Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog à part

Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Une année de guerre et de tension entre clans Yakuza au Japon partie 4

Publié par Desmoulins sur 8 Novembre 2016, 17:16pm

Catégories : #Yakuza

La logique de confrontation entre les deux fédérations ennemies va continuer de plus belle et les attaques vont s'enchaîner dans une mécanique presque bien huilée. Les mois de mars et avril vont être particulièrement chargé en incidents.

Dans le cadre d'une enquête sur une voiture ayant percuté la maison d'un chef de gang, la police d'Hokkaido a arrêté Hidenobu Naruse, 52 ans chef du Naruse-gumi, une bande subordonnée du Yamaguchi-gumi, qui aurait commandité l'attaque contre la maison du président d'un clan affilié du Kobe Yamaguchi-gumi à Asahikawa City.
C'est Akira Matsubara, simple soldat du clan du Kyokudo-kai, qui a mené l'opération vers 04h00 du matin.
Le même jour 1 heure après, un véhicule s'est écrasé contre les bureaux d'un clan de troisième niveau affilié au Yamaguchi-gumi à Utsunomiya City dans la préfecture de Tochigi.
Le dimanche 6 mars, la police a trouvé 3 impacts de balles sur les murs extérieurs d'un QG yakuza dans la zone Yanakawacho à Mito City.

Hidenobu Naruse (copyright Tokyo Reporter)

Hidenobu Naruse (copyright Tokyo Reporter)

A la mi-mars, cette nouvelle technique d'attaque par voitures/camions-béliers devient tellement courante que les journaux japonais la baptise «Kuruma no ramingu» («car ramming»)
Dans la région d’Osaka un camion a été projeté contre le siège du Kodo-kai (affilié au Yamaguchi-gumi), et ce 3 heures après qu’une autre attaque au camion ait ciblé les bureaux du Yamaken-gumi (proche du Kobe Yamaguchi-gumi) à Moriguchi.
A Saitama, c’est le Yamaguchi-gumi qui a été visé via les bureaux et la voiture du boss d’un clan affilié, ciblés par des cocktails Molotovs.
Le 19 mars, la police de Hyogo enquête sur un incident de «car ramming» à Kobe survenue vers 04h30, ce samedi matin. Un camion à benne de deux tonnes a percuté la porte d'entrée d'un bureau d'une bande affiliée au Kobe Yamaguchi-gumi dans la zone Kanocho dans le quartier Chuo. Le camion a été laissé sur place avec son moteur en marche.
Selon les agents du poste de police Ikuto, il y avait deux membres de gangs à l'intérieur du bureau au moment de l'attaque, mais il n'y a pas eu de blessés.
Durant la même période, à Kobe, Shinobu Tsukasa, le kumicho du Yamaguchi-gumi, effectue une sortie publique, et une nouvelle fois il s'est rendu au cimetière Nagamine Reien de Kobe pour se recueillir devant la tombe de son prédécesseur Yoshinori Watanabe. Cette sortie intervient 4 heures après qu’une voiture ait été précipité contre le siège d’une organisation affilié à Sakai. 

différents car ramming (copyright Tokyo Reporter)différents car ramming (copyright Tokyo Reporter)

différents car ramming (copyright Tokyo Reporter)

Le lendemain, la police de Tokyo a mené une arrestation à la suite d'une bagarre impliquant deux groupes de Yakuzas à Adachi Ward.
Vers 03h00, la police reçoit un appel au sujet d'une bagarre qui se déroulait dans la rue à proximité de la gare Takenotsuka.
Arrivant sur les lieux, la police a par la suite arrêté Toshiyuki Abe, un membre de 47 ans du Kobe Yamaguchi-gumi en mode warrior, pour avoir prétendument agressé trois membres du Yamaguchi-gumi, qui ont tous subi des blessures à la tête. 
La police croit qu'environ 20 personnes ont participé à la bagarre.

