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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


La poudrière du Monténégro partie 9

Publié par Desmoulins sur 30 Juin 2023, 21:58pm

Catégories : #Balkans, #crime organisé, #Trafic de drogue

Time.rs

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Il est 18h30, il fait déjà nuit en ce 19 janvier 2020 sur le littoral de Vori localité grecque de bord de mer à une vingtaine de km du centre d'Athènes. Le personnel du restaurant I Voskopoula accueille le 1er service du soir. 2 couples avec enfants prennent place. A peine installés 4 hommes en arme pénètrent à leur tour à l'intérieur et visent la tablée des convives. Une pluie de balles s'abat sur les 2 hommes qui meurt sur le coup et blesse gravement une femme. Les tireurs s'enfuient rapidement du local et s'engouffrent à bord d'une voiture, sûr que leur forfait est réussi. 
L'attaque a été soudaine, moins de 30 secondes, personne malgré la baie vitrée n'a aperçu ce groupe armé se rapprocher de la taverne. La police va relever en tout 25 douilles. 
Les policiers grecs à l'instant T n'ont pu trouver que 700 euros et une fausse carte d'identité macédonienne dans les poches d'une des victimes. 

Quelques heures plus tard, les individus abattus sont identifiés officiellement comme étant Stevan Stamatovic et Igor Dedovic 2 monténégrins de 43 ans. La femme blessée est l'épouse de Stamatovic. Dès lors à l'évocation du nom de Dedovic, la piste d'une attaque perpétrée par les Kavacki ne fait plus aucun doute. C'est un coup énorme porté à leur rivaux. 
Se sachant traqué Dedovic avait pourtant pris toutes les précautions pour sa protection mais comme souvent dans ces affaires là l'erreur viendra de son envie irrépressible de revoir sa famille. Cette dernière était arrivée depuis à peine quelques jours en Grèce.
Stevan Stamatovic dirigeait le gang Zagorje, une branche du clan Škaljarski basé dans la capitale monténégrine Podgorica. Son nom avait été cité dans au meurtre de Sale Mutavi leader ultra du Partizan et proche des Kavacki en octobre 2016. 

La poudrière du Monténégro partie 9

Les enquêteurs serbes ont lié Igor Dedovic à une cargaison de cocaïne d'une valeur de 300 millions trouvée dans la mer Noire au large des côtes de la Roumanie l'année dernière, après quoi deux monténégrins ont été arrêtés Tode K. et Nenad C., employés comme routiers dans une société appartenant à Davor Vranjanac.
Les activités de Dedovic avaient une portée internationale bien au delà de l'Europe Centrale comme le prouvent l'arrivée au sein de l'enquête de 3 agents de la Homeland Security Investigations américaine. 
Igor était en effet fortement soupçonné d'être lié à la fameuse cargaison de 17 tonnes de cocaïne saisie à Philadelphie en juin 2019 (voir épisode précédent).
Il aurait pu être éliminé après avoir été rendu responsable de la perte. Une telle cargaison ne peut être que le fait d'un effort conjoint de plusieurs organisations criminelles qui auraient pu s'associer dans l'achat (même si on ne paie quasiment plus la drogue toute de suite) et le transport de cette quantité rarement vue. 
Une autre théorie fait état de représailles aux assassinats de Vladimir Roganovic et Davorin Baltic et que la mort de Stamatovic ne serait dû qu'au hasard parce qu'il était à côté de Dedovic, la véritable et seule cible. Cette révélation fait suite à l'arrestation 6 jours plus tard de Marko Petkovic, après 5 ans de cavale alors qu'il était recherché pour meurtre.  Petkovic serait-il un des 4 tueurs de Stamanovic et Dedovic ? 
On parle d'un contrat à 2 millions d'euros promis par 3 gros trafiquants des Balkans dont Darko Saric qui en aurait donné à lui seul 750 000. Radoje Zvicer, qu'on peut qualifier de street boss des Kavacki serait également du nombre.

PhillyVoice

PhillyVoice

Mais alors Stamatovic était-il un trafiquant important ou un simple pion dans l'échiquier ? La réponse sera toute trouvé un mois plus tard à des milliers de km de là près de l'île d'Aruba. 
C'est en effet la bas que le 25 février le cargo "Aressa", battant pavillon camerounais, est arraisonné au petit matin, par la marine néerlandaise. 
Le navire, fabriqué au Cameroun en 1978 et a eu ces 10 dernières années différentes nationalités,  russe, des îles Grenadines et du Togo, était parti du Venezuela le 23 février. Selon l'itinéraire, sa destination finale était la Grèce et le port de Thessalonique.
A son bord un lot de cocaïne d'une valeur de 250 millions d'euros. L'équipage est interpellé et oh surprise à part «5 intrus» sont tous natifs du Monténégro. Les homonymies étant fréquentes dans les Balkans on pourrait facilement inventer des liens de parentés criminelles à chacun des noms de la liste. 
Les médias néerlandais ont déclaré que les premiers résultats de l'enquête indiquent que la drogue aurait appartenu à un cartel dirigé au Venezuela par les Colombiens Alex Saab et Alvaro «Cuci» Pulido, (anciennement «German Rubio»), des businessmans proches du président Juan Guaido et déjà impliqués dans une vaste affaire de corruption et de blanchiment d'argent. Le référent européen aurait été Stevan Stamatovic.
La saisie serait lié à la saisie de plusieurs kilos de cocaïne dans une cargaison de bananes survenue à Bar avec l'arrestation de 3 monténégrins et 1 macédonien (Jovan K., 31 ans, le père et le fils propriétaire de l'entreprise réceptionnant les bananes J.E., 21 ans et S.E..

