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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


La Chinese connection des trafiquants mexicains

Publié par Desmoulins sur 14 Novembre 2019, 18:03pm

Catégories : #crime organisé, #blanchiment, #Mexique, #Chine

Les cartels colombiens avaient leur habitudes avec les libanais (en lien avec le Hezbollah) ou les banques panaméennes dans le années 80 et 90 pour blanchir leur argent. Encore dernièrement un réseau de cette «lebanese connection» est tombée en France avec à sa tête un promoteur immobilier utilisant le fameux système de l'hawala. 
Ils ont toutefois recouru aussi à tout un panel de cols blancs et de banquiers de toutes les nationalités, les canadiens, les premières banques offshores, les argentins et les suisses. Le Cartel de Pereira, un petit cartel bossant pour Cali et Medellin et bien implanté en Italie faisait blanchir l'argent par tout un réseau d'entremetteurs dont des hauts responsables d'une banque nationale colombienne et de la Banco Atlantico de Tijuana (Mexique). 
Dans les années 80, la Cosa Nostra sicilienne elle blanchissait son pécule de l'héroïne via la Banque du Vatican dirigé par Monseigneur Marcinkus, un prélat américain cousin d'un mafieux new-yorkais qui a trempé dans toutes les malversations financières liées au banquier mafieux Michele Sindona, à Roberto Calvi et à la loge maçonnique P2 de Licio Gelli.

Michele Sindona (Repubblica)

Michele Sindona (Repubblica)

Les moyens de blanchir l'argent sale sont aussi divers que les façons de l'acquérir. Le tout est de trouver la bonne idée. Au Brésil le blanchiment des revenus criminels du gang PCC se fait notamment via des centaines de stations-essence que le gang contrôle dans tout le pays ainsi que des bureaux de change.
Ces dernières années les narcos européens ont investis massivement dans l'immobilier d'abord prioritairement en Espagne au lieu de laisser l'argent végété sur des comptes en banque. Les sommes sont astronomiques. Un des derniers gros réseaux qui est tombé en Espagne en mai 2019 dirigé par un trafiquant lituanien depuis Marbella aurait gagné en 3 ans plus de 650 millions d'euros, investis dans de l'immobilier espagnol mais aussi en Pologne, Lituanie et Estonie. Une petite partie de l'argent a aussi été saisis en Angleterre. 
Mais depuis quelques années c'est à Dubaï que se fait le business du blanchiment. Une enclave où il fait bon vivre pour nombres de trafiquants et criminels en tous genres.

Dubaï, paradis des blanchisseurs du monde entier

Dubaï, paradis des blanchisseurs du monde entier

Les cartels mexicains ont dû eux aussi trouver des agents fiables pouvant encaisser le cash faramineux provenant du trafic de cocaïne mais aussi de fentanyl. Le cartel de Sinaloa, a lui eu recours à plusieurs schémas, le blanchiment aux USA via des comptes de résidents locaux. En août 2018, le footballeur Rafael Márquez, alors en pleine coupe du monde en Russie, a été placé sur la liste noire des États-Unis avec 20 autres personnes et 42 entreprises. Ils feraient tous partie ou participeraient à l'organisation du trafiquant Raúl Flores Hernández via ses gymnases et l'école de football "Escuela de Futbol" Rafael Marquez. Flores est décrit comme un «criminel intermédiaire» travaillant pour de plus gros bonnets, Beltran Leyva du Cartel du Golfe, El Chapo Guzman du Sinaloa  et El Mencho du Cartel de Jalisco Nueva Generacion. 
Le Sinaloa a aussi eu recours aux services d'une filiale de la Rabobank au Mexique. Depuis 2006 un mini bus plein d'argent se rendait quotidiennement à l'American Calexico et des centaines de millions de dollars ont ainsi pu être blanchis. En février 2018, la Rabobank a conclu un accord avec le pouvoir judiciaire aux États-Unis en échange du paiement d'une amende de 298 millions de dollars.
Le Département du Trésor américain flairant l'embrouille a commencé à placer plusieurs dizaines d'intermédiaires suspects vivant sur leur sol dans une liste noire. Dès lors que vous êtes présents sur la dite liste, vos comptes américains sont fermés et vous n'avez aucune possibilité de commercer aux USA avec des citoyens américains.

Rafael Marquez (wikipédia)

Rafael Marquez (wikipédia)

Au même moment, le Sinaloa avait déjà commencé à placer ses billes sur un autre territoire, la Colombie. Depuis quelques années les mexicains avaient réinvesti dans certains réseaux locaux, des réseaux en proie à des luttes intestines depuis la fin des puissants cartels colombiens. Pour faire passer la fraîche en Colombie on utilise des mules  injectant des capsules en latex, comme pour la drogue mais avec du cash à l'intérieur, une méthode baptisé «tragabilletes». En général une mule transportait 40 000 dollars. Les mules arrivaient à Bogota et l'argent était ensuite blanchi par le biais de bureaux de change et par l'achat et la vente de monnaie locale. Fin décembre 4 réseaux sont démantelés et 11 millions de dollars saisis. Peine perdue.
Toujours à la recherche de nouvelles idées, les narcos mexicains ne sont jamais à cours de ressources.
En 2018, la DEA, (l'agence anti-drogues américaine) découvre une opération criminelle internationale sophistiquée et triangulaire dans laquelle des trafiquants de drogue mexicains utilisent des citoyens chinois vivant aux États-Unis pour blanchir de l'argent et ainsi livrer leurs revenus au sud de la frontière.