Le Kobe Yamaguchi-gumi, un groupe violent ou pas ? :p

C'est ce que la Commission de la Sécurité Publique de la Préfecture de Hyogo doit décider en cette fin mars. Pour cela elle a organisé des auditions pour décider s’il faut classer le Kobe Yamaguchi-gumi comme «boryokudan», ou «groupe violent». La Commission avait invité Kunio Inoue, 67 ans, chef du Yamaken-gumi, principal clan du Kobe Yamaguchi-gumi, et d’autres leaders de l’organisation mafieuse mais aucun ne s’est rendu à la réunion. Les gangs bénéficient de la possibilité d'offrir des commentaires sur la question dans le cadre d'une procédure décrite dans la loi anti-criminalité de 1991.
Quelques jours plus tard, la Commission rend son verdict et confirme que ce nouveau clan sera étiqueté comme «violent». 
Le Kobe Yamaguchi-gumi, qui s'est formé dans la préfecture de Hyogo, sera désormais désigné comme «boryokudan». Ce «label» sera effectif plus tard ce mois- ci et se prolongera pour trois ans.
La Commission a indiqué que la désignation boryokudan était nécessaire en raison du fait que de nombreux membres de la Kobe Yamaguchi-gumi ont un casier judiciaire.

You came to the wrong neighborhood motherfucker ! (copyright alluned)

You came to the wrong neighborhood motherfucker ! (copyright alluned)

Face aux attaques qui s'accumulent, les pouvoirs publics s'inquiètent aussi de la sécurité du voisinage des QG Yakuza qui ont pignon sur rue. A Mito (nord de Tokyo), une école de la ville a demandé en justice la fermeture du bureau voisin d’un clan yakuza, affilié au Kobe Yamaguchi-gumi. Le 5 mars dernier, un camion a été projeté contre un véhicule garé sur le parking du siège du clan. Le lendemain, 5 balles sont tirées contre l’immeuble. L’école, située à 50 mètres, a donc décidé de demander à la justice d’interdire aux yakuzas de fréquenter ce lieu, pour éviter des «dégâts collatéraux». 

La rivalité entre les fédérations de clans yakuzas Yamaguchi-gumi et Kobe Yamaguchi-gumi suite à leur rupture fin août dernier se fait également dans une «concurrence» au niveau des cotisations de leurs membres. Ainsi, le Kobe Yamaguchi-gumi demande un versement obligatoire mensuel de 100.000 yens (environ 800 euros) pour les boss des clans affiliés et de 400.000 yens (plus de 3.200 euros) pour les cadres exécutifs de la fédération. Pour le Yamaguchi-gumi, les cotisations sont de 400.000 yens pour les boss de clans associés et de 650.000 yens (plus de 5.200 euros) pour les cadres exécutifs. 
Les méthodes se diversifient quand même un peu et quand on a pas de voiture (où bien qu'on veut juste pas la saloper) il reste les méthodes de prolo yakuza.
Celui du bloc de béton, jeté à travers une fenêtre de verre d'un QG du Kyokudo-kai, lié au Yamaguchi-gumi. Fallait oser surtout que ce même mois, le même bureau avait été endommagé par le lancer d'un extincteur !!!
Dans le genre encore plus saugrenu (surtout qu'on parle quand même de mafieux) un voiture faisant un rodéo dans le jardin d'un responsable affilié du Kobe Yamaguchi-gumi à Asahikawa. 

 

un extincteur

un extincteur

Bon ça c'était pour la gaudriole mais ça sert aussi à illustrer, au delà du fait que les yakuza ont une imagination fertile, que tout est bon pour mettre la pression et instaurer un climat de peur dans le camp adverse.