Drogue saisie sur le Aressa (FleetMon)

Drogue saisie sur le Aressa (FleetMon)

Le 6 janvier 2020, 2 semaines avant les assassinats, 3 ressortissants serbes avaient été arrêtés à Glyfkada avec de faux passeports et des armes avec les numéros de série effacés après une altercation dans une boite de nuit. La police grecque se demande s'il pourrait un avoir un rapport. 
Et il y en avait effectivement un mais ça la police n'aura le fin mot qu'en novembre 2022 lorsque Srdjan Lalic un témoin vedette entendu lors d'un procès procès au long cours  qui va se dérouler à Belgrade et dont on va reparler dans les prochains épisodes. 
Il raconte qu'en décembre 2019 il s'était rendu à Athènes avec 2 autres hommes, Veljko Belivuk et Marko Miljkovic (des noms dont on va beaucoup entendre parler. «Nous y sommes accueillis par un type nommé Diaz, qui nous a trouvé un appartement à Glyfada, où logeaient une vingtaine de membres du clan Kavacki, dans le but de localiser et de liquider Alan Kozar (ndlm un autre leader rival), Dedovic et Stamatovic. 
Nous avons apporté des caméras et du matériel d'espionnage. Nous avions des informations sûres qu'ils étaient là, car leurs familles qui venaient de les rejoindre étaient accompagnées pour passer du temps dans plusieurs restaurants. Nous n'avons rien trouvé et nous sommes revenus, mais le 1er ou le 2 janvier, à la demande de mon boss, j'y retourne, mais en avion». (Kurir) 

Il donne comme info que le commando composé de 2 hommes de Radoje Zvicer, Ljubomir Lainovic et Brasnjevic, identifié comme «Kadhafi» sur la messagerie SkyECC et 2 proches d'un gang nouvellement formé de Belgrade dont il fait partie. 
Le nom de Lainovic était en novembre 2022 déjà connu des enquêteurs. Fin août 2020 la rumeur de sa participation fuite dans les médias qui annoncent même qu'il serait déjà mort. Attiré dans un piège, torturé et exécuté en Espagne par son propre clan...les Skaljarski car oui Ljubomir serait un «traître» qui finira à son tour par être trahi. Il n'est ni le premier et ne sera pas le dernier a tourner casaque et à en payer le prix fort pour cela. L'année 2020 va connaître son lot de tragédies grecques, sans mauvais jeu de mot.
Ljubomir âgé de 24 ans est un jeune caïd de Novi Sad et le fils de Branislav "Dugi" Lainovic, abattu en mars 2000 dans la jungle urbaine belgradoise, ce fameux "lac trop petit pour autant de crocodiles". 
Après le coup à Athènes et une cavale un peu chaotique, les Kavacki lui promette sa récompense mais il doit se rendre en Espagne pour la recevoir. Il s'y rend et le comité d'accueil à l'aéroport de Barcelone s'avère bien différent de ce à quoi il s'attendait. 

Le clan Skaljarski aurait mis la main sur lui, l'aurait torturé, arraché les yeux avant de le tuer, de le démembrer et d'enterrer les restes quelque part. 
Officiellement, il est toujours recherché depuis avril 2019 alors qu'il a échappé à son assignation à domicile. Il était soupçonné d'avoir participé à l'assassinat de Petar Arsic un fan du Fk Rad, un des nombreux clubs de foot belgradois. Il faudra attendre le témoignage du "super repenti" Lalic pour qu'on apprenne enfin le fin mot de l'histoire. Lainovic est bien mort oui mais au Kosovo et non en Espagne et il a bien été tué par le gang de Lalic qui a ensuite fait courir la rumeur qu'il avait été torturé et éliminé par les Skaljarski. Pourquoi le tuer ? "Trop bavard" répond laconiquement Lalic.
Ce 6 janvier en tout cas c'est bien Lainovic et Brasnjevic qui ont eu maille à partir avec un quidam dans un bar athénien. Il a fallu payer une caution de 100 000 euros pour les faire sortir après 7 jours de détention. Lalic indique enfin que selon-lui et le récit que lui ont fait les 1er concernés, Lainovic est celui-ci qui a abattu Stamatovic et Brasnjevic s'est occupé de Dedovic.

