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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


La Camorra en Espagne partie 4

Publié par Desmoulins sur 20 Février 2019, 18:02pm

Catégories : #Camorra, #Gomorra, #Italie, #Mafia

L'année 2012 va connaître un niveau de violence encore supérieur. 

Ce regain de tension entre clans s'explique d'autant plus par le fait que les clans camorristes subissent de plein fouet la crise économique eux aussi, sans compter la répression policière. Le "supermarché de Scampia" est en crise, la police de plus en plus présente perturbe le deal et toutes ces choses contribuent à la multiplication des scissions à un rythme effrénée au sein des clans camorristes. D'autant plus qu'il s''agit là, de la nature même de la Camorra et son organisation. Pas de direction centrale, pas de haute autorité, des juges de paix peu ou pas existants n'aident pas à retrouver la raison quand les querelels s'enveniment. Et le business en pâtît d'autant plus. Tout cela contribue au fait que les clans ont des difficultés notamment à payer les familles de leurs hommes détenus en prison et forcément les langues se délient et forcément les opérations de police suivent.
le journal napolitain "Il Mattino" évoque dans un article, des pertes de gains jusqu'à 70%. Avant le début de la nouvelle phase de la "querelle à Scampia", on estimait que tous les points de deals  actifs de Scampia rapportait 10 millions d'euros par mois. 
Les années 2012 et 2013 vont connaître un grand nombre d'opération de grande envergure de la police napolitaine. Parfois des clans entiers sont démantelés comme celui des Pianese-D'Alterio, lié au clan Sarno (longtemps clan régent de Ponticelli qui en ces années là commence sa perte de vitesse et qui se verra dépasser par une nouvelle génération camorriste comme les De Micco et les D'Amico), du clan Mallardo où bien encore du clan Gionta de Torre Annunziata (au sud de la ville). 

La Camorra en Espagne partie 4

Le 31 mai 2012, Giuliano D'Alterio, 47 ans, est tué avec huit coups de feu à Giugliano. Il travaillait dans une entreprise engagée dans la collecte des déchets dans la municipalité de Giugliano. 
Le retraitement des déchets, voilà bien une activité auxquels les mafieux camorristes sont passés maîtres. Tout le monde a en tête les images des rues de Naples où des milliers de tonnes d'ordures s'entassaient notamment dans les quartiers les plus pauvres dans la périphérie de la ville (Sanita, Barra...)
La Camorra s'est spécialisée dans le ramassage des ordures et dans le traitement illégal des déchets. Une partie des revenus de cette «Ecomafia» repose sur les millions que lui donne l'administration pour faire enlever les ordures. Or, ces entreprises liées aux camorristes enterrent les déchets en pleine nature dans l'arrière-pays napolitain (ce qui contamine l'herbe et le lait de buffle donc scandale en Europe concernant la vente de Mozzarella venant de Campanie). Après ce scandale la Camorra va délocaliser ses décharges à ciel ouvert pour en ouvrir en Roumanie. Des sociétés italiennes, liées à la Camorra ou à Cosa Nostra, contrôlent plusieurs dizaines de décharges, légales ou illégales, notamment dans le sud de la Roumanie. En 2007, la justice italienne avait déjà bloquée le développement de sociétés gérées par des proches de Vito Ciancimino (ancien maire de Palerme, allié à Cosa Nostra) : Sergio Pileri et ses frères s’occupaient de l’agrandissement de la décharge de Glina (une des plus grandes du pays), de l’incinérateur de Ploiesti (60 km de Bucarest), des décharges à Muses (Transylvanie) et à Baicoi (Valachie). En 5 ans, le nombre des sociétés italiennes répondant aux appels d’offres pour la création de nouvelles décharges a été multiplié par 3.
L'Espagne avait aussi un temps été envisagé mais finalement la Roumanie s'est révélé bien plus intéressante au vu de la gabegie locale.
Cette «écomafia» touche aussi le secteur des fabricants d'éoliennes, certaines entreprises, dans le nord de l'Italie, en "odeur de mafia" ont été dissoutes. 

En mars 2014 après 5 ans d'enquête, les carabiniers interpellent 17 personnes, accusées du trafic de déchets en Campanie. Des proches de la faction Zagaria du clan des Casalesi avaient notamment obtenu 63 contrats de transports de déblais et gérait la décharge de Chiaiano (quartier de Naples). Une affaire révélatrice de la puissance d'infiltration des clans mafieux dans l'économie locale et légale.
On apprend que l'entrepreneur Carendente Tartaglia opérant dans le domaine du cycle de gestion stratégique des déchets légale et illégale, avait  apporté une contribution significative, permettant entre autres à des camorristes de participer aux activités du secteur. Tartaglia serait lié aux clans Mallardo et Marano de Gugliano.
Dans ce contexte, les enquêtes ont montré que la Fibe (un sigle regroupant les principales entreprises de construction italienne) avait signé avec des sociétés liées à la famille Tartaglia. Des contrats pour le transport et la construction de divers ouvrages, dont beaucoup régulièrement en sous-traitance par la «Ibi Idroimpianti».

Travaux faits en violation de la loi 

Les déclarations faites par les collaborateurs de justice ont confirmé une relation significative entre les entreprises entrepreneuriales des frères Carandente et la Fibe. Cet accord est le préalable nécessaire à la Fibe-Fisia pour qu'opère une paix relative dans la région, en l'absence de conflits graves entre les groupes criminels locaux et les entreprises engagées dans le secteur. Assurer la possibilité pour la criminalité organisée, à travers les sociétés de Carandente Tartaglia, d'obtenir une partie des ressources obtenues par Fibe-Fisia pour ses chantiers aurait été le rôle de Tartaglia qui interfaçait avec l'administration publique. Ont également été mises à jour les connexions existantes entre les entreprises Ibi Idroimpianti spa (famille D'Amico) et la Edilcar Srl de la famille de Carandente Tartaglia. Les enquêtes ont prouvés les déclarations des témoins coopérant qui avaient identifié le duo Ibi-Edilcar comme étant depuis des années liées à la famille Zagaria. Les enquêtes montrent aussi, entre autres, que Tartaglia était sûr d'être bénéficiaire des travaux pour la construction de la décharge Chaiano bien avant la conclusion de la procédure d'appel d'offres. Du point de vue de la législation environnementale, il est aussi prouvé que, par rapport à la décharge de la ville, les travaux du réservoir de construction ont été fait en violation des obligations contractuelles et en violation de l'approbation du projet, en utilisant du matériel non adapté à cet effet, comme l'argile provenant d'une carrière non-autorisée ou de l'argile mélangée avec le sol . Il est reconnu, en outre, l'activité de trafic illicite de déchets non dangereux, constitué de terre et de roches des sites et bâtiments de construction de routes, qui ont été utilisé pour les travaux de modélisation de la décharge. Ces comportements ont permis de doubler les profits illicites : ainsi que d'éviter les frais payables par la loi pour le démarrage correct de valorisation ou d'élimination des déchets (Repubblica; crimorg.com).
Une vaste affaire qui n'étonnera personne mais qui ébranle encore un peu la région. 

Le problème des déchets en Campanie (photos copyright Le Monde)Le problème des déchets en Campanie (photos copyright Le Monde)

Le problème des déchets en Campanie (photos copyright Le Monde)

Des querelles de clans touchent aussi les quartiers Pianura, Miano, Barra et Forcella en plus de Scampia et Secondigliano. Les places de deal se disputent chèrement. La situation va aller de mal en pis avec une gentrification des activités de nombreux clans. Délaissant quelque peu le racket, l'extorsion, l'infiltration dans les marchés publics ect... pour ne se concentrer que sur la drogue. Certains clans voulant gagner vite de l'argent vont déployer toutes leurs forces sur cette seule activité, déclenchant des querelles pour des bouts de trottoirs.