A la mi-mai, on retombe sur du plus sérieux avec un membre de haut rang du Kobe Yamaguchi-gumi condamné à 12 mois de prison et 4 ans de probation. 
Le tribunal de district de Kobe a rendu son verdict pour Shinichi Kobayashi, 50 ans, qui a été accusé d'agression avec une bombe lacrymogène de membres du Yamaguchi-gumi, le 5 mars dernier.
L'accusation souhaitait une peine d'emprisonnement de 18 mois.
Le juge a fait remarquer que depuis la scission du Yamaguchi-gumi en août dernier, Kobayashi avait essayé de convaincre un gang affilié du Yamaguchi-gumi appelé Kishimoto-gumi à faire défection pour le compte du Kobe Yamaguchi-gumi.
Le tribunal a reconnu que l'attaque résultait d'une poursuite avec des véhicules du Yamaguchi-gumi qui ont été vus sortant du territoire du Kishimoto-gumi, et d'autres actes de provocation.

Yakuza en réunion (copyright alluned)

Yakuza en réunion (copyright alluned)

Le 19 mai, la police de Toyama arrête quatre membres d'une organisation criminelle affiliée au Yamaguchi-gumi pour avoir enlevé un patron rival et lui avoir coupé l'un de ses doigts.
Le 15 mars, Koshin Obake, 69 ans, le boss patron du Haga-gumi, et trois autres gangsters auraient enlevé le boss du Takada-gumi, dont le siège était à l'époque à Toyama City. Au cours de l'incident, les suspects l'auraient battu et coupé un de ses doigts.
Les quatre suspects accusés nient les faits.
Dans le monde de la criminalité organisée, la coutume du doigt coupé est un acte profondément enraciné pour montrer la responsabilité d'une transgression/faute. Dans ce cas, la source du conflit était une décision de la part du Takada-gumi à faire défection du Yamaguchi-gumi pour le rival du Kobe Yamaguchi-gumi.
Avant l'enlèvement, le bureau du Takada-gumi avait été la cible d'une attaque de cocktail Molotov et à une fusillade.
La semaine dernière, la police Toyama a annoncé que les représentants du Takada-gumi avaient présenté les documents confirmant la scission du clan. Le même jour de l'annonce, une équipe de démolition pouvait être vu en train de démanteler le siège social de la bande.
Vers 06h00 le jeudi, environ 50 enquêteurs avec la police de Toyama ont fouillé le siège de la Haga-gumi. La police prévoient également la fouille d'un bureau affilié de la bande à Osaka.

 

Le 31 mai, le conflit compte un mort de plus.


Juste avant 10h00 à Okayama, les services d'urgence ont reçu un appel d'un homme effondré dans un parking d'un immeuble, situé dans le quartier Toyonari de Minami Ward.
La police arrivant sur les lieux a trouvé Tadashi Takagi, un cadre de 55 ans du Ikeda-gumi, une bande affiliée au Kobe Yamaguchi-gumi, inconscient et avec des blessures à la poitrine. Il a été transporté dans un hôpital voisin dans un état critique. Il a été confirmé mort environ une heure plus tard.
Un homme travaillant pour une entreprise dans le domaine a dit à un journaliste de la NHK qu'il a entendu quatre explosions qui ressemblaient à des coups de feu. La police est à la recherche d'une moto qui a filé au loin après que les coups de feu ont été entendus.
Quelques temps plus tard, Hideyuki Yamamoto, 32 ans, membre du Kodo-kai affilié au Yamaguchi-gumi, s’est livré à la police en avouant son crime. 

Assassinat de Tadashi Takagi à Okyama (copyright getty images)

Assassinat de Tadashi Takagi à Okyama (copyright getty images)

C'est aussi une spécificité des Yakuza, du moins ça l'était jusqu'aux dernières lois très répressives. Si vous lisez le très bon livre de Jerôme Pierrat sur les Yakuza. Vous y apprendrez qu'il est de coutume chez eux de se rendre à la police après un meurtre. Cela faisait partie du deal ave la police, on ne partait pas en cavale. On faisait sa «besogne» et on en assumait les conséquences. Alors oui, parfois on désignait de faux coupables pour permettre la paix sociale et empêcher des «éléments de valeur» d'aller en prison. On ne prête pas qu'aux riches dans ce monde.

 

sources: Mainichi, Tokyo Reporter, NHK, Crimorg

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents