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Blog à part

Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


La Camorra en Espagne partie 8

Publié par Desmoulins sur 15 Avril 2023, 14:43pm

Catégories : #Camorra, #Italie, #crime organisé, #Justice, #Trafic de drogue, #Espagne, #Naples, #Vor

Les frères Esposito et Pepe Reina (Stylo24.it)

Les frères Esposito et Pepe Reina (Stylo24.it)

La scène semble ubuesque mais elle est bien réelle. José Manuel Paez Reina aka «Pepe Reina», ex portier international espagnol avait-t-il envisagé qu'un jour au cours de sa carrière il allait devoir répondre à des procureurs anti-mafia italiens ? Assurément non et pourtant ce 21 mai 2018, celui qui est toujours un salarié du SSC Napoli va devoir faire face aux questions des magistrats à propos de ses fréquentations dans la cité Partenope. D'aucun dirait qu'il est inique de juger un homme à ses fréquentations car dixit "Jésus en avait d'excellentes" mais le fait est que l'ex barcelonais côtoie du gros gibier en odeur de mafia, sûrement à l'insu de son plein gré. Car en effet à Naples comme ailleurs, tout ce qui brille n'est pas d'or.

Pepe le parrain (Stylo24.it)

Pepe le parrain (Stylo24.it)

Le 9 mai 2018, les carabiniers mettent à exécution plusieurs mandats d'arrêts à l’encontre des entrepreneurs Gabriele, Giuseppe et Francesco Esposito, 3 frangins respectivement âgés de 32, 37 et 40 ans, ainsi que les épouses de Gabriele et Giuseppe et de Diego La Monica. Tous ont été réveillés à l'aube à leur domicile de Posillipo, quartier prestigieux au nord de la baie de Naples. 
Ce n'est pas une première pour eux un tel réveil de bon matin de la part des carabiniers mais l'effet de surprise est total. 
La fratrie est dans le collimateur des autorités anti-mafia depuis quelques années déjà. En juin 2017, leurs noms avaient défrayé la chronique au sujet de la gestion d'avoirs fictifs. 
Un imbroglio judiciaire va leur permettre de rapidement être libéré mais l'onde de choc provoquée par les accusations d'un collaborateur de justice va finir par les atteindre de nouveau.
Cet homme à l'origine de leur chute s'appelle Salvatore Maggio, un ex membre du clan Mazzarella. En août dernier, il a réitéré ses déclarations faites plusieurs mois plus tôt, sur les actes des 3 Esposito et leurs liens avec la Camorra. 
L'enquête qui en a découlé a permis d'entendre plusieurs autres témoins et notamment de salariés et d'anciens employés du club de football local, le SS Napoli, qui ont permis d'étayer un peu plus les propos de Maggio. 
Car Salvatore en sait long sur les 3 rejetons et pour cause... Il les a vu grandir sur la Piazza Zona Mercato. C'est sous ses yeux avertis qu'ils ont commencé à bâtir leur empire à l'ombre de la basilique Carmine Maggiore. 
Selon les hypothèses d'enquête, cet empire se serait «construit grâce à des relations étroites avec les clans, par la captation d'actifs via des hommes de paille pour échapper aux règles anti-mafia, et avec le blanchiment de capitaux d'origine illicite».

Disposition des clans et zone d'influence (Il Mattino - DDA Naples)

Disposition des clans et zone d'influence (Il Mattino - DDA Naples)

Les 3 entrepreneurs sont justement accusés de «délit d'enregistrement fictif d'avoirs au profit des membres de la Camorra». Les clans en question sont ceux des Contini et des Sarno-Palazzo. Un nom revient sans cesse dans le rapport, celui de Vincenzo Palazzo, le présumé régent du clan Sarno du quartier Ponticelli de Naples. 
Il s'agirait même d'une quasi filiation entre les 3 hommes et le boss qui a su utiliser le maillage commercial et affairiste géré par ces derniers.
Les Esposito sont en effet actifs dans la commercialisation de jouets, avec la société «New Toy» opérant à Naples et dans sa province et jusqu'à la région de Caserte. 
Mais ils ont également étendu leurs activités à la restauration et au divertissement. Ils sont les propriétaires d'un restaurant-bar à Chiaia un autre beau quartier de bord de mer, d'un centre de paris sur la Piazza Mercato, le fief du clan Sarno, et surtout ils sont les propriétaires du «Club Partenopeo», l'une des discothèques les plus célèbres de Naples, très prisée par les footballeurs et les VIP de tous bords. Le «Number One» napolitain*. Ce night-club fait d'ailleurs partie des biens saisis préventivement par le juge d'instruction. 

Des figures centrales et incontournables

Une semaine avant leurs interpellations, les frangins étaient justement à la soirée d'adieu organisée par Pepe Reina en partance pour le Milan AC. Jusque là rien de plus normal, au delà de la relation d'amitié avec l'espagnol, la soirée se déroulait dans leur propre discothèque du Club Partenopeo à Coroglio, à mi-chemin entre la commune de Bagnoli et la colline de Posillipo.
Leurs places dans l'échiquier économique et mondain napolitain en ont fait des figures centrales et incontournables. En plus de leurs signes extérieurs de richesse, ils se sont aussi affichés avec une grande partie de ce bottin sur tous les réseaux sociaux depuis des années. Que ce soit des stars de la télé-réalité comme Lele Mora, des chanteurs, des acteurs ou bien encore le président du Genoa Calcio, Enrico Preziosi, lui aussi gérant d'une entreprise de jouets et originaire d'Avellino en Campanie. Tout le «Napoli bene» a fait des soirées des Esposito des événements à ne pas louper.
Petite aparté, Preziosi est un dirigeant qui n'a eu de cesse d'être épingler par la ligue italienne de football pour ces multiples fraudes sur les transferts de joueurs ce qui en est presque devenu un running-gag. Mettant à rude épreuve ses supporters, il quittera ses fonction seulement en 2021.

En juillet 2017, alors que les Esposito sont déjà sous enquête , celle-ci révèle qu'Enrico aurait fait des affaires avec les Esposito après avoir établi un contact via un joueur du Napoli dont le nom n'est pas révélé. Jusque là rien d'étrange car les deux parties ont pour point commun de commercialiser des jouets. Si ce n'est que plusieurs transactions entre eux et un troisième larron, une agence de pub milanaise pour une valeur totale de 20 millions d'euros a alerté la UIF (Unité d'Information Financière italienne) qui a prévenu les autorités anti-mafia. 

Ces fréquentations là toutefois ne sont pas concernées, pour l'instant, par l'enquête en cours mais d'autres personnes auraient pu bénéficier des largesses et de la générosité des 3 hommes.
Comme le note le rapport d'enquête : «Les frères Esposito, grâce à leur niveau de vie élevé, fréquentaient assidûment les joueurs de l'équipe de Naples, ainsi que des sujets liés au crime organisé, avec lesquels ils partageaient non seulement leur temps libre en organisant des paris sur des matchs de football, voyages et soirées dans les clubs les plus célèbres de Naples, (...), mais dont ils ont également tiré profit de l'amitié».

Dans la ligne de mire de la Fédération

L’accusation la plus lourde est celle qui concerne Paolo Cannavaro, joueur du Napoli jusqu’en janvier 2014 et frère du champion du monde Fabio. Dans le rapport il est noté que «depuis 2009, il a continué à entretenir, à ce jour, des fréquentations inopportunes et assidues avec les frères Esposito, gérants de facto de l’agence de paris Eurobet située sur la Piazza Mercato, (ndlm : lieu déjà évoqué des 1ers faits d'armes criminels des 3 zigues) ; pour avoir tenté de vendre une montre Zenit El Primero Master Chrome, d'une valeur de 400 000 euros et d'origine douteuse, appartenant à son beau-père, Luigi Martino, et pour s'être fait prêté par Gabriele Esposito une carte de crédit. 
D'autres accusations touchent même des employés du SSC Napoli. Le responsable des opérations du secteur commercial par exemple, Alessandro Formisano, le gestionnaire des billets et délégué à la sécurité de 1992 à juillet 2017, Luigi Cassano, et le responsable de l'équipe de jeunes, Giovanni Paolo De Matteis. Ce dernier «a procédé à la délivrance de deux billets gratuits en faveur de d'affiliés du clan Lo Russo, à la demande de Cannavaro, tout en indiquant des données personnelles erronées. Pour Formisano, l'accusation est «d'avoir seulement eu des relations commerciales avec Giuseppe Esposito, des contrats de sponsoring et des contrats de licence pour l'utilisation de la marque «Calcio Napoli», en s'engageant à fournir la documentation contractuelle correspondante, un engagement qui n'a, par ailleurs, jamais été honoré».

(Voce di Napoli)

(Voce di Napoli)

Concernant Reina, la FIGC (Federazione Italiana Giuoco Calcio) souligne comment le gardien espagnol, sur le point de s’installer à Milan, aurait entretenu de manière inappropriée «des relations de fréquentation et d’amitié transformées en vacances, la possibilité d’utiliser des voitures de grande cylindrée détenues par Gabriele Esposito et des concessions pour l'accès dans la zone réglementée du stade de San Paolo lors des matches officiels». Sa proximité avec Gabriele est illustré d'autant plus par le fait qu'il même est devenu le parrain de son dernier enfant. Malgré cette amitié, la fête au Club Partenopeo pour sa soirée d'adieux ne fut pas gratuite. Pepe Reina affirme avoir régler la note 7200 euros par carte bancaire le 14 mai, soit 5 jours après l'arrestation des Esposito. Mais on l'interroge sur un autre paiement en avril 2016. un virement de 15 mille euros sur le compte de Grandi Eventi (la société du club), Reina a déclaré qu'il ne se souvenait pas de la raison du paiement car "c'est sa femme qui s'occupe des soirées".