Les clans sont tellement en manque que même le stadio San Paolo voit lui aussi un entrisme grandissant de camorristes en son sein, alors qu'il avait plutôt été épargné justement par ce genre d'affaires. Il y a bien eu par le passé plusieurs faits divers prouvant la proximité entre les deux milieux ces dernières années mais pas dans ces proportions.
On sait que Giuseppe Misso, le boss de Sanità est très lié aux groupe ultra des Mastiffs, un des groupes napolitain les plus influents (originaire de Forcella principalement). C'est lui qui aurait fait chassé un groupe «concurrent», les Masseria de la Curva A  sur fonds de conflit mafieux.

Entrisme mafieux au San Paolo

Certains groupes ultras napolitains déjà en 2012 était inféodé à des camorristes, qui possédaient un vrai pouvoir de validation sur certaines actions ou nominations au sein des curve. Qui plus est tout en ayant main mise sur une part substantielle des activités (contrôle des parchagiatorri près du stade, trafics de places et de drogues). 
Encore en 2019, les groupes ultras napolitains doivent composer avec les camorristes et on peut même dire que ces derniers y ont encore plus de pouvoir. Il est nécessaire aujourd'hui pour les groupes d'avoir des référents, des individus mi ultra mi mafieux pour "faire le lien", ou pour juste être autorisé à bâcher au stade et garantir donc sa place au stade. 
Le parcours de Gennaro De Tommaso aka «Genny la Charogne» qui a fait parler de lui un certain soir de finale de Coupe d'Italie en 2014, est un homme de cette trempe. Grâce à sa filiation (papa était un membre du clan Misso) il a gravi très vite les échelons au sien de la tifoseria partenope pour devenir le capo des Mastiffs. Il est depuis tombé pour deux affaires de trafic de drogues en 2015 et 2017. Il a déjà été condamné à 10 ans dans la première affaire de trafic de cannabis via l'Espagne avec ses oncles et son cousin Giuseppe, Gaetano et Rosario De Tommaso. En février 2015 papa Ciro est victime d'une jambisation* (tirs dans les jambes) à Forcella.

Genny La Charogne (Huffington Post ; InterNapoli)Genny La Charogne (Huffington Post ; InterNapoli)

Genny La Charogne (Huffington Post ; InterNapoli)

Paolo Pesce, un autre capo ultra a lui été arrêté lors de la tenue d'un sommet camorriste, qui se tenait dans un appartement le 28 janvier 2012. 
Une réunion où était aussi présent Luciano Mazzarella, régent du clan homonyme de Forcella.
Il y a même eu une autre affaire retentissante au sein de la tifoseria napolitaine. Un des leaders du groupes des Fedayn de la Curva B, le fameux "bandito" Massimiliano Amato (sans lien avec Raffaele) est tombé pour complicité avec les frères Sabatino dans un trafic de cocaïne venant d'Espagne. On devrait dire ex Fedayn car on dit qu'il ne faisait plus partie du groupe depuis quelques temps et traînait même avec les Mastiffs (encore eux).
En janvier 2012, la Guardia di Finanza mène l’opération «Ultras» contre un réseau d’importation de cocaïne depuis l’Espagne. Le réseau, basé à Naples, était dirigé par Fabio et Giuseppe Sabatino. 18 personnes, dont deux espagnols, ont été arrêtées. 51 kg de cocaïne ont été saisis. Au cours de l’enquête, Fabio Sabatino avait été pris en otage par les fournisseurs espagnols suite à un litige sur le paiement d’une cargaison. Une solution a été trouvée alors que l’unité anti-enlèvement de la police espagnole s’apprêtait à intervenir.

Les cani sciolti

On peut voir d'ailleurs que les groupes ultras locaux ne font quasi plus parler d'eux dans les bagarres ou autres incidents parfois inhérents à la vie des ultras. Les clans ont même fait dans la lutte anti violence, en faisant pression sur les «fauteurs de troubles» (les cani sciolti, un avatar du monde ultra fan de bagarres et pour le retour d'un tifo à l'ancienne sans business) avec une efficacité redoutable. L'ironie c'est que ces fauteurs de troubles de stade étaient souvent arrêtés sur le prétexte de liens familiaux avec des camorristes.
Cet entrisme va même être détaillé plus encore en 2010 par Emiliano Zapata Misso, neveu du boss Giuseppe, devenu un collaborateur de justice. «Dans le groupe Masseria Cardone on trouve des membres du clan Licciardi de Secondigliano, y compris Ettore Bosti, fils du boss Patrizio Bosti. Le groupe appelé "Rione Sanità" est contrôlé par Gianluca De Marino, frère de Ciro De Marino. Ciro De Marino est membre du clan Misso. A la tête des Mastiffs en plus de Gennaro, on trouvait Angelo Minichino qui contrôlait une piazza de marijuana à Forcella ou encore Michele Capuano, le fils du boss Tonino, assassiné en 1992 par les Giuliano à Forcella. Du beau linge.
Les autorités locales font aussi état du manque à gagner que représente la contrefaçon pour le SS Napoli, en effet le club doit pâtir d'une concurrence féroce de la Camorra dans la vente de ses produits, gadgets et maillots à sa gloire. Autour du stade on ne compte plus les stands de vente à la sauvette de produits dérivés avec le logo contrefait du club. D'ailleurs en octobre 2014, une nouvelle marque de cigarette est lancée "Blue Napoli" aux couleurs du club chéri sauf que pas un sou n'ira dans les poches d'Aurelio De Larentiis puisqu'il s'agit d'un produit contrefait. La police en a fait une saisie de sept tonnes.

Une preuve de plus du pouvoir des clans ? En 2010 toujours, lors d'un Naples Chievo, plusieurs banderoles sont brandies par les ultras partenope dans les deux curve. «Pocho non si tocca» («Pocho on n'y touche pas»), comme un message adressé au président Aurelio Di Laurentis de ne pas vendre Ezequiel, l'idole du San Paolo. Eh bien ces banderoles auraient été imposé par des camorristes à tous les groupes ultras. Un simple geste d'amitié ?
On le sait Ezequiel a fait partie des joueurs ayant eu des liens amicaux avec Antonio Lo Russo mais on ne va pas trop s'écarter du sujet. 
Plus récemment encore une bagarre va opposer des camorristes en septembre 2015. Il semblerait que la bagarre est opposé des dizaines de membres de deux clans ennemis pour le contrôle du trafic en virage. D'un côté les Sequino-Esposito de Rione Sanita (avec le groupe Rione Sanità) et de l'autre les Sibillo de Forcella avec les Mastiffs.

"Pocho non si tocca" (ItaSPortPress)

"Pocho non si tocca" (ItaSPortPress)

L'Espagne toujours numéro 1.

Si la situation est instable en Campanie, il en va de même en Espagne. La Camorra y compose avec la mafia russe (les gangs Tambovskaya de Saint Saint-Pétersbourg et Ismailovskaya), les irlandais du Cartel Kinahan, les anglais toujours prompts à financer, la Mocro Maffia (les réseaux marocains), les clans galiciens et diverses bandes locales et aussi avec le clan Zemun serbe, très présent à Barcelone. On peut citer aussi les monténégrins de Darko Saric, et certains réseaux français (liste non exhaustive). On retrouve aussi bien sûr les chinois dans les mêmes activités de prédilection qu'ils ont en Espagne (contrefaçon).
La péninsule ibérique reste la principale voie d’entrée de la cocaïne en Europe, même si on constate de nouvelles routes d’accès par la Mer Noire et les Balkans, et les ports de la Mer Baltique. Les organisations criminelles les plus impliquées sont celles des colombiens, des africains de l’ouest et des marocains. On note une implication croissante des organisations criminelles des Balkans et de Bulgarie. Les criminels européens sont de plus en plus en contact direct avec les cartels mexicains.

