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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Vincent Gigante, Le boxeur schyzophrène devenu parrain.

Publié par Desmoulins sur 10 Octobre 2018, 13:40pm

Catégories : #Outsider

La vie de Vincent «The Chin» Gigante est en fait assez banale, un sale gosse qui fait les 400 coups qui se rêve sportif pro mais qui préfère donner des gnons plutôt qu'en prendre. Un gamin qui n'avait pas beaucoup d'atouts en poche mais qui aura finalement réussit à vivre vieux et riche, ce qui n'est pas un mince exploit. Récit.

Vincent Gigante est né dans le Lower East Side de Manhattan le 29 mars 1928, son père Salvatore est un graveur de bijou et sa mère Yolanda est couturière. Ses parents étaient des immigrants de première génération originaire de Naples. Gigante est diplômé de l'école publique n°3 de West Village et poursuit ses études à la Textile High School, mais il arrête les cours pour poursuivre une carrière de boxeur professionnel.

Le jeune Vincent Gigante (NBC News)

Le jeune Vincent Gigante (NBC News)

Dès son enfance, on l'affuble du surnom de, "The Chin" («Le Menton»), notamment à cause de la prononciation de son prénom par sa maman italienne (qui n'apprendra jamais l'anglais), Vincenzo (Vin-CHEN-zo) et non pas parce qu'il a un menton quasi Bogdanovien. Il a quatre frères, Mario, Pasquale et Ralph, qui le suivent tous dans la carrière criminel. Son dernier frère Louis Gigante devient prêtre catholique à l'église Saint-Athanase dans le South Bronx et conseiller municipal, la brebis galeuse de la famille en quelque sorte.

Une carrière sportive avortée

Adolescent, Gigante devient le protégé de deux capi de la Famille Genovese Vito Genovese et Philip Lombardo. Les mafiosi regardent toujours avec attention les jeunes turbulents du quartier et les gangs de rue, le moyen de recrutement le plus efficace. Entre 17 et 25 ans, il est arrêté sept fois sur des accusations allant de recel, possession d'une arme de poing non autorisée et jeux de hasard et paris illégaux. Il fait 60 jours de prison durant cette période, rien d'infamant.

Pendant ce temps, il déclare à papa-maman qu'il est employé comme tailleur mais en fait il a déjà commencé sa carrière de boxeur, son premier combat officiel se déroule dans le New Jersey le 18 juillet 1944, il a 16 ans. Son adversaire est Vic Chambers un combattant extrèmement médiocre qui pourtant le bat (Chambers ne compte que 6 victoires dans sa carrière pour 30 défaites). Il combat chez les mi-lourds, il fait en tout 25 combats (21 victoires – 4 défaites) dont un épique face à Pete Petrello au Madison square Garden le 29 février 1945 qu'il gagne par KO. Son dernier combat le 17 mai 1947, est une défaite face à Jimmy Slade, blessé, il ne finit pas le combat (la seule fois). Gigante a tout d'un grand boxeur mais les affres de la vie criminelle lui sied plus. Et son entourage sportif ne laisse planer aucun doute sur ses accointances. Son manager est Thomas Eboli (futur boss des Genovese dans les 70's) et ses sparring partner d'entrainement sont Rocky Castellani et Dominick Cirillo (lui futur boss des Genovese). Il arrête la boxe pour se consacrer exclusivement au crime, ça paie plus...

(Famous Biographies)

(Famous Biographies)

Il rate Franck Costello, le Boss des Genovese

Il bosse d'abord comme garde du corps dans le Greenwich Village Crew pour la Famille Genovese. Puis en 1957, Vito, de retour de plusieurs années d'exil en Sicile, lui ordonne un meurtre, celui de Franck Costello, alors boss des Genovese. Gigante s'exécute et le 2 mai 1957, Vincent attend Costello qui s'apprête à rentrer dans son appartement. Gigante tire une balle mais Costello bouge la tête et la balle lui effleure le crâne, Costello tombe. Le croyant mort Gigante s'enfuit, sans vérifier (une faute lourde). Le portier qui a tout vu décrit Gigante au policier qui l'arrête. Il est malgré tout acquitté en 1958, son avocat arguant du fait que le portier n'est pas un témoin crédible.