Marek Hamsik, a lui aussi été entendu et le désormais joueur du championnat chinois va beaucoup intéresser les enquêteurs car une conversation téléphonique entre une personne se présentant comme un intermédiaire et Gennaro De Tommaso "Genny la Charogne" leader du groupe ultra des Mastiffs mais surtout référent camorriste (dont le père est affilié au clan Misso) qui par la suite va connaitre 2 peinesde 10 et 18 ans pour trafic de drogue international. Dans cette conversation l'intermédiaire communique ce que Hamsik va dire aux policiers. Pour le moment rien n'indique qu'Hamsik était au courant de ces faits et ils ont pu se dérouler à son insu. En mars 2019 De Tommaso va devenir coopérateur de justice.

Enfin, autre joueur dans le viseur, Salvatore Aronica, ancien du SSC Napoli de 2008 à 2013, ensuite transféré à Palerme jusqu'en janvier 2015, il a été identifié comme un autre membre de ce cercle de vip ayant fréquenté les frères Esposito. 
Selon les résultats obtenus grâce aux écoutes téléphoniques, les Esposito ont noué une association plus étroite à partir de mai 2014 avec Ettore «'o Russ» Bosti (fils de Patrizio Bosti, beau-frère d'Eduardo "o Romano" Contini et de Francesco Mallardo, marié avec les trois sœurs Aieta et fondateurs de l’Alliance de Secondigliano). Et avec lesquels ils ont traité des paris sur les matches de football, des voyages à Ibiza, passant une partie de leur temps ensemble. Le juge d'instruction écrit dans l'ordonnance provisoire :
«En particulier, des écoutes téléphoniques ont révélé un lien étroit d'amitié entre Giuseppe Esposito et Ettore Bosti, mais cette présence constante ne semble jamais avoir donné lieu à des activités illicites ni en aucun cas aucun élément permettant d'affirmer avec suffisamment d'intransigeance que Gabriele Esposito était lié au groupe Contini». 
Certaines conversations interceptées sont inhérentes aux opérations liées au trafic de drogue, qui semblent avoir été conclues à titre individuel par des membres du clan comme Carlo Molinara, à tel point que Ettore Bosti lui-même ne semble pas être impliqué dans de telles affaires.

Blessure dans les eaux de Capri

Confirmant l’absence d’éléments de preuves valables concernant les liens des frères Esposito au groupe Contini - Bosti, il convient de préciser que la plupart des conversations interceptées révèlent un lien personnel, qui n’est pas nécessairement lié au partage d’activités illicites. 
Leur proximité avec les footballeurs et leur implication dans le domaine des paris sportifs ne serait que le fruit d'un hasard ? En tout cas rien dans l'enquête ne permet à l'heure actuelle d'affirmer qu'il y a eu des velléités de trucage de matchs et ce bien que le benjamin de la fratrie, Gabriele a été frappé d'un Daspo, une interdiction de stade. 

Higuain en compagnie de 2 Esposito et de son coéquipier Callejon (Napoli fanpage.it)

Higuain en compagnie de 2 Esposito et de son coéquipier Callejon (Napoli fanpage.it)

Pourtant personne n'arrivera à faire oublier aux fans du Napoli l'étrange blessure qu'avait subi Gonzalo Higuain alors idole du San Paolo (pas encore renommé Stadio Diego Armando Maradona).
Il se trouvait avec les Esposito et Paolo Cannavaro quand il s'est salement embroché le menton en sautant de leur bateau qui mouillait dans les eaux de Capri. Sans y voir un complot bien évidemment mais juste une blessure survenue stupidement, on peut toutefois y voir l'influence néfaste autour des joueurs. Ces entourages toxiques ne sont pas l’apanage du SSC Napoli mais l'environnement local se prête hélas à ce genre de raccourcis et interprétations dans la presse. 

"oui oui je gagne du blé"

A une autre occasion, en conversant avec l'ancien footballeur Fabio Borriello (un autre frère de, cette fois de l'attaquant international Marco) c'est Gabriele Esposito qui révèle le chiffre d'affaires de la discothèque et surtout qui révèle qu'il n'était pas qu'un simple employé du Club Partenopeo, mais bien son propriétaire.
La conversation remonte au 21 juin 2017 et a été «interceptée» par la Guardia di Finanza. 
Gabriele va plus loin en avouant à Fabio qu'il est profondément impliqué dans la gestion. Borriello lui demande : «Mais qu'est-ce que tu fais, tu te bats ? L'endroit est magnifique». Gabriele répond : «Oui, oui, je gagne (abbusco, ndlr) du blé avec ce club (…) c'est le club le plus fort du moment, Fabio». Au point de lui faire récolter de «130 à 140 000 euros tous les trois jours». Fabio : «Essaie de faire en sorte que ça marche bien», «bien sûr - dit Gabriele - je me serre la ceinture pour réussir, je garde des relations (publiques) plus fortes que tout le monde».
Le «propriétaire officiel» était apparemment Diego La Monica, qui a fini en prison avec les trois frères Esposito. Homme de paille de plusieurs autres affaires, il excelle dans ce domaine du gérant fantôme. L'argent utilisé pour le Club, lui, provenait des clans Contini et Sarno-Palazzo qui s'en servait comme d'une blanchisseuse géante.

Maggio, en tant que coopérateur de justice, souligne à plusieurs reprises les relations étroites entre Gabriele Esposito et le boss Edoardo Contini auprès des enquêteurs à l'été 2017.
Gabriele Esposito, en raison d'une condamnation pour ses liens avec la camorra (
pas de res judicata), ne peut certainement pas gérer l'agence de paris Eurobet de la Piazza Mercato lui-même et c'est pour ça qu'on la retrouve officiellement enregistrée au nom de La Monica. 
Maggio, dans un rapport daté du 7 août 2017, déclare que pour une dette avec la Camorra de 14 mille euros, l'agence Piazza Mercato paie un pizzo de 500 euros/mois au lieu de rembourser le prêt directement, grâce à l'intercession du patron du clan Contini.

Concernant les relations de ces entrepreneurs avec la mafia locale, La Guardia di Finanza intercepte une conversation téléphonique d'importance le 21 juin 2017. L'échange a cette fois lieu entre Giuseppe Esposito et Filomena Lo Russo (fille de l'ancien boss  aujourd’hui coopérateur de justice Mario) et épouse d'Ettore Bosti, fils du boss Patrizio, lui toujours détenu - au moment des faits – sous le régime 41bis. «Mais quand vas-tu chez mon ami (ndlm: Ettore) ?» demande Giuseppe à Filomena. Cette dernière, au cours de la conversation, rétorque : «Il s'enquiert toujours de ses amis les plus proches». 
Il s'en enquiert tellement qu'on va retrouver le boss en juillet sur le banc des accusés en lien avec le démantèlement de 14 piazze de drogue démantelées en novembre 2017. Il va ajouter 10 ans à son cv. Et rien n'indique qu'il y aura une confusion de peines. (Il Messagero ; Stylo24)

Ettore Bosti et son beau-père Mario Lo Russo (Stylo24.it)

Ettore Bosti et son beau-père Mario Lo Russo (Stylo24.it)

L'attrait pour l'Espagne

Au bout du compte, Reina, Cannavaro et le 3ème larron Aronica alors qu'ils risquaient respectivement 3, 10 et 4 mois de suspension sportive, apprendront début juillet qu'ils ne feront pas l'objet d'enquête. Eux qui soutenaient avoir été présenté à des éléments mafieux à leur insu sans connaître leurs identités ont vu leur système de défense validé par le tribunal de la fédération.
Même De Matteis, Cassano et Formisano évitent la suspension. Après la série de scandales du calcioscommesse qui a fait bannir ces dernières années, une centaine de personnalités et acteurs du football transalpin (en 4 procès distincts) cette affaire a connue une autre tournure. 

Les enquêteurs avaient, quand à eux, un autre lièvre à soulever concernant la fratrie Esposito au teint hâlé. Leurs virées à Ibiza n'auraient pas eu pour seul but de faire la fête mais aussi de poser des jalons pour de futurs collaborations. Dans le domaine du divertissement de nuit ? Ou de la drogue ? Visiblement pour eux, ces 2 activités sont comme deux sœurs qui ne peuvent entrer dans un pays l'une sans l'autre.
Plusieurs mois plus tard, on va retrouver un réseau important de la cocaïne et de la résine de cannabis depuis l'Espagne, dirigé par un entrepreneur de la région napolitaine. La direction du réseau avait protégé le boss Antonio Lo Russo durant sa «cavale» entre 2012 et 2014. A la tête de la bande se trouvait Armando Manzi, propriétaire de la «Villa Manzi», luxueuse salle de réception de la région de Naples, et son fils Oreste. Au cours de l’enquête, la Guardia di Finanza a intercepté un camion disposant d’un double-fonds dissimulant 323 kilos de résine de cannabis. Le monde de la nuit napolitaine a décidément les coudées franches.

Les histoires de came, elles, sont toujours à l'ordre du jour pour les «Espagnols de Secondigliano» les Amato-Pagano, mais il est aussi l'heure de solder des comptes avec la justice qui a décidé de passer à la vitesse supérieure. 
En décembre 2018 va démarrer les audiences préliminaires pour le triple homicide de Francesco «Dobermann» Russ, son fils Ciro et Vincenzo Moscatelli survenu en 2009.

