a eu une soixantaine d’incidents (attaques à la grenade, incendies, fusillades,…) liés au trafic de drogue. 
Le lendemain, la police néerlandaise a procédé à l’arrestation de trois membres du club de motards «Caloh Wagoh». Âgés de 32, 37 et 52 ans, ils sont accusés de meurtre dans le cadre d’un règlement de comptes. On ignore encore qui serait la victime mais on sait que l’enquête porte sur les exécutions de Zeki Yumusak à Rotterdam, de Jair Wessels à Breukelen et de Farid Souhali à La Haye. Dans ces affaires, deux autres suspects, âgés de 34 et 36 ans, ont été arrêtés à Saint-Martin (partie néerlandaise de l’île des Antilles) et en Espagne. «King Kong» a été interpellé fin août dans un bar de San Pedro de Alcántara à Malaga. Le fugitif, aurait commandité 2 meurtres et 6 tentatives depuis 2017.
Courant septembre, Idris M., est blessé par balles dans la soirée à Zwolle. Lui et son frère avaient été condamnés pour trafic de drogue en 2016. Il était le propriétaire du grill Da Vinci détruit par une explosion en 2014.
Il semble qu'un conflit important se déroule dans la ville entre les frères M. et un trafiquant irakien provoquant plusieurs incidents violents. Les deux frangins seront arrêtés.

Arrestation de "King Kong" en Espagne (Biker News)

Arrestation de "King Kong" en Espagne (Biker News)

Mais l'actualité de la Mocro Maffia va connaitre aux Pays-Bas un événement exceptionnellement dramatique, l'assassinat d'un avocat.
Le 18 septembre, Derk Wiersum, 44 ans, qui assistait l'avocat du témoin de la Couronne, Nabil B., Bart Stapert est abattu après avoir quitté son domicile vers 07h30 à Amsterdam. L'assaillant, qui portait une veste à capuche, s'est enfui à pied. La police lance un appel à témoins. L'homme se savait menacé et avait demandé à être protégé et n'aurait commencé à l'être que depuis la semaine dernière et ce alors qu'il avait arrêté de travailler pour Stapert peu de temps avant. Toutefois des proches rapportent qu'il était encore en contact ave Nabil B. la veille de son assassinat.

Assassinat de Derk Wiersum (AT5)

Assassinat de Derk Wiersum (AT5)

C'est la première fois qu'un tel acte survient aux Pays-Bas même si par le passé des promoteurs immobiliers ou des hommes d'affaires avaient déjà connus pareil destin, ils étaient en odeur de mafia. Pour la première fois un avocat était tué en Hollande car il était avocat. Cet assassinat va déclencher une vague d'indignation mais aussi d'articles opportunistes des médias internationaux qui soudain découvraient le problème de la mocro maffia. Non je me dois d'être objectif, les médias français s'étaient aussi découvert une passion pour le sujet après l'affaire de Nabil Amzieb en 2015 dont la tête décapitée avait suscité en France des envies de lier crime organisé et terrorisme. 
Au cours des semaines suivantes les enquêteurs identifient la camionnette et procèdent à 4 interpellations dont celle en novembre d'un cousin de Ridouan T., Anouar. Cette arrestation pourrait bien attester que le caïd d'Utrecht est lié à la mort de l'avocat. Surtout qu'Anouar aurait participé avec les 2 autres suspects dans l'affaire Wiersum d'un passage à tabac d'un habitant d'Utrecht quelques semaines après. Un autre des suspects Giermo B., était déjà bien connu pour des cambriolages violents et avait pris 7 ans de prison pour ces méfaits. Il a été le premier mis en examen début octobre avec une comparution préliminaire attendue pour janvier.
L'équipe de tueurs suivait Wiersum depuis plusieurs semaines, traçant son trajet quotidien utilisant au moins trois véhicules: la camionnette Opel Combo volée à Rotterdam, une Volkswagen Transporter volé à Brunssum et une Renault Mégane volée à Nieuwegein. 
Les véhicules ont été observés à plusieurs reprises grâce aux caméras de surveillance de la zone. 
Dorénavant tous les magistrats travaillant sur les dossiers de la mocro maffia et particulièrement des procès à venir des tueurs seront anonymisés et on somme les journalistes de ne plus les citer dans leurs comptes-rendus de procès.

Dorénavant un air de soufre va planer d'autant plus autour de la mocro maffia et ses réseaux.

 

Sources : Crimesite; Diaro Sur; Bladi.net; Misdaad ; bovennieuws; Panorama ; Crimorg.com

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