Convertir les dollars en pesos

Ce faisant, les Chinois obtiennent des liquidités aux États-Unis, auxquels ils n'auraient autrement pas accès à cause des nouvelles restrictions bancaires en Chine. Ainsi, les trafiquants de drogue mexicains ont cherché à convertir en pesos les bénéfices tirés de la vente de drogue aux États-Unis, en tirant parti de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. 
Étant donné que la Chine a resserré sa réglementation bancaire, les autorités américaines ont constaté une augmentation de la demande de dollars de citoyens chinois fortunés vivant à l'étranger. Les procureurs fédéraux de l'Oregon ont accusé les chinois Shefeng Su, âgé de 39 ans, Xinhua Li Yan, âgé de 46 ans (résidents de Portland) et Xiancong Su, âgé de 39 ans, de blanchiment de capitaux pour un montant d'environ 29 millions de dollars entre octobre 2015 et mars 2018.
Les opérations de blanchiment se font à travers les banques chinoises via des opérations d’achats-ventes de biens ou des transactions avec des casinos; les intermédiaires chinois touchant de 10 à 14% des sommes blanchies. 
Comment les trafiquants de drogue mexicains envisagent-ils de blanchir de l'argent avec des citoyens chinois?

Les Inrocks

Les Inrocks

Su, Li Yan et Su étaient des intermédiaires. Selon l'acte d'accusation, ils ont pris les bénéfices des cartels mexicains et vendu l'argent en dollars à des Chinois. Les acheteurs ont ensuite effectué des virements bancaires à partir de leurs comptes en Chine, à savoir ceux des intermédiaires. Il n'y a pas de limite à ce qui peut être transféré entre comptes chinois. Ces intermédiaires, tels que Su et Li Yan ont acheté des marchandises en Chine avec des achats de biens (électronique et vêtements, en particulier) et les ont envoyées aux membres des cartels au Mexique, où elles ont été vendues. La conversion des dollars obtenus aux États-Unis en pesos mexicains pouvant être déposés dans des banques mexicaines est donc achevée. Les procureurs disent que plus de 19 millions de dollars ont été transférés entre plus de 251 comptes bancaires chinois dans le cadre de ce complot de narcos mexicains. Le 4 février 2017, la police du Texas a arrêté Shefang Su et Xiancong Su. Ils avaient près de 1,3 million de dollars en espèces. "L'argent était emballé sous vide et il y avait des billets de banque que les chiens de police avaient une odeur de drogue". Le 2 février 2018, Shefeng Su a collecté environ 500 000 $ dans un sac en toile dans un parking à Atlanta. 
Quelques jours plus tard, Su "a coordonné la remise d'une importante somme d'argent à Flushing, dans l'État de New York, à un sujet ultérieurement arrêté lors de la confiscation de plusieurs kilos de fentanyl". Les procureurs ont déclaré que les trois personnes avaient coordonné environ 300 livraisons d’argent à travers le pays, dans des villes comme Detroit, Los Angeles, Boston, Chicago, Fort Worth, Houston, le quartier new-yorkais de Brooklyn et Atlanta.

Dailynews

Dailynews

«Ce ne sont pas les trois dirigeants d'une organisation. Ils sont trois membres d’une organisation, mais d’autres continuent à faire de même». La guerre commerciale favorise le blanchiment d'argent des narcos mexicains par le biais des Chinois.
La législation bancaire mexicaine autorise le dépôt d'un maximum de 4 000 dollars par mois sur des comptes mexicains. C'est trop peu pour les trafiquants mexicains qui brassent des millions. Les narcos ont besoin de convertir des dollars en pesos pour pouvoir distribuer leurs bénéfices au Mexique. Selon les autorités, la relation entre les Chinois aux États-Unis et les cartels de drogue mexicains remonte à près de 20 ans. 
Ce réseau de blanchiment d'argent des accusés visait à remédier à deux problèmes distincts: l'incapacité des organisations de trafiquants de drogue à rapatrier le produit de la drogue dans le système bancaire mexicain et les riches ressortissants chinois empêchés par la loi chinoise sur la fuite des capitaux de transférer d'importantes sommes d'argent détenues dans des comptes bancaires chinois pour une utilisation à l'étranger. les trafiquants de drogue, se heurte à son incapacité à transporter la monnaie américaine acquise lors de la vente de stupéfiants illégaux aux États-Unis au Mexique tout en évitant d'être repérée par les autorités de police et les autorités de contrôle bancaire mexicaines. La réglementation mexicaine en matière de lutte contre le blanchiment d’argent limite le montant des dépôts en espèces en dollars américains que les institutions financières mexicaines peuvent recevoir. En conséquence, les organisations de trafiquants de drogue travaillent avec des blanchisseurs d’argent professionnels pour regrouper et vendre des dollars en vrac afin de les convertir en pesos, une monnaie plus facile à déposer au Mexique. 

De nouvelles règles émises en Chine

Reuters a annoncé il y a quelques jours que le régulateur chinois des banques et des assurances a publié vendredi des règles visant à réglementer davantage les produits de dépôt structuré des banques commerciales, dans le but de freiner la croissance effrénée du secteur. Donc ce système de blanchiment a de beaux jours devant lui. La nouvelle réglementation viendra avec un délai de grâce de 12 mois. Pendant la période de transition, les banques peuvent toujours émettre les produits, mais leur taille devrait être progressivement réduite, a déclaré la Commission de réglementation du secteur bancaire et de l’assurance de Chine (CBIRC).
À la fin du mois d'août, l'encours des dépôts structurés émis par les banques commerciales s'élevait à 10,46 milliards de yuans (1,48 billion de dollars), selon les données de la banque centrale.
Au cours de l’année écoulée, les prêteurs commerciaux chinois ont vendu davantage de dépôts structurés - comptes d’épargne associés à une composante de placement - comme alternative aux produits de gestion de patrimoine, ces derniers étant de plus en plus surveillés par le gouvernement.

 

 

Source : Bourderlandbeat, DEA, 

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