Sur le banc des accusés en ce mois de décembre, 7 éminents membres du clan Amato-Pagano. Tous ont été interpellés fin mai 2017 dans les diverses prisons italiennes dans lesquelles ils étaient détenus pour d'autres affaires. Carmine Amato (pour rappel le fils aîné de Raffaele et Rosaria) à Viterbo, le boss Cesare Pagano à la prison de Cuneo, Francesco Biancolella, à Secondigliano, Lucio Carriola et Mario Riccio détenus à Terni, Oscar Pecorelli, en prison à Tolmezzo et Oreste Sparano, détenu à l'Aquila. 
Ces arrestations ont été permises grâce notamment aux confessions d'Antonio Lo Russo et Biagio Esposito. Seul manque à l'appel Mirko Romano bras-droit de Riccio qui aurait fait partie du commando de tueurs mais il a été tué dans une embuscade en décembre 2012.
Les 3 meurtres sont des cas que l'on peut qualifier classique de lupare bianche (de disparition corps et biens) : il est clairement documenté dans l'enquête comment les sept accusés ont agi à la demande du boss Lo Russo, Antonio, qui avait commandité ces morts pour éliminer des éléments devenant trop autonomes dans certaines activités illégales et donc gênants pour la dynamique du clan. 
Un «service rendu» entre réseaux qui ont longtemps collaboré en bonne intelligence dans le trafic de drogue. 
Il est à noter la présence parmi les prévenus d'Oreste Sparano qui sans l'intervention de son boss Cesare Pagano aurait pu devenir une nouvelle victime. Motif ? Une «trop grande gueule». 
Le gamin de 24 ans ( l'époque) s'était vanté à qui voulait l'entendre de sa participation dans ces disparitions. Il s'en était même ouvert au boss Ettore Bosti, encore lui. Ce dernier par amitié en avait fait part à Antonio qui a voulu se débarrasser du bavard non sans prévenir d'abord Cesare et Biagio Esposito qui finalement le dissuade d'éliminer Oreste. (Source : InterNapoli 04/06/18)
Chacun se préparant à sa façon au procès, Carmine Amato, lui, a déjà pris les devants et envoyé une lettre au juge où il s'excuse «du mal engendré, à la ville et à son image, aux victimes à leurs familles et même à sa famille et ses enfants», déclarant vouloir réparer les «dégâts» par un dédommagement financier (dont on ne sait quel en sera le montant).

Père et fils «repentis»

L'issue du procès ne faisant aucun doute, une dizaine de repentis au moins confirment la version d'une attaque des Amato-Pagano qui avait formé une alliance avec Antonio Lo Russo, le fils de Salvatore devenu coopérateur de justice en 2010.
Cette repentance du boss Salvatore, avait surpris tout le monde mais pas autant que celle de son fils, un autre amoureux du ballon rond et habitué des bords de la pelouse du San Paolo, qui a été interpellé à Nice en avril 2014.
Salvatore a dû être en partie soulagé que le rejeton n'ai pas fini entre 4 planches, lui qui a maintes reprises dit aux policiers avoir tout tenté pour empêcher son fils d'être un camorriste. 
Après une 1ère peine de prison et son retour à Naples au début des années 2000 il a retrouvé un garçon transfiguré et habité d'une ambition nouvelle. Il a tenté de lui proposer un autre choix, de quitter la Campanie et d'avoir son entreprise mais Antonio n'en avait cure. 
«Je me suis fait grondé par ma femme et mes filles» s'émeut Salvatore aux juges anti-mafia. 
Toutefois l'autorité d'Antonio va être mise à mal après la volonté de papa Salvatore de rejoindre les «collaborateurs de l’État». 
Renié par ses propres oncles et particulièrement Mario qui déclare que l'héritier ne peut dors et déjà plus diriger le clan avec une telle forfaiture de père, Tonino va alors se lancer dans l'élimination des fidèles des Capitoni (le surnom des Lo Russo) ce qui va mener à la double exécution de Salvatore Scognamiglio et Salvatore Paolillo dans une salle de paris en août 2011 de la main de Vincenzo «Cenzore» Bonavolta.
 

Après l'interpellation niçoise d'Antonio en compagnie de son cousin Carlo Jnr, 23 ans, lui aussi recherché pour une tentative de meurtre. C'est la vieille garde des Capitoni incarné par Carlo Snr qui va reprendre les rênes d'un clan en décrépitude. 
Un homme qu'on disait à moitié fou, en lutte comme Don Quichotte contre des chimères. 
Celles d'un pouvoir perdu et d'une autorité écornée après le méga procès de 2015, provoqué par les déclarations de Salvatore, qui va voir une trentaine d'affidés condamnés lourdement. 
Lui-même est visé par une peine par contumace de 16 ans et son frère Mario par une peine de 14 ans. 2015 est justement l'année où il sort.
Préférant la politique de la terre brûlée à toute autre forme de règne, il a largement contribué à la flambée de violence et de sang dans les rues de son ex fief, Miano. 
Il avait à la fois poussé le vice de former quelques jeunes pour jouer les kamikazes ainsi que toute la logique de balkanisation à son paroxysme (voir les épisodes précédents). Stratège hors-pair, le «little finger» de la Municipalita 7 aura même réussi à pousser à la guerre, des clans de Sanita et de Ponticelli. Son arrestation en avril 2016 et sa «repentance» dans les semaines qui suivent vont finir d'achever la bête mais hélas pas les violences entre les vétérans des Capitoni et les jeunes loups du quartier. 
En novembre, il prend 16 ans de plus pour avoir commandité un meurtre en 2005. En juin, 24 arrestations visent le clan. Échec et mat.

Comité d'accueil pour Mario Balotelli

Seul le neveu de Carlo, Vincenzo «Enzo 'o signore» (fils du frère aîné Giuseppe qui en 2020 s'est «dissocié» de la Camorra bien qu'il refuse toute coopération avec la justice) échappe encore aux carabiniers. Encore un amoureux du foot celui-là, qui a fait partie du comité d'accueil lors de la visite très médiatisée de Mario Balotelli à Scampia en juin 2011. 
Un comité composé ni plus ni moins de Carmine Amato (qui sera arrêté à peine quelques jours plus tard), Raffaele «Leluccio Bastone» Stanchi ; Raffaele Amato Jnr, «Angioletto» Pagano (dont on ne présente plus les darons) ; Totore Silvestri et Mario Iorio, un entrepreneur en odeur de mafia proche des Lo Russo qui a joué les entremetteurs entre l'international italien et les sommités du crime de Scampia. 
Un coopérateur de justice, Armando De Rosa ex Vanella Grassi ira de son commentaire goguenard devant les enquêteurs :«ils ont pris une photo avec lui car ils supportent l'Inter». Quelques mois plus tard, Balotelli sera être entendu par la justice italienne après l'arrestation de Iorio pour ses supposés liens avec la Camorra.
La filiation de Vincenzo ne l'a pas protégé de la vindicte de son oncle au sein d'un clan décidément voué aux turpitudes entre générations, et «Enzo 'o signore» vivait caché au moment où Carlo est arrêté. Après 3 mois de cavale, il ses rend de lui-même à la prison de Benevento.

Mario Balotelli à la sortie du tribunal de Naples en septembre 2011

Mario Balotelli à la sortie du tribunal de Naples en septembre 2011

Revenons donc au procès du triple meurtre qui comme on le voit se tient dans un contexte de libération de la parole exacerbée et de contrition collective.
Lors de l'audience suivante, d'autres lettres du même genre que celle de Carmine avec la même proposition de compensation financière parviennent au juge. 
La stratégie des prévenus est limpide ! Éviter la réclusion à perpétuité, réduire les dommages car une peine de 30 ans serait un moindre mal pour tous ceux qui sont emprisonnés depuis déjà un certain temps.
La question est naïve mais d'où peut provenir l'argent offert en réparation des dommages ? 
Vraisemblablement il s'agit là d'une manne financière récoltée grâce aux fraudes aux accidents de la route et à à leurs indemnisations par les assurances ou aux pensions d'invalidité factices. Une façon de rendre l'argent à la collectivité en quelque sorte.

Il est évident qu'il paraît saugrenu de proposer à un juge de restituer de l'argent provenant du trafic de drogue ou du racket. Mais dans ce cas précis, le Parquet n'est pas insensible à l'idée et semble prêt à l'éventualité de la restitution de l'argent des pensions, de l'argent dormant, jamais dépensé prêt à l'emploi et soit-disant «propre».
Toutefois les accusations qui pèsent sur Carmine Amato restent très lourdes. Il a été identifié comme le donneur d'ordres du triple homicide, les chances que le juge soit magnanime sont faibles.
Carmine, le sait, et il va reconnaître son implication lors d'une audience courant février 2019. Il se dit prêt aussi à indiquer l'emplacement où se trouvent les 3 corps jamais restitués aux familles espérant par ce nouveau geste la clémence du procureur et du juge. 
Il aura fallu attendre août 2020 mais 11 ans après leurs disparitions, les enquêteurs retrouvent les corps des 3 hommes, dans la province de Naples, à Mugnano.  
Carmine a conduit sa propre enquête, via son avocat : condamné en première instance à la prison à vie, il a même contredit les indications du repenti qui avait indiqué un autre lieu de sépulture. (NapoliToday, Crimorg.com)
Le 16 décembre 2021 Cesare Pagano, Carmine Amato, Oreste Sparano et Francesco Biancolella sont condamnés à perpétuité. Pour les repentis Cerrato et Lo Russo (11 ans et 10 mois et 11 ans et 4 mois) et Carriola prend 1 an et 6 mois. Le seul acquitté est Oscar Pecorelli. (Corriere del Mezzogiorno).

Le procès se tient au moment même où une nouvelle affaire de lupara bianca refait surface dans la région.
A la fin de l'été le cadavre d'un homme est retrouvé près de Melito, le fief des Amato-Pagano. Il s'agit justement d'un homme du clan, Davide Tarantino, 45 ans, un dealer de la piazza locale appelée «219». 
Il fut un référent local de Mariano Riccio et était porté disparu depuis le 25 février 2016 après avoir quitté son domicile de Secondigliano. Son téléphone avait bordé près de la piazza de Chalet Bakù vers 19h puis près d'une station de métro à la frontière du quartier Chiaiano vers 20h30 et ensuite plus rien. 
A l'époque pour rappel, «Zia Rosaria» avait confié la gestion de la piazza à Pietro Caiazza d'Afragola un de ses parents, et cette décision avait courroucé les hommes du groupe de Ciro Mauriello, un autre poids lourd du clan, qui aspiraient à prendre plus de pouvoir. 
Offensés par cette décision ils sont entrés en sédition et c'est ce groupe qui est soupçonné d'avoir tué Tarantino, mais aussi plusieurs autres affidés des Pagano tel qu'Antonio Ruggiero avec qui il dirigeait la piazza 2019, Maikol Giuseppe Russo, Giovanni Arivali et Luigi di Rupo. 
Il a fallu une réunion houleuse en mai 2016 chez Ciro Mauriello, dont le domicile avait été placé sur écoutes par les carabiniers pour calmer les esprits. 
Pourtant 1 mois après, 2 hommes sont tués à Melito et Domenico Pagano blessé. Pour certains c'était le signe que l'appel au calme n'avait pas été entendu par tous pour d'autres il s'agissait une histoire sans rapport. 

Assassinat de Davide Tarantino (Stylo24.it)

Assassinat de Davide Tarantino (Stylo24.it)

Sac de nœuds camorriste

Les Amato-Pagano ne sont pas les seuls sur le grill de la justice. Leurs rivaux des Vanella Grassi vont eux aussi payer le prix de leur fautes lors d'un procès en Appel très attendu. 
En septembre 2018, les juges vont infliger 641 ans de prison (le même cumul qu'en 1ère instance) en cumulé à 49 personnes parmi lesquels des boss et affiliés du clan ainsi que des alliés des Leonardi, et des "Girati" (Retournés), qui ont déclenché le troisième affrontement de Scampia contre le clan Abete-Abbinante. 
Ils ont tous été condamnés à de lourdes peines, y compris les repentis, comme Antonio Leonardi, l'ancien bras droit du boss de Scampia, Paolo Di Lauro.
Antonio a été condamné définitivement à 18 ans alors qu'il avait été condamné à dix ans et huit mois de prison en dépit des avantages de la collaboration avec la justice et de la réduction d'un tiers pour avoir fait un procès en rite abrégé. Tandis que ses fils Alfredo, Felice et Giovanni, également collaborateurs de justice, ont pris 15 ans et 4 mois, 12 ans et 10 mois, 10 ans et 10 mois de prison respectivement.
Six ans pour Umberto Accurso, le dernier des dirigeants des Vanella Grassi arrêté en mai 2016 à Qualiano après l'attaque contre le commissariat de police de Secondigliano. 
«Seulement» quatre ans pour Rosario Guarino.

Le procès a en grande partie révélé quels étaient les scénarios et les alliances de l’une des guerres de Camorra les plus sanglantes de ces vingt dernières années, celle qui a vu les Leonardi et les Vanella Grassi s'opposer à l’entente restante des "sécessionnistes" de la première heure, les Abete-Abbinante.
Au début de 2014, Antonio Leonardi a décidé «de passer du côté de l'État».
Ses enfants Alfredo, Felice et Giovanni font de même. Il commence alors à s'entretenir avec les enquêteurs de la direction anti-mafia, révélant ainsi les visages et le fond de la troisième «Faida di Secondigliano». 
L'enquête atteint rapidement un tournant. En juin 2015, le bureau du procureur général a rendu 44 ordonnances de détention provisoire en prison. Le dossier contient deux tentatives d'assassinat, celle de Giovanni Esposito "'o muort" (qui a eu lieu le 4 juillet 2012) et celle de Giovanni Giordano (le 12 novembre 2012), tous deux affiliés aux Abbinante.

Entre autres choses, l'enquête avait débuté grâce aux écoutes téléphoniques qui avaient commencé avec la tentative d'assassinat de Giovanni Esposito. Les enquêteurs ont ainsi découvert une longue série d'informations générales sur le trafic de drogue.
Les expéditions à Rome de grosses cargaisons de cocaïne et la disponibilité des armes utilisées pour les deux embuscades et autres incursions armées en vue de la reconquête des lots G, H et K de la via Labriola et de la céleste Vela, des piazze disputés entre les Vanella Grassi et  Abete-Abbinante. Le groupe de repentis qui a soutenu l'enquête était très important. En plus d'Antonio Leonardi et ses enfants on trouve Rosario Guarino, les frères Annunziata, Gianluca et Giugliano, Armando De Rosa, Mario Pacciarelli, Fabio Vitagliano et Giovanni Illiano. 

Arrestation rosario guarino (shutterstock)

Arrestation rosario guarino (shutterstock)

Record de production de coca

Au cœur de l'été en Espagne, les autorités s'inquiètent d'un fait nouveau. 
Le record de production de feuilles de coca en Colombie a des conséquences sur le prix de la cocaïne dans une des principales portes d’entrée de cette drogue en Europe, la Galice. Selon la police espagnole, le kilo de cocaïne (pure à 70%) se vendrait désormais 26.000 euros, contre 34.000 euros précédemment.
La hausse de la production en Colombie s’explique notamment par l’accord de paix conclu entre le gouvernement colombien et les FARC, dont plusieurs centaines de dissidents n'ont pas rendu les armes notamment dans la zone frontalière avec le Venezuela leur permettant de se «concentrer» sur la production de coca et le trafic. Autre facteur de baisse des prix : des peines moins importantes données par les tribunaux galiciens. La législation espagnole permettant de négocier la peine, il y a souvent des ententes, sans véritable procès. (El Pais – Crimorg.com)

A contrario une chose n'est pas nouvelle pour la Guardia Civil c'est la nidification toujours aussi importante des narcos napolitains (et italiens en général). 
L'été a été fructueux avec à la mi-juillet l'arrestation d'Antonio De Matteo qui avait échappé à son arrestation le 20 février dernier. Sous le cagnard local , le camorriste de San Giovanni a Teduccio y entretenait des «relations commerciales» avec la Colombie pour inonder Naples mais surtout les quartiers Pazzigno et De Gasperi et la Toscane de cocaïne.
C'est l'amour pour une femme qui l'a trahi. Les policiers de Naples ont suivi sa compagne turinoise dans les rues de la Rambla à Barcelone et cela les a conduit directement dans les "bras" du fugitif. Matteo a bien tenté d’échapper aux policiers tout en hurlant mais rien n'y a fait. 
La via Pazzigno est notamment le fief de Luigi «o pazzignano» Piscopo, père du gendre du boss Ciro Sarno de Ponticelli. Ils ont déjà été arrêtés ensemble en 2010.
 
2 mois plus tard, c'est Gianliuca Bilotta, qui est interpellé en Andalousie avec de faux papiers. Il est le cousin du boss du clan D'Ausilio de Fuorigrotta et Bagnoli, Felice (évadé de la prison de Tempio Pasania en mai 2016 et repris en décembre). Il était recherché pour purger une peine de 7 ans de prison pour association mafieuse et trafic de drogue.

La vie et la mort des trafiquants sur la Costa del Sol sonne comme une rengaine, un marronnier journalistique, mais ils n'y sont pourtant pas si nombreux si on tient compte de la densité criminelle internationale de la zone. Toutefois les automnes dernièrement y sont chauds
J'en veux pour preuve la mort par balles le 20 novembre 2018 d'un français. 
Jean-Raymond Davy, 58 ans, fiché au grand banditisme est abattu devant chez lui vers 20h30 à Sierra Blanca quartier de Marbella. 
Sur place, les policiers espagnols ont retrouvé une vingtaine de douilles et un fusil mitrailleur kalachnikov abandonné. 
Il était soupçonné d'être impliqué dans un trafic de cocaïne. Il était connu pour trafic d'armes et de drogue notamment une affaire de cannabis transitant par hélicoptère.
 

Début août 2018, toujours en Espagne, la police est intervenue dans un restaurant de Marbella pour interpeller un arménien et deux géorgiens, accusés d’être des importants vory v zakone. Un autre avatar de la criminalité organisé mondiale appréciant tout particulièrement le climat aride de la Costa del Sol. 
Artem Sargsyan, couronné vor en 2013 ; Lasha «Chia» Barateli, couronné» en 2014 et Irakliy Pipiya, couronné en 2012, sont des membres du clan de Merab «Sukhumsky» Dzhangveladze, boss du clan de Soukhoumi.
Les trois perquisitions menées ont permis de saisir des documents papiers et informatiques, ainsi que des faux documents polonais et ukrainiens.
Les mafieux projetaient l’élimination d’un rival et étaient surtout en train de restructurer le milieu criminel russophone d’Espagne, déstabilisé fin juin dernier lors de l’opération «Napoles» (142 arrestations). Qu'on ne se méprenne pas  les liens entre la mafia russophone, l'Espagne et Naples sont réels même si l'opération s'appelle «Napoles» («Naples» en espagnol) pour le coup ça rien à voir avec la ville, il s'agit en fait du lieu-dit barcelonais où ont été assassiné 2 géorgiens en 2016, point de départ de l'enquête. 
Si Barcelone est le centre névralgique du dit réseau, opérant à la fois dans le blanchiment mais surtout dans les cambriolages et de vols de transport de fret alimentant la fameuse caisse commune (obschak). 
Naples est pourtant belle et bien un lieu de villégiature plus qu'apprécié des vors caucasiens, y faisant tout autant du tourisme que du «commerce». La Camorra a depuis longtemps la réputation d'être une mafia touche à tout, ce qui est justement une prérogative commune avec les mafieux russophones. Contrebande de cigarettes, d'alcool, vols et cambriolages en tous genres, mais surtout la fausse monnaie.... les occasions ne manquent pas pour descendre sur la côte amalfitaine.