Pour l'année 2012, voici le bilan de la répression contre le trafic de drogue en Espagne où il y a eu 21.440 arrestations pour des affaires de stupéfiants. En matière de saisies :
– Résine de cannabis: 325.562,225 kg (-8,5% par rapport à 2011)
– Herbe de cannabis : 10.457,422 kg (-40,6%)
– Cocaïne : 20.753,682 kg (+25%)
– Amphétamine : 181.696 doses
– MDMA : 175.381 doses
Selon le Ministère de l’Intérieur espagnol, 482 groupes de crime organisé ont été détectés en Espagne en 2012. 277 groupes ont été totalement démantelés et 172 partiellement, pour un total de 6.460 arrestations.
27% des groupes de crime organisé sont impliqués dans le trafic de cocaïne, 18% dans le trafic de résine de cannabis, 16% dans les vols à main armée et 10% dans les escroqueries. 20% des groupes sont composés entièrement d’espagnols, 69% comptent plus d’une nationalité, 67% ont une activité internationale, 79% sont actifs depuis moins de 3 ans.
En matière de saisies : 1.670 véhicules, 118 bateaux, 2 avions, 459 armes à feu, 201 armes blanches, 615 ordinateurs, 6.455 téléphones portables, 427 immeubles, 44 millions d’euros, 408.891 faux euros, 14.509 kg de cocaïne, 119.187 kg de résine de cannabis, 224 kg d’héroïne, 7.912 doses d’ecstasy. (Crimorg.com)

Les routes de la drogue (InLiberaUscita)

Les routes de la drogue (InLiberaUscita)

Les clans camorristes s'organisent

En février 2012, à la suite de l'opération «Pozzaro» (voir épisodes précédents), les carabiniers démantèlent un réseau d’importation de résine de cannabis entre l’Espagne et l’Italie à raison de 400 à 500 kg par mois (opération «Ferry Boat»). De la cocaïne était également importée, mais dans une quantité moindre. Les acheteurs italiens étaient liés aux clans Polverino et Nuvoletta. Parmi les mafieux interpellés figure Vincenzo Baccarte, frère de Luigi Baccarte, du clan Nuvoletta, condamné à la prison à vie en 1997 pour le meurtre du journaliste d'Il Mattino, Giancarlo Siani en 1985.
Les fournisseurs étaient des marocains installés en Espagne qui faisaient venir la drogue par bateau depuis le nord du Maroc. La drogue était acheminée près des côtes espagnoles puis récupérée par des plongeurs. Le responsable du réseau marocain a été arrêté près de Malaga. Il s’agit de Rachid Echamlali Rahmadi, 34 ans, surnommé «Armando», connu pour ses liens avec un homme impliqué dans les attentats islamistes du 11 mars 2004 à Madrid.
Les passeurs entre l’Espagne et l’Italie étaient des polonais, grâce à des véhicules spécialement aménagés. Les convois étaient composés d’une voiture ouvreuse et d’une voiture porteuse, généralement avec une passagère pour moins attirer les soupçons.

Le mois suivant c'est l'interpellation à Jerez de la Frontera (Andalousie) de Giuseppe Polverino et de Raffaelle Vallefuoco, un de ses lieutenants.
Présentons un peu Polverino. Il est considéré comme le principal broker de cannabis marocain en Italie, non seulement pour la Camorra mais aussi pour Cosa Nostra, la ‘Ndrangheta et la Sacra Corona Unita (la mafia des Pouilles). Jugé intelligent et doué en affaires, Polverino a deux passions : le poker et les femmes (il a deux familles, une en Italie et l’autre en Espagne). Accusé d’association mafieuse, extorsion, usure, trafic de stupéfiants et blanchiment, il était recherché depuis 2006 pour trafic de drogue et association mafieuse quand il a échappé à l'arrestation dans une précédente opération. L'empire économique des Polverino est estimé à 1 milliard d'euros.
Le 22 mai, la police italienne, en liaison avec la DEA américaine, mène l’opération «Monterrey» contre un réseau de cocaïne entre le Mexique et l’Italie. 34 personnes arrêtées et 500 kg de cocaïne (pure à 84%) saisis. Des italiens installés au Mexique, en liaison directe avec les «narcos» locaux, fournissaient en cocaïne la Camorra et Cosa Nostra (clan de Brancaccio). Il existait également un autre canal d’approvisionnement, via des passeurs d’Europe de l’Est.
 

Le 26 mai Luigi De Cristofaro est interpellé à Marano.

Être narco-broker pour plusieurs organisations mafieuses à la fois n'a rien de détonnant. Nombreux même sont les réseaux où collaborent des organisations criminelles italiennes et internationales. Toutefois courir après plusieurs lièvres à la fois s'avère être un exercice compliqué et vecteur de conflits.
Ainsi le 3 septembre 2012, à LLoret del Mar (au nord de Barcelone), deux hommes à moto font feu sur une famille italienne. Gabriele Biondo, le père, est touché par 3 balles dans le thorax, son fils de 3 ans est touché à la tête, sa femme enceinte de 8 mois n’a pas été blessée. 
Biondo est bien connu des services. Il avait été interpellé en 2000 à Malaga lors du démantèlement d’un réseau de trafic de haschich entre le Maroc et l’Italie. Le réseau, lié à Cosa Nostra à l'époque, alimentait la région de Turin. Extradé, Biondo a purgé sa peine en Italie puis est revenu s’installer près de Barcelone. Un de ses complices dans cette affaire de stupéfiants, Vincenzo «Enzo il Vecchio» Mussurici, a également purgé sa peine avant de revenir s’installer près de Marbella où il a été abattu en janvier 2005 d’une balle dans la nuque par un homme à moto. Giuseppe «Er Tortello» Valentini, un ami de Mussureci est abattu 3 plus tard, Porta Metronia à Rome. Le tueur présumé de Mussureci, le trafiquant romain Antonello Fa est tué à son tour le 28 février 2005. Bisbilles entre siciliens de Rome après la perte d'une cargaison de 600 000 euros de drogues.

(El Pais)

(El Pais)

Biondo lui aurait été visé par le chef d'une bande locale, mené par Xavier Jaume «el Gordo» Pena. Cette bande s'est spécialisé dans le trafic de drogue, les contrats de meurtres mais aussi le racket et le vol contre les autres trafiquants. Une activité hautement lucrative vu toute la drogue qui traîne dans la zone mais d'autant plus risqué car provoquant le courroux de nombreuses gâchettes faciles. La preuve, le 30 novembre 2017, Pena est tué dans l’explosion de sa voiture dans le parking souterrain de sa résidence à Viladecans  dans l'ouest de Barcelone.
Il avait été arrêté en novembre 2013 dans le cadre de l’enquête sur des attaques contre le «plus grand bordel d’Europe», le club «Paradise» à La Jonquera (près de la frontière française) les 12 et 23 décembre 2012. 7 personnes dont un français qui a servi d'artificier sont arrêtés en novembre 2013.