En 1959, il est condamné à 7 ans de prison pour trafic d'héroïne. Ce qui va l'aider à acquérir une certaine crédibilité, durant ses années il devient un caporegime (capitaine) très puissant. Son influence s'étend du Bronx aux Yonkers et Westchester. Avec ses frères et ses fils (Andrew et Vincent Esposito) il contrôle sa propre bande.

Gigante, l'homme au QI de 69, devient Parrain

L'intelligence n'a pas de prise sur la chance de Vincent, et c'est tant mieux parce qu'à ce niveau là, il cumule les tares pire qu'un personnage de roman de Zola. Son frère prêtre a raconté que «The Chin» avait un QI de 69. Durant son enfance il est suivi par un psychiatre pour qui le diagnostic est sévère, le gosse souffre d'hallucinations et de délires de persécution auditives et visuelles sévères. En 1969, pour éviter une condamnation il feint la folie, des éminents spécialistes alloués par le gouvernement pour établir un diagnostic sont tous sans appel, le type est légalement fou.

Quand sa mère apprend que son fils est devenu le boss d'une famille mafieuse, elle déclare «Vincenzo? Il est le patron des toilettes» Ah la reconnaissance maternelle !

(Famous Biographies)

(Famous Biographies)

En 1981, pourtant le boss Lombardo, pour des raisons de santé, va céder sa place, il soutient Vincent pour le remplacer. Ce qui est fait. Dès sa prise de fonction il nomme Anthony «Fat Tony» Salerno comme boss officieux (une pratique très prisée dans la famille Genovese afin de protéger les vrais boss). Sous son contrôle la famille va renforcer ses acquis dans le racket, le contrôle des syndicats, la drogue ec... Le mec est fou, mais il gère...

En 86, son chef officieux est condamné à 100 ans de prison et plus tard, un informateur au sein de la Famille, Vincent Cafaro, va dévoiler la véritable position de Gigante. Pas grave en 1992, il quitte son poste d'Acting Boss et créé deux postes dans l'administratif mafieux, «Messanger» et «Street Boss». La même année il est l'instigateur de la tentative de meutre sur un de ses sbires aux dents longues John Gotti.

Avec sa santé mentale bien vacillante, il ne quitte jamais sa maison de peur que le FBI l'investisse pour y truffer des micros (la grand mode de l'époque) et aucunes conversations de Gigante n'a été enregistré par le FBI. Il ne discute pas de ses affaires au téléphone et il chuchote pour donner ses ordres. Il envoie même des messages à ses hommes, que si jamais l'un d'entre eux mentionne son nom il sera tué sur le champ. Quand on doit parler de lui, ses hommes font le C avec leurs doigts, pratique et même Gareth Bale connait cette histoire !

Vincent pendant ses balades dans NY (Getty Images - Pinterest)Vincent pendant ses balades dans NY (Getty Images - Pinterest)

Vincent pendant ses balades dans NY (Getty Images - Pinterest)

Les accusations s'accumulent aussi comme les repentis qui les uns après les autres dénoncent les crimes de Gigante. En décembre 1997 il est condamné à 12 ans de prison et ce malgré l'argument de la défense stipulant que Gigante était «légalement irresponsable depuis 30 ans».

En prison, il continue ses activités criminels, dirige toujours ses hommes à l'extérieur. En 2002 il est de nouveau accusé de racket et d'obstruction à la Justice. Les procureurs obtiennent des preuves après les témoignages de sa femme, sa maitresse et ses enfants que la folie de Gigante est feinte (notamment ses fameuses sorties dans Greenwich Village en robe de chambre en parlant un charabia pour jouer le vrai fou) et en avril 2003 Vincent plaide coupable. Paradoxalement tout le monde s'accorde à dire qu'il est mentalement dérangé et sujet aux psychoses mais il admet avoir corrompu des psychiatres afin de falsifier des documents sur son état de santé. C'est une première, jamais un boss de Cosa Nostra américaine n'avait plaidé coupable de cette façon. «The Chin» a maintenant 75 ans. Il meurt deux ans plus tard le 23 décembre 2005 dans le centre médical de la prison fédérale de Springfield (Missouri).

Peu de mafiosi peuvent se targuer d'avoir vécu aussi longtemps et encore moins peuvent raconter qu'ils ont combattu au Madison Square Garden. Epique!

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