Un épisode illustre bien la présence caucasienne en Campanie, celui de l'assassinat le 30 décembre 2014 du vor géorgien Georgy «Giga» Mamukovich Burduli, abattu d'un tir de sniper en pleine tête dans sa résidence napolitaine. Il décède 2 jours après de ses blessures. 
Âgé d'à peine 26 ans, il avait été couronné en juin 2013 en Grèce lors d'une grande cérémonie, en vogue à l'époque, qui avait introduit plusieurs autres jeunes géorgiens et 2 tchétchènes dans la «confrérie». 
Parmi ses «parrains» on trouvait l'azéri Alibala Alisaftaroglu Gamidov aka "Goja Bakou". Le lendemain de ces couronnements désapprouvés par la veille garde géorgienne, Gamidov était abattu à Istanbul. Ce meurtre va déclencher la chute d'autre dominos au sein du milieu azéri qui vont découler sur une lutte sans merci entre les figures montantes des vorys, Rovshan Dzhaniev et Nadir Salifov mais ce n'est pas le sujet (allez lire le dossier ci-dessous).

La présence du géorgien dans la cité partenope n'est donc pas dû au hasard. 
Durant ces années 2010 une grande guerre oppose 2 entités de la mafia russophone, une incarnée par Aslan Usoyan et son clan de Tblissi (ou clan des Slaves) et l'autre par plusieurs «jeunes loups» dont les têtes de gondole sont Dzhangveladze du clan Soukhoumi, Lasha Shushanashvili mais surtout Tariel Oniani du clan Kutaisi. 
Le point d'achoppement ? Le partage des «gains» des JO d'hiver 2014 de Sotchi, haut lieu de villégiature de la Nomenklatura moscovite mais surtout des vor v zakone.
Aslan incarne aussi et surtout pour beaucoup la déliquescence des vor, devenus des monstres d'égotisme affairistes et sans foi ni loi obéissant plus à l'argent qu'à la solidarité prôné par les «pères fondateurs». 
Difficile pourtant de croire que les ennemis d'Aslan se tiennent bien mieux au sein de l'orthodoxie prôné par les vors de jadis, pauvres détenus détroussant ou cambriolant pour leur survie et par désobéissance civile. 
Il saute aux yeux que l'appât du gain d'Aslan est effectivement sans limite et à force de manger la laine sur le dos des autres il a fini par agacer et c'est un euphémisme. 
Au même moment de nouvelles lois anti-vor apparaissent en Géorgie obligeant des dizaines de sommités du crime à pousser vers l'Ouest tandis que d'autres iront vers l'est, en Turquie. La guerre des mots puis des calibres va pousser certains proches d'Oniani-Dzhangveladze à vouloir changer d'air et à préférer le gorgonzola au beyaz peynir. 
Peine perdue, L'Italie est aussi chasse gardée d'Aslan notamment dans le Piémont et la Lombardie
En décembre 2012, une cellule dirigé par Besik «Beso» Kuprashvili y a été démantelée. 
Elle utilisait un atelier de fabrication de fausses pièces de monnaie découvert près de Milan et géré par l’italien Davide Coen, un ancien bijoutier de 75 ans, considéré comme un des meilleurs faussaires en Europe.

Rustavisky vs Svani et Kutaisi vs Tblissi

Entre 2010 et 2012, les carabiniers de Novara ont interpellé près de 120 personnes, membres de réseaux de voleurs géorgiens, impliquées dans au moins 3 000 cambriolages dans toute l’Italie, pour un butin de plusieurs dizaines de millions d’euros. 
L’or et l’argent des bijoux volés étaient d’abord fondus en Italie (une vingtaine de receleurs spécialisés, tous italiens, ont été arrêtés) avant d’être envoyés en Géorgie, tout comme les autres objets volés. Parmi les objets récupérés par les enquêteurs figurent des bijoux volés aux États-Unis, dont une bague du Superbowl (la finale du championnat de football américain). 
L’argent des vols était notamment réinvesti dans des restaurants en Italie.
En plus du conflit «générationnel» les voleurs dans la loi géorgiens implantés en terre transalpine se divisaient en 2 clans, en conflit : les Rustavisky (originaires de la ville de Rustavi, à 25 km au sud-est de Tbilissi) et les Svani (originaires de Svanétie, région au nord-ouest de la Géorgie). Leur guerre avait notamment débouché sur l’assassinat en janvier 2012 à Bari de Revaz Tchuradze, un ancien policier de 51 ans.
L'assassinat à Moscou d'Aslan en janvier 2013 (d'une balle de sniper lui aussi) ne délite pas les volontés de part et d'autres de régler ses comptes et d'autres têtes vont tomber. Le successeur d'Aslan, Zakhary Kalashov, autre féru de tapas, s'il s'avère un peu plus magnanime que «Grand-père Khassan» il ne transigera pas avec les dissidents. Le conflit va continuer avec certes moins de sang dans les rues de Moscou et d'Antalya. Il va surtout imposer un «moratoire» début 2015 afin d'empêcher de nouveaux couronnements de vors, un titre voué à la "spéculation financière d'ersatz de criminels".

Dans un rapport de novembre 2018 la police fédérale allemande (BKA) fait état de l'existence d'une puissante organisation criminelle arménienne ayant infiltré plusieurs grandes villes, où elle est active dans les fraudes aux cartes de crédit, la fausse-monnaie, le blanchiment d’argent, le trafic de stupéfiants et le proxénétisme. Les boss de ce réseau entretiennent des liens forts avec d’autres boss de la mafia russophone en Belgique, France et Espagne. Ainsi, l’opération KUS menée en juillet 2018 avec l’arrestation de 129 personnes, souvent d’origine arménienne, dont 8 vory’v’zakone, y compris les boss Erik «Ero Tomsky» Dzhaginyan et Artem «Artem Saratovsky» Sargsyan.
En mars de la même année, le BKA a conseillé aux polices des Landers d’éviter de travailler avec l’Ambassadeur d’Arménie, Ashot Smbatyan, à cause d’un «mélange des genres» entre structures étatiques et diplomatiques, et le crime organisé arménien. De plus, le BND avait soupçonné Smbatyan en 2008 de contrebande et de trafic de migrants. Il était alors un employé de l’Ambassade d’Arménie en Allemagne, avant de devenir Ambassadeur en 2015. 
L’affirmation des liens entre l’Ambassadeur et le crime organisé par les journaliste a entraîné une petite tension diplomatique entre les deux pays, le diplomate ayant porté plainte en diffamation, soutenu par les autorités de son pays. Selon la police arménienne, aucune enquête, ni aucune demande d’entraide venant de l’Allemagne n’est en cours sur Smbatyan. La diaspora arménienne d’Allemagne (50.000 à 80.000 personnes) a également peu apprécié les accusations des médias allemands.
Le 17 février 2014, les carabiniers contrôlent près de Naples une Mercedes noire portant des plaques d’Erfurt. Le véhicule transporte deux arméniens, un roumains et deux italiens, mais également 124.550 euros en fausse-monnaie et 5.260 euros en liquide. En parallèle de cette affaire, deux arméniens d’Erfurt sont sous enquête depuis une année pour contrefaçon de monnaie, des faux euros justement imprimés à Naples, par des groupes liés à la Camorra. Les deux arméniens interpellés en Italie avaient sur eux des téléphones portables appartenant à la société «Abraham box sport GmbH», une société immobilière appartenant au champion de boxe arménien Karo Murat. Les deux italiens arrêtés dans cette Mercedes, un couple habitant à Hanovre, ont des liens familiaux avec un clan calabrais de la ‘Ndrangheta. On retrouvera Murat impliqué dans une fusillade entre arméniens survenue à Erfurt en juillet de la même année.
Les vory’v’zakone arméniens ont donc une solide implantation dans toute l’Allemagne, et de puissants soutiens.

L'année suivante c'est le vor géorgien Spartak Japaridze qui est arrêté dans une maison de San Pietro a Patierno dans la province de Naples où il vivait avec sa femme. Il avait échappé à l'arrestation en Espagne en janvier 2017 après l'opération de démantèlement du réseau des frères Sushahanashvili, Kakhaber et Lasha dont la faction espagnole était dirigé par Zviad Darsadze. 
En octobre 2020 c'est encore à Naples dans le quartier de Forcella qu'on va arrêté un géorgien fugitif, Kakha G., soupçonné d'un meurtre sur fonds de trafic de drogue à Karlsruhe.
Les Sushahanashvili, on en a entendu parler en France. Une affaire liée indirectement au conflit évoqué plus haut au sein de la mafia russophone. L'assassinat en mars 2010 d'un géorgien Vladimir Janashia découvert mourant aux urgences de l'hôpital de la Timone. Depuis Kakhaber a été condamné à perpétuité en 1ère Instance en 2019 et en Appel en 2020. Détenu à l'isolement depuis 7 ans, un juge d'application des peines de Béthune a reconnu un «traitement anormal» en janvier dernier. Pour l'heure rien n'indique que sa situation ait évoluée. 

Sur toute la côte méditerranéenne, les réseaux s'épient, se volent, collaborent, se trahissent aussi et se font la guerre. Pour un seul credo le bien plus souvent : La Henry VIII, la Babania, la Beuh, la Spécial K en attendant la Crystal qui s'installe.
En 2017, les services répressifs espagnols ont ouvert 16.436 dossiers de trafic de stupéfiants, pour 477 tonnes de produits saisis. Voici le bilan : Drogue la plus représentée la résine de cannabis avec 335 tonnes suivie de la cocaïne avec 41 tonnes. (Parquet national espagnol - Crimorg.com)

Selon l’étude de l'ONUDC parue en septembre 2018, les cultures de coca sont en augmentation par rapport à 2016 : 171.000 hectares (+17%). Le rendement des champs est resté inchangé (5,6 tonnes par hectare et par an), la production potentielle de chlorhydrate de cocaïne (le produit fini) est en hausse, entre 1.174 et 1.623 tonnes (31% de hausse).
Les prix sont : 0,71 dollars le kilo de feuilles de coca (-20%) ; 554 dollars le kilo de pâte de coca (-14%) et 1.508 dollars le kilo de chlorhydrate de cocaïne (-11%).
En matière de saisies : 435.431 kilos de chlorhydrate de cocaïne (+20%) et 4.252 laboratoires clandestins ont été découverts et détruits (-12%), de même que 52.571 hectares de plantations de coca (+188%). 
Cette augmentation est elle à mettre en corrélation avec un autre rapport de la police espagnole signalant l’activité exponentielle des groupes criminels colombiens : 17 tonnes de cocaïne saisies en provenance de Colombie ces 12 derniers mois (souvent par containers) et 496 trafiquants colombiens (la deuxième nationalité étrangère, après les marocains) arrêtés, dont quelques caïds importants (notamment basés à Madrid, Valence, Barcelone, Tarragone et Alicante). Selon le document, les mafias chinoises semblent devenues les nouvelles alliées des organisations colombiennes, notamment du «clan del Golfo» et de la bande criminelle «la Cordillera». Le Cartel de Jalisco Nueva Generacion qui a supplanté le Sinaloa, a lui aussi ses blanchisseurs de l'Empire du Milieu et notamment Haiping Pan à la tête d'un service de transfert d'argent. 

Les opérations de blanchiment se font également à travers les banques chinoises via des opérations d’achats-ventes de biens ou des transactions avec des casinos ; les intermédiaires chinois touchant de 10 à 14% des sommes blanchies. On constate d’ailleurs une baisse des affaires de passeurs d’argent physique entre l’Espagne et la Colombie. Plus que jamais les clans galiciens («los Lulús», «los Burros» et «los Pasteleros») sont utilisés pour jouer les intermédiaires entre les groupes criminels colombiens et les blanchisseurs chinois. Certains intermédiaires sont payés en drogue, revendue dans les villes de Shanghai, Ningbo, Shenzhen ou Shekou. Le gramme de cocaïne se revend jusqu’à 500 dollars dans cette zone, contre 30 dollars à New York. (El Tiempo - Crimorg.com)

Si j'étais le manager de Manu Chao

Une collaboration colombiano-améeicano-espagnole va notamment permettre la saisie en novembre de 650 kilos de cocaïne dans une voiture à Pontevedra (Galice). L’enquête a commencé en Colombie quand les policiers apprennent que plusieurs personnes, d’origine galicienne, négocient l’achat de cocaïne. Leurs collègues espagnols identifient les acheteurs et localisent une maison servant de lieu de stockage en Galice. Les forces spéciales investissent la maison et découvrent la drogue dans le véhicule, de même de 50.000 euros en liquide, 4 véhicules et plusieurs téléphones portables.
Un des chefs de ce réseau serait Jorge Gómez Calvino, le manager des tournées espagnoles du chanteur Manu Chao. Il avait déjà été impliqué après la saisie de 3,4 tonnes de cocaïne sur un bateau en mai 2013. Aux côtés de Gómez Calvino, se trouveraient Camilo Outón Sartal, dit «El Chatarrero», et Manuel Rey Santiago, des trafiquants galiciens déjà connus de la police. 

En parlant des galiciens courant août, les douanes espagnoles vont intercepter près des Açores un bateau de pêche transportant 2,5 tonnes de cocaïne. Les 4 membres d’équipage ont également été arrêtés. Parmi les personnes arrêtées figure un patriarche historique du narcotrafic en Espagne : Manuel «el Viejo» Charlin Gama fondateur du gang homonyme «Los Charlines», 85 ans. Son fils Melchior Charlin Pomares a également été interpellé. 
Propriétaire d’une flottille de pêche, Manuel est arrêté en 1989 pour trafic de cannabis. Il est par ailleurs à même époque tout autant connecté avec le Maroc qu'avec la Colombie. Relaxé en 1994, il reste incarcéré dans une autre affaire mais continue de diriger ses trafics depuis la prison. Il est finalement libéré en février 1997. En juin de la même année, le clan est visé dans une opération après une saisie de 6 tonnes de cocaïne au Maroc. Il est condamné en 1999 à 20 ans de prison, aux côtés de son frère José Luis et de ses enfants Adelaida, Josefa, Melchior et Manuel. Josefa, Melchior et Manuel Charlin ont été à nouveau accusés en juillet 2010 de blanchiment.

José Andrès Boveda Ozores surnommé «Sandokan» (comme un célèbre boss des Casalesi de la Camorra tiens tiens) est interpellé sur le chantier naval de Graünner une des entreprises à laquelle il est lié tout comme une dizaine d'autres réparties dans toute la région d'O Sannès sur la rive sud d'Arousa. Ce chantier spécialisé dans les bateaux à grande vitesse, orienté vers les sports nautiques opère depuis 2005 à Tragove. Il a déjà été cité dans plusieurs autres affaires sans jamais être inculpé. Jacinto Santos Vinas un autre gros narco local à lui aussi été interpellé. Déjà condamné à 6 ans avec son frère Roberto Leiro Santos pour 36 tonnes de haschisch saisis sur le bateau «Voga 1» en 1996. Il  encore été impliqué dans deux affaires en 2003 et en juillet 2004 avec la saisie de 412 kilos de cocaïne au large du Togo.
L'importance de ces bateaux dans la logistique des réseaux de passeurs de drogues n'a aucun équivalent au monde même si dans les 80's la route Floride-Cuba-République Dominicaine a eu des heures de gloire tout comme ses images d'Epinal de narcos à la barre de grosses cylindrées nautiques. Le Détroit de Gibraltar est un lieu propice à la «nidification» de cette drôle d'espèce de  la race des semi-rigides avec plusieurs familles différentes du classique Zodiac au «Evok Marine 21», les plus typiques sont sans doute le «Selva Marine» et le «Lomac Gran Turismo», il y en a pour tous les goûts.

La mythologie des planeadoras

Bien que pêcheurs les narcos galiciens ont surtout su se diversifier pour naviguer au dessus la ligne de flottaison et ce dès les années 80. Le planeadoras (vedettes) était le moyen de transport le plus sûr pour ces risque-tout. Devenus de vrais pirates des mers, les pilotes de ces engins sont devenus des légendes pour tout une génération de trafiquants. Pour certains on peut même parler de culte comme pour Manuel Durán Somoza aka «Kubala». Sa mort «en pleine course» le 17 juillet 1996 n'a fait que renforcer son aura. Celui qu'on surnommait «le roi des planeadoras» était un associé de Sito Minanco (dont on a parlé dans la partie 7) avec qui il s'initie à berner les douanes grâce à leur parfaite connaissance des voies maritimes. 
Ces hommes étaient autant passeur de drogue, que de n'importe quel contrebande mais c'étaient surtout «a la fine» des braconniers des fonds marins. Ce qu'on appelle le cansito, une activité qualifiée d'art par certains locaux a été interdite par décret en 1988 à force d'appauvrir les sols et les espèces au fond de la mer. 
Alors pour assurer l'ordinaire vu qu'on leur coupait de quoi subsister, les braconniers sont devenus des passeurs de haschisch puis de cocaïne à plein temps. C'est cette année là qu'on a connu d'ailleurs le 1er incident mortel en mer entre des passeurs et les Douanes. 
6 mois plus tard c'est un douanier qui était tué dans l'exercice de ses fonctions. 
Les passeurs comme leurs poursuivants prennent tous les risques et ce jeu du chat et de la souris deviendra un rituel pour les décennies à venir.
Le décret de 1988 interdisant la braconnage n'a cours qu'en Galice et est l’œuvre du ministre des Transports de l'époque, José Barrionuevo. C'est assez ironique cette croisée des chemins. Barrionuovo a été nommé à ce poste après un remaniement ministériel et était auparavant le Ministre de l'Intérieur depuis 1982. 

José Barrionuevo (La Opinion de Murcia)

José Barrionuevo (La Opinion de Murcia)

En tant que ministre de l'Intérieur, il a été le principal responsable de la création des Groupes antiterroristes de libération (GAL), qui pratiquèrent des actes de terrorisme orientés contre les indépendantistes basques de ETA en Espagne mais aussi sur le territoire français provoquant 27 morts entre 1983 et 1987. Composé de policiers espagnols et d'ex membres de l'OAS et de barbouzes, ce groupe hétéroclite a eu aussi le nez dans la poudreuse. On en retrouvera plusieurs la décennie suivante mêlés à des histoires de dopes, d'armes et de blanchiment immobilier avec l'aval du gouvernement.
Il a été condamné à dix ans de prison et douze ans de privation des droits civiques pour la séquestration de Segundo Marey et détournement de fonds publics en juillet 1998. 
On lui accordera une réduction de deux tiers, il finira sa peine en semi-liberté et sortira en 2004. 

Une nouvelle génération

Aujourd'hui ces bateaux mythiques n'ont plus cours dans les eaux de l'estuaire d'Umia à Cambados et même à l'embouchure de la rivière Ulla. 
On leur préfère les hors-bords rapides les «narcolanchas» avec une capacité de chargement toujours plus importante. (elcorreogallego.es)
L'activité de cette nouvelle génération de passeurs, qui n'a plus rien d'ésotérique a poussé les autorités a fabriqué des barrières anti-drogue sur la rivière Guadarranque, près de Gibraltar. 
Sauf que les sabotages sont nombreux au moins 4, entre février 2017 et octobre 2018.
En octobre 2016, ce dispositif anti-narcos à 230.000 euros avait été installé pour empêcher les bateaux chargés de stupéfiants de remonter la rivière. Il s’agit de 25 pieux en acier, remplis de béton, de 80 centimètres de diamètre et espacés de 2,4 mètres. Les pieux, reliés par des barres transversales, sont hauts de 15,10 mètres et dépassent donc du fleuve de 1,5 à 3 mètres, selon la marée. 