En mars 2013, c'est un autre réseau hors norme contre qui la Guardia di Finanza a mené une vaste opération. Celui des clans Morabito et Aquino de la ‘Ndrangheta (opération «Metropolis»). 20 personnes ont été arrêtées dont les boss Rocco Morabito (fils de Giuseppe «U Tiradrittu» Morabito) et Rocco Aquino. Figure également dans les personnes interpellées : Francesco Sculli (père de Giuseppe Sculli, attaquant à la Lazio de Rome et petit-fils de Giuseppe Morabito). 
Un autre nom ressort de cette enquête et qui nous intéresse le plus, celui d'Henry James Fitzsimons, 63 ans, originaire de Belfast et identifié comme lié à l’IRA-Provisoire. Ce dernier est toujours recherché et serait en fuite en Afrique. Il est soupçonné d’avoir blanchi les fonds des activités illégales de l’IRA. Dans le passé, Fitzsimons était un proche de Michael McKevitt, qui a ensuite fait scission pour créer l’IRA-Véritable (il est actuellement incarcéré pour 20 ans). Deux hommes d’affaires espagnols ont également été interpellés.
En fait, les enquêteurs ont mis à jour une sorte de «holding», associant depuis 2005 des entrepreneurs espagnols, de Campanie et des mafieux calabrais. Cette holding avait investi dans des complexes touristico-immobiliers, notamment des villages de vacances (17 ont été saisis), en Calabre. C’est par le biais d’un entrepreneur napolitain que Fitzsimons aurait injecté de l’argent dans ces projets. 60 perquisitions ont été menées en Calabre, en Sicile, en Campanie, dans le Lazio, au Royaume-Uni et en Espagne. Des biens (immeubles, sociétés, comptes bancaires,…) estimés à 450 millions d’euros ont été saisis. 

Connexion Naples - Catane

Fin mai, c'est encore la police italienne qui démantèle un réseau de cocaïne alimentant Catane (opération «Bisonte II»). La drogue, en provenance d’Espagne, transitait par Naples via des narcos de Scampia mené par Antonio Carbone. 15 personnes ont été interpellées et 2 autres sont actuellement recherchées. Les trafiquants sont liés au clan Cappello-Bonaccorsi de Catane. L’enquête avait commencé le 19 juin 2009 quand 30 kg de cocaïne et 4 armes avaient été saisis. Les armes étaient un «cadeau» du clan Marano à leurs clients du clan Cappello-Bonaccorsi. Les chefs de ce réseau étaient Antonio Aurichella et Gaetano D’Aquino qui avaient remplacé Sebastiano Fichera, abattu dans un règlement de comptes. Le financier de la filière a été identifié comme Giuseppe Bosco, 32 ans, fils d’un entrepreneur de Catane spécialisé dans le catering et les supermarchés. Bosco avait déjà été arrêté en avril dernier lors d’une autre opération anti-mafia («Fiori Bianchi»). Il avait été remis en liberté après 2 semaines de prison.

Xavier "el Gordo" Pena (La Vanguardia)

Xavier "el Gordo" Pena (La Vanguardia)

En avril 2013, Santo Giuseppe Scipione, 80 ans, est interpellé à Medellin. Surnommé «Papi», Scipione, né à San Luca («berceau» de la ‘Ndrangheta), il était recherché depuis 2006. Il est considéré comme un important «broker» de cocaïne en lien avec Domenico Trimboli, faisant le lien entre les fournisseurs colombiens et les acheteurs de la ‘Ndrangheta. En mai 2012, le mafieux avait été condamné, par défaut, à 15 ans de prison pour son rôle dans un important trafic dévoilé par l’opération «Decollo».
Santo Scipione, originaire de Calabre, a longtemps vécu en Colombie, à Monteria (280.000 habitants et capitale de l’État de Cordoba), qui accueille une forte minorité d’italiens. Salvatore Mancuso, ancien leader des Autodéfenses Unies de Colombie (actuellement en prison aux États-Unis) et lui même d’origine italienne, est également originaire de Monteria. 
NDLM : L’opération «Decollo» a été menée en 2004. Cette enquête qui a mené les enquêteurs dans plusieurs régions italiennes (Lombardie, Calabre, Emilie-Romagne, Campanie, Latium, Ligurie, Piémont, Toscane), dans plusieurs pays (Colombie, Australie, Pays-Bas, Espagne, France) a permis d’identifier le port de containers de Gioia Tauro comme point d’arrivée des chargements de cocaïne : ainsi, en mars 2000, 434 kg et en janvier 2004, 250 kg. L’enquête «Decollo» a également permis de mettre à jour des connections entre trafiquants colombiens et militants de l’ETA basque. Un acheteur calabrais, résidant en Espagne, a subi un «coup de pression» de la part de militants de l’ETA, «mandatés» par le Cartel de Cali parce qu’il tardait à payer. Les menaces de destruction de son commerce n’ont pas été mises à exécution grâce à l’intervention d’un membre de la ‘Ndrangheta qui a garanti le paiement de la cargaison. La méthode utilisée pour cacher les parties de cocaïne était ingénieuse : la drogue était confectionnée en pains circulaires d’un kilo, comme du fromage, puis insérée dans des tubes de plastique, cachés dans des trous dans des blocs de marbre de 20 tonnes. La couverture était assurée par deux sociétés de Vibo Valentia et une de Colombie. L’extraction des pains se faisait en fracturant les blocs avec des marteaux pneumatiques. Une fois la drogue récupérée, 70% du prix devait être payé aux fournisseurs que ce soient les cartels, les AUC ou les FARC. A titre de garantie sur le paiement de la marchandise, les colombiens tenaient en otage un membre de la ndrina importatrice. En cas de saisie par les forces de l’ordre, le paiement n’était pas obligatoire mais les calabrais devaient prouver cette saisie par des articles de presse.

On peut aussi parler de Roberto "Bebè" Pannunzi, le narco-broker pour le compte de la ‘Ndrangheta (clan Morabito), mais aussi de la Cosa Nostra.

Dans les années 70, Pannunzi est associé au puissant parrain sicilien Gaetano Badalamenti, pionnier dans le trafic d’héroïne. Il négocie directement avec la maffya turque tout en créant à Rome une boutique de vêtement appelée «Papavero» (Pavot). Selon les autorités antimafia, c’est Pannunzi qui aurait été à l’origine d’une alliance entre le Milieu marseillais et Gerlando Alberti dans le domaine de la production d’héroïne. Alberti a été arrêté avec le chimiste français André Bousquet dans un laboratoire clandestin en 1980. Dans les années 80, Pannunzi se charge des contacts avec le Cartel de Medellin. Son fils Alessandro se marie d’ailleurs avec une colombienne ayant des liens familiaux avec les narcotrafiquants. Roberto Pannunzi est arrêté en 1994 à Medellin. Il propose un million de dollars aux policiers venus l’arrêter. Extradé vers l’Italie, il s’évade de l’hôpital où il était placé en 1999. Un nouveau mandat d’arrêt est délivré contre lui en 2004, ce qui entraîne son interpellation à Madrid en avril 2004. Extradé vers l’Italie, il est condamné en Italie à des peines de 20 et 16 ans de prison pour trafic de drogue et association mafieuse. Placé sous le régime de l’article 41 bis (régime carcéral dur), Pannunzi obtient début juillet 2009 son placement aux arrêts domiciliaires dans un hôpital de Rome. C’est de là qu’il s’est volatilisé courant mars 2010. Il aurait gagné la Colombie via le Brésil et le Venezuela.

Le circuit Espagne-Naples-Sicile de plus en plus utilisé

En février 2012 c'est un de ses proches Giorgio Sale qui est arrêté pour blanchiment, et corruption de hauts magistrats, notamment au sein de la Cour Suprême. Il était aussi en lien avec Salvatore Mancuso, le leader des AUC ((Autodéfenses Unies de Colombie). Roberto est arrêté en juillet 2013 dans un centre commercial de Bogota. Il est condamné à 30 ans de prison en Italie en décembre 2015. Ce circuit Espagne-Naples-Sicile est de plus en plus utilisé tout comme les go fast depuis la Calabre et le port de Gioia Tauro qui remontent vers Naples et ensuite la Sicile.

Le clan Polverino-Nuvoletta, lui, n'a pas eu besoin de ce circuit pour bâtir sa fortune mais petit à petit son empire s'effondre.
En février 2013, lors d’un contrôle routier à Alhaurin el Grande, près de Malaga, la Guardia Civil interpelle le marocain Karim Ikdouren, 43 ans. Recherché depuis février 2012, il est soupçonné d’être un des fournisseurs en résine de cannabis des clans Polverino et Nuvoletta.

En juin 2013, la Guardia Civil et les carabiniers mène une autre opération contre le clan Polverino, (Opération «Laurel VIII»), suite à l’arrestation de Giuseppe Polverino. 69 personnes ont été interpellées en Italie et 30 en Espagne (16 espagnols, 4 brésiliens, 3 italiens, 3 marocains, 1 slovène, 1 hongrois, 1 équatorien et 1 argentin). En Espagne, le clan disposait de 3 cellules (à Malaga, Cadix et Tarragone), chargées de faire transiter le cannabis marocain vers l’Italie (environ 60 tonnes par an). Les deux chefs du réseau en Espagne, Domenico Panella et Massimiliano D’Aria, ont été interpellés, de même qu’un avocat de Malaga et le directeur d’une succursale bancaire de Marbella. En Italie, 2 policiers ont été mis en cause, de même que Gennaro Prencipe, ancien Conseiller Municipal de Quarto.
L’argent du trafic de cannabis, mais aussi de cocaïne, du racket et des jeux illicites, était recyclé dans l’immobilier et des restaurants à Malaga, Alicante, Tarragone, Ceuta, Cadix et Castellon. En Espagne, les autorités ont ainsi saisi lors de 26 perquisitions : 27 véhicules haut de gamme, 136 immeubles et 243 comptes bancaires. Le clan Polverino reversait mensuellement une «quote-part de respect» au clan Nuvoletta, qui contrôlait précédemment le trafic de haschisch via l’Espagne. Le clan imposait aussi à des restaurateurs la vente de bouteilles de vin produit dans leurs propriétés et «habillées» d’étiquettes de vins connus. 

Les frères Nuvoletta

Le 20 octobre 2013, Angelo Nuvoletta le parrain de Marano et dernier des frères Nuvoletta décède des suites d'une maladie à l'hôpital de Parme. Il avait été arrêté le 17 mai 2001, après 17 ans de cavale, et condamné à la prison à vie pour plusieurs meurtres, dont celui du journaliste Giancarlo Siani. Il avait été détenu dans la prison Spoleto jusqu'à son transfert à l'hôpital de Parme. Il était âgé de 71 ans.
Le clan Nuvoletta était dirigé par Lorenzo (mort de maladie en prison, le chef du clan), Ciro (abattu lors de la guerre entre les Nuvoletta-Gionta et les Bardellino-Alfieri-Galasso-Verde) et donc Angelo, considéré comme le «cerveau» du clan, en charge des activités économiques et des relations avec Cosa Nostra. S'il n'était plus vraiment à la tête du clan, le décès d'Angelo sonne comme un symbole de la fin d'une ère pour les Nuvoletta.

Angelo Nuvoletta (Il Messagero)

Angelo Nuvoletta (Il Messagero)

L'effondrement des Polverino-Nuvoletta, même s'ils resteront actifs en Espagne, va laisser un peu la main à d'autres clans de l'arrière pays napolitain. 
Le 21 janvier 2013, Vittorio Maglione est arrêté dans un restaurant de Mijas, près de Malaga. L’italien, âgé de 46 ans et surnommé «Naso Stuort», est un des responsables du clan Ferrara-Cacciapuoti. Au sein du clan, il était notamment en charge des trafics de cannabis et de cocaïne. Maglione était recherché depuis juin 2012 suite à sa condamnation à 15 ans de prison pour trafic de stupéfiants.
En avril 2013, c'est le réseau de Raffaele Piscitelli du clan Carfora qui est mis hors d'état de nuire. Ce dernier importait d’Espagne tous les 15 jours 4 kg de cocaïne et 150 kg de résine de cannabis, pour alimenter les régions de Naples et de Caserte.
Dans le même mois, c'est un réseau mené par les clans Gallo-Cavaliere et Gionta qui tombe. 79 personnes arrêtées et accusées d’association mafieuse, trafic de stupéfiants, extorsion, blanchiment et détention d’armes. L’enquête a permis de mettre à jour un trafic de drogue en provenance d’Espagne et des Pays-Bas. Le clan Gallo importait cocaïne, héroïne, résine de cannabis et marijuana pour les revendre à d’autres clans ou les distribuer via des places de deal directement géré par les Gallo. 1 an plus tôt les carabiniers avaient exécuté 50 mandats d’arrêts visent les clans  Aquino-Annunziata et Gionta de Torre Annunziata pour trafic de drogue via l'Espagne et les Pays-Bas. Le boss présumé du réseau, Carlo Padovani, en prison depuis juillet 2011 dirigeait le trafic depuis sa cellule. 
Le 9 septembre rebelote, la Guardia di Finanza conduit une opération contre un réseau de cocaïne  de Torre Annunziata: 34 personnes ont été arrêtées. 110 kg de cocaïne saisis. Le chef du réseau, Vincenzo «O Dottore» Scarpa, a été arrêté à l’aéroport de Rome-Fiumicino, porteur de 12 500 euros en liquide.
A la mi-juillet, 46 personnes liées aux clans Lo Russo, Castaldo, Gallo-Cavalieri et Annunziata (basés à Naples), et Pecorano (basé à Salerne et Battipaglia) sont interpellées. 44 kg de cocaïne, en provenance d’Espagne et de Saint-Domingue, ont été saisis, de même qu’1 million d’euros en liquide et en comptes bancaires.

On produit et on saisit toujours plus. 

En mars 2012, le colombien Rafael Ivan «Rasgao» Zapata Cuadros, 57 ans est interpellé. Il est considéré comme la courroie de transmission entre la bande colombienne «Los Rastrojos» et les trafiquants européens, notamment les mafias italiennes. Il était recherché aux Pays-Bas pour son rôle dans un vaste trafic de cocaïne entre la Colombie et l’Europe, via l’Afrique. «Rasgao» est également recherché en Italie suite à sa condamnation à 20 ans de prison pour trafic de drogue. Il était notamment en liaison avec Vincenzo Barbieri, trafiquant calabrais assassiné en Italie en mars 2011. L’Espagne le réclamait également pour son rôle dans un trafic de 2.750 kg de cocaïne en 2006.
Vient ensuite l'opération "Gallego" contre un réseau d’importation de cocaïne en Espagne, faisant suite à une autre opération menée début juin au Brésil. 70 hommes et 4 femmes, âgés de 26 à 59 ans, ont été interpellés en Espagne, au Brésil et en Colombie. Les trafiquants sont de nationalités espagnole, colombienne, portugaise, iranienne et bolivienne, la plupart sont déjà connus dans des affaires de stupéfiants. Le chef du réseau est Alexander Pareja, un narcotrafiquant colombien installé au Brésil. Il s’appuyait sur son beau-frère, Henry Alejandro «el Negro» Rodriguez Gallego (abattu au Panama à la mi-mai 2013) pour recevoir la drogue, la couper et la distribuer en Espagne et en Italie, un marché dont s’occupait Sonia R.M., une espagnole basée à Madrid et compagne d’un camorriste.