Le secteur est devenu des plus concurrentiel et sur tout le littoral, les équipes se font et défont au gré des opérations policières. 1er de cordée «Los Castanas» des frères Antonio et Francisco Tejón Carrasco, véritables caïds du trafic de cannabis dans le détroit. 
Dans leur fief de La Linea de la Conception  ils osent tout, et ne s'en cachent pas. 
Ainsi le 7 février 2018 Samuel Crespo Domínguez, un membre de la bande avec 3 mandats d’arrêt contre lui pour trafic de stupéfiants est interpellé après une course-poursuite en scooter. Ayant chuté lors de cette poursuite, l’homme est conduit à l’hôpital, gardé par deux policiers. Une vingtaine de personnes, encagoulées et arrivées par des fourgons et des tout-terrains, envahissent l’hôpital pour le libérer. Les deux policiers de garde n’ont pas voulu utiliser leurs armes pour éviter une escalade de la violence. Ils parviennent tout de même à interpeller un des hommes, un cousin de Samuel Crespo.
«Samuelito» est finalement rattrapé en juin après des folles rumeurs lui prêtant une fuite en scooter des mer jusqu'au Maroc. 
Quelques jours plus tôt c'est son boss Antonio qui était interpellé au sein même du fief de la Línea de la Concepción. 

Ca nargue les flics

Recherché depuis 2016, les enquêteurs de la police affirment que le cartel de Castana a fait plus de 30 millions d'euros avec le trafic de drogue ces dernières années. Carrasco, le plus jeune des frères Castaña, était caché dans l'une de ses demeures fortifiées - de grandes maisons de luxe situées derrière de hauts murs renforcés de barbelés qui ont vu le jour depuis que l'industrie de la drogue a commencé à être le principal moteur de l'économie locale. 

L'aîné Francisco va même narguer la police en apparaissant dans un clip du chanteur «Clase A» avant d'être lui aussi arrêté le 17 octobre 2018. L'enquête de police va trouver des traces de conversations entre Francisco et deux policiers pour «garantir la couverture de leurs activités illégales». 
Le 30 octobre 2019, une société irlandaise est chargé de payer la caution de 120 000 euros de Francisco Isco Tejon imposé par le jugement du tribunal de première instance.

Et vous savez ce qu'il se passe passe quand de l'argent arrive à flux tendus dans des zones où on vous dénie l'intégration économique qui a pour conséquence un ostracisme géographique exacerbée ? 
Et bien on créé une génération spontanée de criminels, poussée vers le choix le plus rationnel d'un point de vue économique. Se tourner vers la seule entreprise qui marche. 
Campo de Gibraltar se targuait d'être une des zones les plus paupérisée d'Espagne avec un taux de chômage record. Aujourd'hui les autorités compteraient environ 3 000 personnes travaillant pour une trentaine de gangs de trafiquants. 

La Linea de la Conception (Andalucia)

La Linea de la Conception (Andalucia)

Si les vocations criminelles trouvent toujours leurs chemins, il en est de même pour la drogue. Toutefois les réseaux, eux, sont toujours en quête de route commerciale et ce même si elles finissent à 90% en Espagne, Belgique et Pays-Bas les «sorties» du territoire sud-américain ont toujours été bien plus diversifiées. L'actu crimorg de la fin d'année 2018 va mettre le cap vers l'Argentine. 

Identifié grâce à 3 doigts

Partenaire privilégié, des narcos européens, le «clan des Loza», accusé d’importer de la cocaïne depuis l’Amérique du Sud vers l’Italie et l’Espagne. Arrestations en décembre 2018 de 31 personnes en Espagne, 17 en Argentine et 3 personnes en Italie. Impliquée dans la culture et la distribution d’herbe de cannabis en Espagne, l’organisation importait également des containers maritimes chargés de cocaïne depuis l’Argentine, la Bolivie, la Colombie et le Pérou vers l’Europe. L’argent était notamment blanchi dans l’immobilier en Argentine. 

En octobre, on retrouve le corps sans vie d'un ressortissant italien, Vittorio Piva qui a été exécuté de 4 balles dans le dos et  dont le corps a été brûlé, près de Zarate, à 70 km de Buenos Aires. 
Il a pu être identifié car 3 de ses doigts sont retrouvés intacts dans les cendres. 
Originaire de Milan, il était installé depuis plusieurs années en Argentine, cet ingénieur de profession était porté disparu depuis le 12 octobre et c’est sa compagne, une brésilienne résidant en Bolivie (elle est interdite d’entrée en Argentine), qui a signalé sa disparition. Il avait ouvert une ferme et produisait du soja, se rendant souvent pour affaires en Bolivie, au Paraguay, en Uruguay, au Brésil et en Espagne. Il y a deux ans, il avait été arrêté avec de la cocaïne chez lui mais avait été libéré rapidement. L’hypothèse des enquêteurs est une affaire de 25 kilos de cocaïne : Piva aurait vendu cette drogue, venant de Bolivie, à deux hommes qui pensaient l’expédier en Europe. Il ne serait pas revenu de son rendez-vous avec les deux trafiquants. 

Quelques semaines plus tard la police fédérale argentine après 10 ans de fuite, met la main sur Giancarlo Massidda, 61 ans. Condamné en Italie pour trafic de drogue et évasion à 23 ans, 9 mois et 10 jours de prison précisément. Massida, originaire de Nettuno dans le Latium, dont le conseil municipal sera dissous en novembre 2022 pour collusion mafieuse, vivait en Argentine sous une fausse identité. 
Son dossier Interpol comptait trois passeports italiens différents délivrés entre 2001 et 2002, il était aussi marqué trois signes particuliers pour l'identifier. Trois tatouages : un diable sur son abdomen, une sirène sur sa jambe gauche, un aigle sur sa jambe droite. Le visage avait vieilli pas les tatouages.
Il est accusé d’avoir expédié de nombreuses cargaisons de cocaïne entre le Brésil et l’Italie depuis 1996. Arrêté en 2005 en Espagne puis extradé en Italie, il a été placé aux arrêts domiciliaires, dont il s’était évadé en 2010. Massidda si on fouille les archives de La Repubblica a connu sa 1ère arrestation en juillet 1988 pour trafic de drogue à Anzio (autre ville du Latium) qui a elle aussi «perdu» son conseil municipal en même temps que Nettuno et pour les mêmes motifs, incroyable hasard non ?
Sa bande trafiquant avec Francesco Paolo Coppola l'un des filleul du feu boss Frank «Three Fingers» Coppola décédé 6 ans plus tôt et dont l'expulsion de New-York à Palerme avait nourri bien des articles et des fantasmes chez nos amis transalpins. (Infobae)

A Naples, la malavita n'est jamais au repos mais en 2018 rares sont les quartiers en proie aux querelles. 
Traiano connaît bien quelques sursauts comme l'assassinat début juin d'Angelo Ranieri aux antécédents de vol et trafic de drogue. Il semble que ses agresseurs ne voulaient pas le tuer car ils ne l'ont visé qu'aux jambes mais une balle a touché une artère et les secours n'ont rien pu faire. 
La fusillade s'est déroulé via Tertulliano, considéré comme un bastion du clan Puccinelli-Petrone. 
Quelques mois plus tard le boss Ciro Puccinelli, du clan homonyme est arrêté dans la matinée à Bettolle près de Sienne (Toscane). Il était recherché pour purger une peine de 17 ans et 9 mois pour association mafieuse, trafic de drogue et plusieurs autres délits depuis 2014.

La fin du Shérif

Le 15 juin 2018, une bombe endommage la façade du «Café Shabby» dans les Quartieri Spagnoli. Un acte qui fait craindre une flambée de violence contre les commerçants du centre-ville dans une nouvelle campagne d'expansion de certains clans. On parle notamment de Ciro Mariano, ex boss de Picuozzi, sorti de prison récemment. Le racket est une des activités les plus florissantes du 'o sistema napolitain mais ces derniers temps il avait été délaissé par nombre de clans qui se sont consacrés au trafic de drogue, créant par ailleurs une véritable hypertrophie par rapport au reste des activités délictueuses. Peut-on y voir la volonté de certains clans/familles de revenir à la base qui est le racket comme un moyen de contrôle de territoire ? Aujourd'hui Naples compte de nombreux et même trop nombreux groupe actifs camorristes. La gentrification de ces clans sur une seule activité, la drogue a mené à des nombreuses guerres, morts, blessés et personnes arrêtées. L'heure est à la diversification à nouveau.

En cette fin d'été ce ne sont pas les règlements de comptes, les procès ou les opérations de police qui pour une fois vont monopoliser l'attention médiatique. 
Il y a d'abord le décès du boss Ciro «lo Sceriffo» Lepre chez lui à Cavone entre la via Salvador Rosa et la piazza Dante à Naples où  il était assigné à résidence. Il avait été transféré le 28 mai 2017 de sa prison de Nuoro pour un problème de santé à un hôpital de Turin. Puis il a été placé en résidence surveillée le 2 mars pour finir de purger une peine pour association mafieuse et extorsion.
Déjà dans les années 90, Ciro contrôlait la zone du centre de Naples grâce surtout au trafic de cigarettes de contrebande puis à l'extorsion de tapis. C'est son clan qui a «inventé» l'imposition des marchands de sacs en plastique, avant même que cela ne devienne coutumier pour les autres clans de la ville. Le 10 mai 2005, lors de la querelle entre le clan Misso et Torino dans le quartier de Sanita, a été la cible d'une embuscade, mais les tueurs ont raté le but et même s'ils l'ont touché au visage, la balle a traversé ses joues d'un côté à l'autre. Un repenti a dit récemment que c'était les Terracciano des Quartiers Espagnols qui avait tiré et non les Misso de Sanit.  

Le 13 septembre 2014, son frère Carmine, dit «pain de viande», a été tué devant un kiosque à boissons à Cavone. La réponse, selon les enquêteurs, est venue 2 ans plus tard avec un double meurtre in vico Nocelle de Salvatore Esposito, un régent émergent du quartier et son garde du corps, Ciro Marfe'.
La zone est actuellement sous le contrôle du groupe Saltalamacchia, qui depuis les quartiers espagnols a réussi à conquérir les ruelles du centre-ville. Selon les enquêteurs, ce quartier génère des revenus criminels de plus d'un million d'euros par an grâce surtout à la vente de drogue au détail pour la vie nocturne du centre historique. 

Chose incroyable mais ce 2 septembre est aussi la date où on apprend le décès d'un autre «vecchio boss» camorriste. Ciro Mazzarella, décède à l'âge de 78 ans chez lui dans le quartier de Posillipo, sur les hauteurs ouest surplombant le golfe de Naples où  il avait déménagé il y a quelques temps.
Pendant des années, il a été au sommet de la pègre du clan homonyme, originaire de San Giovanni a Teduccio, mais qui s’est développé jusqu'au front de mer de Santa Lucia. 
Neveu de Michele Zaza (frère de son père Francesco), dont il reprend les affaires avec ses frères Gennaro et Vincenzo (qui est celui qui a hérité du surnom «o pazz» du tonton). 
Lui était surnommé «o scellone» pour son aspect osseux qui faisait ressortir ses omoplates faisant penser à des petites ailles (scelle en napolitain)
Il va vite prendre son envol et commet son premier crime à l'âge de dix ans. Il poignarde presque à mort une personne et finira dans une école de correction. Élevé dans l'ombre du charisme criminel de son oncle, à la mort de Zaza, il hérite des contacts, du pouvoir et du leadership du clan. Mais ensuite, il doit donner les rênes à son frère Vincenzo, car il se retrouve en prison. Dans le même temps, le clan installe un réseau de contrebande de cigarettes au Monténégro. C'est à partir d'ici que les stocks de «blondes» inondent les marchés parallèles. Dans l'ancienne république socialiste qui a afflué dans la confédération yougoslave, ses liens sont nombreux et puissants. Au début de l'année 2000, il fini dans un procès à Bari pour trafic international de cigarettes où on verra Milo Dukanovic, futur sulfureux président du Monténégro, jouer les témoins. Il échappe à la prison mais il est arrêté en Espagne en 2002 et va en prison en 2006 il est libre il déménage dans le quartier de Barra mais se rend quotidiennement à Pallonetto di Santa Lucia, où, selon les enquêteurs, il contrôle son territoire et rencontre ses hommes. La police l'arrête à nouveau en avril 2008 alors que Ciro déjeune avec sept «comparielli», avec sur la table des spaghettis aux palourdes. Puis la sortie définitive en 2011 sous surveillance spéciale durant laquelle il va donner quelques interviews et même collaborer, non pas avec la justice mais avec le journaliste Fabrizio Capecelatro pour le livre qu'il lui a consacré intitulé «Lo Spallone» (Stylo24)

2 mois plus tard, c'est son jeune frère Vincenzo «o pazz» qui décède en prison à l'âge de 62 ans. Il serait décédé d'une maladie, deux mois après son frère Ciro, 'o scellone, décédé dans son lit le 2 septembre dernier, à la suite d'une longue maladie. Leurs leaderships a mené le clan Mazzarella à être l'une des plus puissantes de Naples et cultiver des relations directes avec Cosa Nostra. Les rênes du clan fondé par Michele Zaza passent aux trois frères Mazzarella dans les années quatre-vingt-dix, après la capture du parrain Michele (également appelé «o pazz», il mourra d'une crise cardiaque en juillet 1994). La police française et italienne l'interceptent à proximité de la capitale transalpine, à l’intérieur du parc Disneyland Paris. Il se trouvait dans une voiture avec trois citoyens non européens, l'un d'entre eux est titulaire d'un passeport diplomatique sénégalais. Au début de 2000, le groupe de Vincenzo Mazzarella s’étend également à Forcella, dans le district de Maddalena et dans d’autres zones du centre historique, également en vertu de l’alliance avec les Giuliano (dû au mariage du fils aîné de Vincenzo Michele avec Marianna Gioliano la fille du boss Luigi de Forcella.
En France, «o pazz» avait déjà été arrêté en 1999. En juin de cette année, le patron avait été interpellé à Nice, puis (en décembre) extradé vers l'Italie, où il avait été jugé et condamné pour association mafieuse. Dans l'une de ses résidences, la police avait saisi un léopard. Peu de temps avant sa capture à Paris, il était le destinataire d'un mandat d'arrêt émis par l'anti mafia de Naples. Selon les estimations des enquêteurs, le montant perçu par le criminel s'élevait à un peu plus de 200 000 euros par mois, grâce au racket pratiqué dans les zones contrôlées par son clan. 

En juillet 2018, les peines du procès procès du clan Longobardi-Beneduce tombent. 
Démantelé en 2016, les 202 pages de l’ordonnance de mise en détention raconte les derniers actes criminels commis par la «Camorra di Flegrea» grâce à quatre pentiti dont l’ancien boss Napoleone del Sole, dont la régence a duré moins un an. A ces quatre personnes ont été ajoutées les déclarations d'une douzaine de repentants "historiques" de la famille Beneduce-Longobardi, dont Alfredo Sartore, Gaetano D'Ausilio, Roberto Perrone et Luigi Giugliano. Leurs histoires ont exposé tout le travail du clan ces dernières années. Le repentant a expliqué comment l'organisation contrôlait totalement le trafic de la zone et gérait différentes places de cocaïne, de marijuana et le haschisch entre le district de Pozzuoli di Monterusciello, la station balnéaire de Licola et les rione Traiano et Arco Felice. L'argent gagné par le gang est réinvesti dans des activités entrepreneuriales. Un clan fortement militarisé, qui disposait d'un fonds soutenant les familles et les prisonniers. 
20 ans de prison pour Nicola «Faccia abbuffata» Palumbo, régent de Quarto et bras-droit des Longobardi. 18 ans et 4 mois pour le nouveau repenti Antonio Ferro et 17 ans et 4 mois pour son frère Andrea. Peines de prison aussi pour Pio Aprea et Giuseppe Carotenuto. On remarque l'acquittement de 3 des 5 membres de la famille Illiano accusé de gestion du stationnement et de l'extorsion au marché de Monterusciello. Ainsi que que du frère du boss Ferdinando Longobardo, arrêté le mois dernier pour extorsion de fonds. 4 ans de prison pour les repenti Napoleone Del Sole, Giuseppe Rocco, Antonio Di Roberto et Ciro De Felice.
En cumulé il y a eu 542 années de prison infligées et 11 acquittements.

Parmi les personnes poursuivies on retrouvait toute une galerie de personnages dont les surnoms valent bien plus que n'importe quelle longue explication sur la Camorra : Tommaso «Pappagone» Barletta ; Gaetano «Ninuccio e Pisciachiara» Campanile ; Gennaro «Tubetiello» Carnevale ; Giuseppe «Pinuccio a Ricotta» Carotenuto ; Gennaro «o' Lupo» Cavaliere ; Alfonso «o 'Nano» Di Bonito ; Francesco Saverio «Cicciobello» Di Constanzo ; Angelo «Angioletto o Gnurant» Di Domenico ; Biagio «Biagio o Falegname» Gargiulo ; Alessandro «Nas' 'e Can» Iannone ; Biagio «Fiet' a Cazzetta» Loffredo et le fiston Francesco «Checco fiet'e Cazzetta» Loffredo ; Antonio «O' Campaguolo» Mele ; Umberto «Mignone» Reazione ; Giuseppe «Pinuccio o'Russo» Rocco ; Francesco «Chechotto» Romano ; Mario «Maritiello o Pilota» Russo ; Diego «Panettone/ o Chiatta» Scognamiglio ; Rosario «Rosario 'a Jatta» Tizzano ;  Giuseppe «Pepp o !ice» ; Salvatore «Totore o!ice» Trincone ; Nicola «O'Stuort» Vallozzi et mon préféré, Francesco «Franchitiello mongoloide» Esposito.

Les procès tout compte fait ce sont les moments de calme avant les tempêtes. Et déjà une autre se profile l'horizon.

Dans la soirée du 11 décembre devant l'entrée de l'hôpital San Giovanni Bosco, une voiture dépose deux hommes. L'un était déjà mort, tandis que l'autre, Fabio De Luca, bien qu'il ait perdu beaucoup de sang, respirait toujours. 
Au moment de crime la police n'a encore aucune idée d'où a pu se passer la fusillade mais ils en ont une vague idée au vu des identités des victimes. L'homme tué se nomme Giuseppe «'O Casalese» Santangelo, âgé de 29 ans, il est lié au clan Amato-Pagano. 
On pense que fusillade s'est déroulé entre San Pietro a Patierno et Secondigliano ou alors à Scampia alors que tout Naples était devant son poste pour mater le match Liverpool Naples en Ligue des Champions. 
Les 2 hommes avaient selon toute vraisemblance rendez-vous avec leurs assassins mais pour quel raisons ? De Luca n'est pas de cette zone, il est affilié au Mazzarella un clan qui se déchire avec les  Contini depuis des années dans plusieurs quartiers de la ville. Or l'hôpital se trouve en face du QG des Contini dans le quartier Amicizia. 
O Casalese lui était un proche de Ciro Mauriello et son  nom avait émergé au cours d'écoutes téléphoniques liées au conflit entre la faction Mauriello et celle de Pietro Caiazza et de son fils Pasquale. 
Mais l'enquête va montrer qu'il s'était éloigné des sécessionnistes depuis plus d'un an et s'était rapproché des Mazzarella après l'opération policière qui a visé la faction Mauriello provoquant l'arrestation de Ciro et la fuite à Dubaï de son fils Raffaele. 
La présence des deux hommes semble en fait liée à une querelle amoureuse entre 2 seides des Mazzarella et cette histoire de cocufiage aurait poussé les 2 victimes a joué les pacificateurs, mal leur en a pris. Aujourd'hui en 2023 personne n'a encore été arrêté.

Dans la partie suivante on va évoquer une autre affaire de mœurs qui va donner lieu à l'arrestation la plus importante et la plus rocambolesque de ces dernières années en Italie.

 

 

Sources : Stylo24.it ; Il Roma ; Cronache della Campania ; Corriere dello Mezzogiorno ; Crimorg.com ; il Mattino ; InterNapoli ; 

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