La drogue était cachée dans des véhicules équipés de caches. Deux voitures ont ainsi été interceptées à Marseille avec 30 kg de cocaïne à bord. L’argent retournait au Brésil grâce à des passeurs qui portaient l’argent sur eux. Les trafiquants étaient extrêmement prudents, multipliant les contre-mesures de filature, utilisant des taxis et changeant très régulièrement de domicile. Deux hommes impliqués dans l’affaire sont mort au cours de l’enquête : l’un a été tué devant son domicile du Panama, un autre a été trouvé brûlé dans le coffre de sa voiture en Colombie.
Au total, 575 kg de cocaïne, 30 kg de produits de coupe, 11 armes à feu (dont 1 kalachnikov), 588.000 euros en liquide, 7 millions de dollars en liquide, 7 véhicules et des biens immobiliers estimés à 15 millions de dollars ont été saisis. 5 laboratoires de coupage ont aussi été découverts en Espagne. 

Rafael Ivan «Rasgao» Zapata Cuadros (El Pais.co)

Rafael Ivan «Rasgao» Zapata Cuadros (El Pais.co)

Dans le même temps, l'empire du trafiquant anglais Brian Charrington s'écroule à son tour avec son arrestation en juillet 2013. Les autorités vénézuéliennes estiment que le réseau aurait acheminé 25 tonnes de cocaïne en Europe ces 10 dernières années. L'ancien associé du trafiquant nantais Alain Coelier (abattu avec son lieutenant en juillet 2010 près d'Alicante), était un des plus gros fournisseurs de cocaïne du continent et grossiste de tous les laissés pour compte de Campanie du réseau Imperiale-Cerrone. L'anglais avait un des premiers en association avec le caïd de Liverpool  Curtis «Cocky» Warren a faire acheminer d'énormes quantités de drogue colombienne. En octobre 1991 une première importation de 500 kg de cocaïne. En 1992, d’autres importations sont organisées au Royaume-Uni (905 kg) et aux Pays-Bas (845 kg). L'organisation est démantelé en mars 92.
En février 2012, une perquisition menée dans une société de fret international, gérée par 2 fils de Charrington, permet de saisir 187.000 livres sterling et 140.000 euros en liquide. A la Gare du Nord, à Paris, les douanes interceptent un autre fils Charrington avec 10 lingots d’or. 
Les gros réseaux tombent donc, Dawes, Charrington, Scharrenberg le bagman de Mink Kok abattu en août 2013, (Mink Kok lui est arrêté au Liban en août 2011) les luttes entre les réseaux de trafiquants de la Mocro Maffia, celui de «Rico Le Chilien», des irlandais et des russes, brouillent des cartes déjà bien assez en foutoir.

Les spécialistes auront remarqué l'absence de mention du clan des Casalesi. Une fédération de clans de l'arrière pays. Pourtant organisation la plus puissante de la Camorra et ce malgré l'arrestation de quasi tous ces chefs (et de leurs progénitures/neveux). Le clan brille par sa quasi absence en Espagne. A peine quelques affaires immobilières sur la Costa del Sol, servant plus de planque pour les cavales qu'en véritable lessiveuse à argent sale. Il semble que les Casalesi aient mis leurs billes dans d'autres pays (Allemagne et Angleterre principalement) tout en tissant un immense réseau dans le nord de l'Italie, jusqu'en Curva Sud milanaise.

Du côté de Scampia, la guerre fait rage.

Le 9 janvier, Raffaele Stanchi et de son garde du corps, Luigi Mondo sont retrouvés abattus dans une voiture en flamme. Stanchi surnommé "Lello Bastone" était considéré comme le responsable de la piazze via Ghisleri à Scampia. La police soupçonne un conflit interne au sein des Amato-Pagano auquel Stanchi a appartenu et que le commanditaire soit Mariano Riccio. Il s'avérera en fait qu'il s'agissait d'un coup des Vanella Grassi, Fabio Magnetti et Antonio Menneta. Stanchi donnait une partie de l'argent des piazze à Arcangelo Abete, le boss du clan homonyme. Lello Bastone aurait eu en sa possession 2 millions d'euros appartenant aux Abete et les Vanella Grassi ont enlevé et torturé Stanchi pour tenter de lui soustraire l'argent. Symbole fort de l'hypothèse du dit vol, Stanchi est retrouvé la main coupée, signe qu'il a été puni pour avoir volé. 1 semaine plus tard c'est Fortunato Scognamiglio qui est abattu à Melito. 3 jours plus tôt les les Abete-Abbinante-Notturno exécutent Rosario Tripicchio des Vanella Grassi.

Le 21 juin 2012, Francesco «Le Fakir» Gaiola, "Le Fakir», 58 ans et Ciro «Le Chinois» Abrunzo, 29 ans sont abattus à Naples, dans le quartier Barra.
Il Mattino écrit dans son édition du lendemain que Ciro était le neveu d'Arcangelo Abete, et que Franco Gaiola était un membre important du clan Aprea (un des clans de Barra), qui est maintenant durement touché par les arrestations. Qui plus est il semble que le clan Aprea est proche des Abete-Abbinante-Notturno. Ces meurtres sonnent le glas définitif de l'alliance entre les ex sécessionnistes de 2005, l'embuscade ayant été mené conjointement par les Amato-Pagano (la faction de Marano de Mariano Riccio) et les Vanella Grassi. Comme le racontera le pentito (repenti)
Gennaro Notturno.
Dans la nuit du 25 juin, le corps de Marco Riccio, 18 ans, est retrouvé dans une rue de Miano (périphérie nord de Naples), avec plusieurs balles à la tête. Riccio, déjà connu pour vol et trafic de drogue, était proche du clan Amato-Pagano. Mais il aurait en fait rejoint récemment les rangs du clan Magnetti des Vanella Grassi. C’est cette «trahison» qui aurait entraîné son assassinat. 

Assassinats de Gaiola et Abrunzo (InterNapoli)

Assassinats de Gaiola et Abrunzo (InterNapoli)

Le 23 août, Gaetano Marino, 48 ans, se trouvait avec sa femme et ses enfants sur une plage de Terracina (dans le Latium) quand il a reçu un coup de téléphone qui lui a fait quitter cette plage. C’est là que 2 hommes lui ont tiré dessus à 5 ou 6 reprises, le touchant mortellement. Gaetano était un membre important du clan des sécessionnistes de Scampia (ceux de 2005). Il était le frère de Gennaro Marino, actuellement incarcéré, considéré comme le chef de guerre des sécessionnistes contre le clan Di Lauro. Leur père, Crescenzo, avait déjà été assassiné, par les Di Lauro.
Marino, surnommé «o'moncherino» («Le Moignon») parce qu'il avait perdu une main à cause de l'explosion d'une bombe, gérait la piazza la plus florissante de Naples (considéré longtemps comme le joyau de la couronne des Di Lauro) les "Case Celeste" (Maisons célestes) à Secondigliano. Il assurait en fait une régence au nom de son frère Gennaro «Mc Kay», actuellement détenu, et ex boss de premier plan des sécessionnistes. Ces 2 tueurs sont Arcangelo Abbinante et Giuseppe Montanera, deux lieutenants de Raffaele Abete, boss des  Abete-Abbinante-Notturno pour punir les Marino de leur alliance avec les Vanella Grassi.

C'est difficile à suivre je sais mais accrochez vous. Dorénavant il existerait cinq factions en guerre les unes avec les autres: la frange Abete-Abbinante-Notturno ; les Marino (maintenant décapité avec la mort de Gaetano) mais proche des Vanella Grassi ; le groupe d'Antonio Leonardi, trafiquant de drogue de la vieille école ; les Vanella Grassi, avec les frères Magnetti et la branche armée d'Antonio Mennetta ; les Amato-Pagano et tout ça avec en arrière-plan l'ombre du fugitif Marco Di Lauro. Divisé sur tout, unis seulement par l'argent et la drogue (et encore). Ce qu'on appellera les "5 Familles". 

C'est Raffaele Aprea (cousin du boss Arcangelo Abete) qui se chargeait de l'approvisionnement en drogue de ce "Cartel". C'est lui qui en 2011 se déplace exprès à Milan pour négocier avec Carmine Amato l'envoi de 2 cargaisons de cocaïne de 100 kilos (à 1 mois d'intervalle). C'est Raffaele Stanchi aka "Lello Bastone" gérant la piazza de la Case dei Puffi qui se chargera de la distribution à Secondigliano. La drogue avait été achetée 40 000 euros le kilo. Ce seront les dernières livraisons car après l'arrestation de Carmine, Mariano Riccio (qui prend la suite malgré les réserves d'Imperiale et Cerrone) ne les livrera plus. 

Assassinat de Gaetano Marino (Teleclubitalia)

Assassinat de Gaetano Marino (Teleclubitalia)

Le 9 septembre, le quartier de Scampia a connu un nouveau règlement de comptes. Raffaele Abete, 41 ans, est abattu devant le café Zeus. Connu depuis 1986 pour vol, violences et association de malfaiteurs, il était surtout le frère d’Arcangelo Abete. Les enquêteurs pensent que sa mort est une réponse à celle de Gaetano Marino, tué le 23 août.
Quelques jours plus tard, Gennaro aurait depuis sa cellule écrit une lettre à Arcangelo Abete où il demande une trêve avec des mots bien choisis «il n'y a que moi qui puisse te comprendre, je connais le chagrin que tu éprouves» (giustizianews24.it)

Le 17 septembre, nouvel assassinat dans la querelle entre Vanella Grassi et clan "AAN" (Abate-Abbinante-Notturno) dans le quartier de Chiaiano, non loin de Scampia. L’homme s’appelait Roberto Ursillo, il n’avait pas de casier judiciaire mais les enquêteurs disent que c’était un proche du clan Abete-Abbinante. En fait il s'agissait même du beau-frère d'Antonio Bastone (des Amato-Pagano) et un proche du clan "AAN".  Il a été tué par un commando des Vanella Grassi mené par Ciro Barretta. En représailles le 22 septembre 2012, les "AAN" ont prévu d'assassiner Ciro qui avait fait virer Antonio Bastone du Lot G (une piazza de Scampia) alors que les "AAN" contrôle toujours le "Chalet Baku". Le commando consistait  en Arcangelo Abbinante, Giuseppe Montanera et Salvatore Baldassarre qui devaient attendre le feu vert d'Anna Ursillo (aucun lien avec Roberto à priori), une mère de famille habitante du Lot G. Elle devait prévenir par sms de l'arrivée de la cible. Une fois fait, Abbinante s'est introduit dans le bâtiment déguisé en femme ( et il portait une perruque), s'approchant de Barretta, ce dernier a senti le coup venir et s'est enfuit. Il a réussit à échapper aux balles de l'AK47. Montanera est un proche de Biagio Iazzetta, Alberto Cipolletta, Amodio Marrone qui géraient le Chalet Baku en 2012 avec "Ciro o' cinese" et Mariano Abete.
Le 8 octobre Salvatore Barbato, 27 ans, est criblé d'une douzaine de balles à Secondigliano et un 2ème homme, Luigi Russo , 42 ans, a été hospitalisé dans un état grave et décède de ses blessures le lendemain. Fin janvier 2018 les tueurs des deux équipes seront interpellés.

Bavure mafieuse

Un autre assassinat a eu lieu quelques heures avant, Mario Perrotta , 27 ans, tué par balles dans un garage de la Marianella, dans la zone située entre Chiaiano et Scampia. 
Une semaine plus tard, dans le quartier Marianella, Pasquale Romano, 30 ans est assassiné dans un guet-apens camorriste, se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. La cible de l'assassin, était Antonio Leonardi, qui lui s'en sort indemne. Cette bavure mafieuse à entraîné une vaste opération policière contre 5 fugitifs dont trois sont arrêtés 1 mois plus tard. (dont Guarino ainsi que Salvatore Baldassarre 30 ans, accusé d'être l'auteur des coups de feu). Giovanni Marino, un membre des Abete-Abbinante est arrêté à la fin novembre.
Le 23 octobre à Secondigliano, c'est  Gennaro Spina, un proche des Vanella Grassi qui tombe sous les balles.
Le 9 novembre, Ciro Esposito est tué dans la zone contrôlé par les Vanella Grassi. L'homme aurait tenté de trouver refuge dans un bar, mais les tueurs l'ont poursuivi et abattu avec cinq coups de feu, trois d'entre eux dans la tête. 1 semaine après c'est un homme de 21 ans Vincenzo Priore qui tombe sous les balles.

Assassinats de Salvatore Barbato et Mario Perrotta (NapoliToday ; Youtube)

Assassinats de Salvatore Barbato et Mario Perrotta (NapoliToday ; Youtube)

Début novembre à Torre del Greco, 48 personnes sont arrêtées appartenant au clan Falanga, Di Gioia, et d'un groupe dissident de celui-ci, et à la famille Bastone (Giuseppe et Antonio) pour trafic de drogue.
Celle-ci venait d'Espagne et le trafic était contrôlée par les épouses et petites amies des boss et des hommes du clan en prison. L'implication des femmes au sein des structures camorristes n'a rien de nouveau et fait même de la Camorra une mafia très singulière sur ce point aussi, sans en faire non plus une mafia progressiste et féministe, elle voit en tout cas nombre de femmes avec des responsabilités importantes.
Début décembre, un cadavre retrouvé sur la voie rapide périphérique de Melito, sur la bretelle en direction de Giugliano, est identifié comme celui de Mirko Romano. Cet étudiant fils de bonne famille, "tombé amoureux de la Camorra" dixit les policiers, était connu seulement pour vol qualifié et était âgé de vingt-sept ans. Rien ne le prédestinait à cette vie de gangster qu'il a pourtant fini par embrasser pour devenir un proche des Amato-Pagano. Il s’agissait même du bras droit du boss, Mariano Riccio. Il fera partie du commando qui a tué Fortunato Scognamiglio mais une querelle entre eux va conduire Mirko à être tué sur ordre de Riccio par Francesco "o doberman" Russo. La vie de Mirko a notamment inspiré le personnage de "Valerio o'vocabula" présent dans la saison 3 de la série télé Gomorra. Selon le repenti Antonio Accurso «Mirko Romano ne s’exprimait que dans un italien parfait, car il venait d’une famille très respectable. Il ne parlait jamais en napolitain, il comprenait évidemment le dialecte, mais il ne l'utilisait jamais. Peut-être qu'il ne savait pas bien le parler». Un autre coopérateur de justice Carmine Annunziata (ex du clan AANA) déclare le 22 novembre 2012 : «Mirko Romano était un homme de confiance et un assassin de «Oncle Mimi» Pagano, alors qu'il n'avait pas une très bonne relation avec Mario Riccio». La jalousie de Mario Riccio pour Mirko se vérifiera quelques jours plus tard en effet.
 

Biagio Scagliola abattu à Soccavo le 20 décembre.

C’est en allant chercher son fils à l’école que Luigi Lucenti, 50 ans, est tué par deux hommes en scooter à Scampia le 5 décembre. La victime a été abattu à l’entrée de l’école maternelle mais aucun enfant n’a vu la scène, étant occupés à répéter les chants de Noël. Lucenti était considéré comme un des responsables du trafic de drogue dans le quartier Scampia de Naples pour le compte du clan Abbinante.

Fin décembre, 8 personnes, dont les deux Magnetti et Rosario Guarino (qui deviendra repenti) affiliés au Vanella Grassi, sont arrêtés pour l'assassinat d'Antonello Faiello en 2011. Antonio Mennetta, chef du bras armé du clan est interpellé en janvier 2013 tout comme Ciro Cortese, autre leader de cet aigle à plusieurs têtes. La police italienne interpelle aussi Antonio Leonardi, déjà connu pour trafic international de stupéfiants. Cela fait plus de 10 ans que Leonardi est une des figures du trafic à Secondigliano.
Leonardi, fugitif depuis plus d'un an, est considéré comme un ami de longue date de Marco Di Lauro lui aussi. En plus de manœuvrer avec les Vanella Grassi, Marco jouait aussi avec un autre poulain pour créer le chaos dans le quartier.

Le 26 février, les carabiniers mènent une opération contre les Amato-Pagano : 11 personnes ont été arrêtées. Les mafieux sont accusés d’avoir mis sur pied une filière de cocaïne depuis la Colombie, en liaison avec un groupe issu des paramilitaires des AUC (Autodéfenses Unies de Colombie). 300 kg de cocaïne ont été saisis, de même que plusieurs dizaines de milliers de doses d’ecstasy et d’éphédrine. Deux laboratoires clandestins (pour raffiner la cocaïne et pour fabriquer des drogues de synthèse) ont été démantelés à Naples et à Caserte.
Un autre réseau trans-campanien est disloqué par la Guardia di Finanza. Parmi les interpellés se trouvent des représentants des clans camorristes des Di Lauro, Amato-Pagano, Polverino, Mazzarella, Ferrara, Cuccaro et Carfora.

Assassinat de Luigi Lucenti (il Gazzettino vesuviano)

Assassinat de Luigi Lucenti (il Gazzettino vesuviano)

Le 15 mars c'est un drame qui touche le clan Amato-Pagano au cœur.
Domenico Antonio Pagano, le frère de Cesare, qui était détenu dans la prison Opera, dans la province de Milan, s'est suicidé en se pendant dans sa cellule.
Pagano, en prison depuis février 2011, purgeait une peine de 20 ans de réclusion. En 2010 après l'arrestation de son frère et de Raffaele Amato en 2010 il a été propulsé à la tête du clan.
Malgré les secours et le déplacement immédiat dans un hôpital extérieur à la maison d'arrêt, Pagano, en conditions graves, est mort quelques jours plus tard (la nouvelle a seulement été communiqué le 24).
Depuis début mars, c'est le sixième suicide dans les prisons Italiennes et trois autres détenus - sont décédés pour des causes suspectes." Toujours selon l'association, en 2013 il y a eu 44 morts en prison dont 14 pour suicide. "La fréquence des suicides entre les détenus soumis au régime de 41-bis (isolement total) est 3,5 fois supérieure à la normale dans le reste de la population détenue.

Le médiateur se fait tuer lui aussi 

Le 9 mai, Carlo Alberto Cipolletta, un repris de justice de 39 ans est refroidi à coups de pistolet rue Montenero, à deux pas de la bien connue via Vanella Grassi.
Les tueurs à gages sont entrés en action dans une ruelle entre le QG des "Girati" et celle du clan des Di Lauro, via Cupa dell'Arco. Cipolletta a été attiré là sous un faux prétexte et ils lui ont tiré au moins 15 balles.
Selon les enquêteurs il semble que la victime n'était pas affiliée à un clan camorriste en particulier.
L'hypothèse la plus plausible serait qu'il aurait agi là en qualité de médiateur, dans une tentative vaine de mettre fin à la guerre locale. Si c'était ainsi, il apparaît évident que les tueurs à gages aient voulu lancer un message très clair: aucune trêve, le sang va continuer à couler.
Le mois suivant, lors de l’opération «Beluga» contre le clan Di Lauro (106 arrestations) est interpellé Raffaele «Lello» Di Lauro, 19 ans. Il est le 9ème fils du boss Paolo «Ciruzzo ’o milionario» Di Lauro. 
Raffaele a été arrêté par des carabiniers déguisés en touristes alors qu’il venait d’embarquer sur un bateau de croisière à Messine. Ce voyage autour de la Méditerranée, d’une valeur de 10.000 euros, était destiné à sa petite amie pour son anniversaire. Le fils du caïd était porteur de 15.000 euros en liquide. 
Les carabiniers ont également saisi des livres de comptes chez Angelo Zimbetti, visiblement un des comptables du clan. Dans un document couvrant la période du 1er avril 2007 au 3 mai 2008, le clan a vendu 117.914 doses de cocaïne pour 4,5 millions d’euros. Mais le document évoque également les frais (achat de la drogue, honoraires d’avocats, «salaires» des hommes du clan, aides aux familles de détenus, prélèvements directs par la famille Di Lauro,…), soit un bénéfice net de 548 000 euros.

Assassinat de Carlo Alberto Cipoletta (Giornalettismo)

Assassinat de Carlo Alberto Cipoletta (Giornalettismo)

Des sommes aussi colossales aiguisent les appétits mais aussi les querelles interne.

Le cas des frères Matuozzo tués à quelques heures d'intervalle en ce mois d'août en est la preuve. Carlo Matuozzo a été le premier à perdre la vie. Il a été attiré dans la maison de Giovanni Leonardi, où il a retrouvé des représentants des Vanella Grassi qui l'attendaient pour une réunion et l'ont assassiné. Matuozzo a été poignardé (le pistolet qui devait être utilisé pour le crime s'étant enrayé). Son corps, à ce jour, n'a pas été retrouvé. 
Antonio, de son côté, a été éliminé quelques heures plus tard dans le quartier Berlingieri et son corps retrouvé plusieurs jours plus tard. Le commanditaire du double meurtre est Antonio Accurso  (depuis devenu repenti). 
Accurso venait pourtant de passer quelques jours avec les frères à Ibiza où leurs familles respectives ont passé du temps ensemble mais le destin des frangins étaient déjà scellés.
Les Matuozzo ont été assassinés parce qu'ils avaient continué à vendre de la drogue au Parc de La Quadra (sous la juridiction des Vanella Grassi), bien que «la loi» du clan leur interdisait de continuer à exploiter la piazza. L'interdiction était arrivée après que les Licciardi se soient plaints de la proximité de cette place avec l'une des leurs. 
Le 7 novembre c'est une figure importante, Ciro Mauriello, 46 ans, qui est arrêté à Scampia, un des leaders du clan Amato-Pagano. 
Il était recherché pour le double assassinat de 2004 qui selon les enquêteurs a déclenché la scission entre le clan Di Lauro et les Amato-Pagano. Celui de Fulvio Montanino et Claudio Salierno. Un véritable acte de force - aussi décrit par Roberto Saviano dans son livre best-seller «Gomorra». Le commando qui a mené l'assassinat aurait été composé de Ciro Mauriello, Arcangelo Abete, Gennaro Marino, Gianluca Giuliano, Carmine Pagano et Carmine Cerrato. On raconte qu'après ce double assassinat, Abete et Mauriello avec encore les vêtements tâchés du sang de leurs victimes se sont rendus à Varcaturo, au nord de Naples, pour dire à Raffaele Amato et Cesare Pagano que l'opération était réussie.

Et aujourd'hui à Scampia se déroule une troisième guerre en moins de 10 ans qui va faire 27 morts au total. Tout ça pour ça.

 

La partie 5  http://jean-philippe.savry.over-blog.com/2019/03/la-camorra-en-espagne-partie-5.html

 

Notes : Abete-Abbinante-Notturno-Aprea* 

(Sources : InterNapoli, Il Mattino, Cronache della Campania, NapoliToday, Crimorg, El Pais, EL Diaro Sur, Repubblica, il Gazettino vesuviano, Giornalettismo, Teleclubitalia, Le Monde, Huffington Post.it)

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