La volonté de Zvicer de s'occuper personnellement de la planification de la traque et assassinat de Dedovic aura qui plus est été renforcé par l'exécution 2 jours plus tôt de Marko Vukotic à Novi Beograd. Officiellement marin, Marko n'avait pas de casier mais la police serbe l'a tout de même listé dans des dossiers de trafic de drogues internationaux entre l'Europe et l'Amérique du Sud. Il avait par ailleurs vécu un certain temps en Belgique. Radoje Zvicer le considérait comme son «parrain criminel». On peut imaginer un coup des Skaljarski mais toutefois rien n'est jamais simple dans ces affaires fratricides car Vukotic a aussi été un collaborateur de Goran Radoman par le passé. Il semble malgré tout difficile d'imaginer que les Kavacki aient fait éliminer Vukotic, qui plus est pour une vieille rancoeur, et ce dans le dos de Zvicer qui est l'éminence grise du clan.

Fin janvier Igor Krstovic, résident de Podgorica connu de la police est grièvement blessé après avoir été visé par une trentaine de balles dans sa voiture à Zeta. Il était en bon termes avec Milic «Minja» Sakovic un proche associé de Stevan Stamatovic. L'allégeance des tireurs ne semble faire aucun doute. 
Après quelques jours il a été transporté par avion sanitaire et admis dans un hôpital d'Hanovre où il assume les frais de son hospitalisation. Il possède un visa régulier de 90 jours dans l’Espace Schengen. Visiblement il ne semblait pas très enclin à suivre sa convalescence au Monténégro, allez savoir pourquoi.
Les forces spéciales allemandes (SEK) ont été déployées pour sa protection et, par ricochet, celle du personnel hospitalier. 
La police soupçonne les frères Vidoje et Radislav Stanisic et leur cousin Dragisa Bulatovic d'être les auteurs. Vidoje et Dragisa sont arrêtés. Les Stanisic faisaient partie du groupe de 6 hommes qui attendaient la sortie du boss des Kavacki, Slobodan Kascelan de la prison de Podgorica en décembre dernier. 
Quelques semaines plus tard justement 2 membres de cet escorte Marko Pavicevic et Vuk Orlandic, sont arrêtés pour complot de meurtre à Bar contre Jovan Djurovic. 2 caïds locaux Adnan Osmanagic et Djordje Cicmil leur auraient promis 20 000 euros pour tuer Djurovic et 50 000 pour tuer le boxeur Nikola Sjekloc. En réalisant ce coup Osmanagic et Cicmil faisait d'une pierre deux coups. Se débarrasser d'un rival local et faire les yeux doux aux Kavacki.

Les frères Stanisic (Vijesti)

Les frères Stanisic (Vijesti)

Début février, 4 membres du clan Skaljarski sont arrêtés à l'hôtel Crown Plaza (anciennement Intercontinental) de Belgrade. Bojan A. et Sinisa K.sont arrivés la veille dans la capitale serbe par avion. Nemanja M., et Miljan M., les ont rejoints à l'hôtel quelques heures après en voiture blindée. Ajkovic est le frère de Zlatko, un criminel condamné à 12 ans pour un meurtre commis à Zurich en 1999. 
En 2017, il est arrêté en Bosnie avec un faux passeport serbe. En 2004, il a été recherché pour le meurtre de Darko Bojanic. Il y a peu de doute que 4 hommes ont eu l'idée de revenir à Belgrade pour préparer un règlement de comptes en représailles de l'attaque contre Igor Krstovic. 

Si ce commando là s'est fait prendre avant l'action, un autre groupe de tueurs des «Araignées» (Skaljarski) va lui réussir son office dans la matinée du 13 février en abattant Scepan Roganovic, du clan Kavacki dans sa ville natale d'Herceg Novi. 
Il était le troisième frère de Dusko et Vladimir Roganovic. Les Roganovic sont des cousins de Slobodan Kašćelan, ce qui fait que même si Scepan n'avait pas de lien direct dans la querelle il était une cible de choix. 
Milos Djurickovic est arrêté pour complicité de meurtre pour avoir détruit la moto qui aurait transporté le tireur. Celui-ci est identifié comme étant Mili Bajramovic. Une 1ère équipe d'exécutants est interpellée dans les mois qui suivent dont Mili.  Parmi eux un autre homme a joué un rôle prépondérant Krsto Vujic.
Ce dernier a été visé dans 3 règlement de comptes dont le dernier le 22 septembre 2018 par un tir de sniper alors qu'il était avec sa femme, sa mère et ses deux enfants. Lui et son fils de trois ans avaient été blessés il y a quatre ans à Herceg Novi, dans l'explosion d'une bombe. 
A l'heure où ces lignes sont écrites 5 nouvelles personnes sont identifiées comme ayant participé au complot de meurtre. 
On retrouve parmi les 5 individus un certain Igor...de son nom Vukotic, le propre frère de Jovan, boss des Skaljarski. Marko Radovic, Slavko Radulovic, Milos Gvozdenovic et Ilija Milanovic, arrêtés dans sa cellule sont mis en examen.
Igor est toujours recherché, lui dont le destin a changé radicalement il y a seulement quelques mois mais on va évoquer cela dans un prochain article.

Kurir

Kurir

Après plusieurs coups subis les Skaljarski vont commencer à en rendre. Il y a d'abord l'assassinat mi-février d'Andrija Gazivoda, qui est abattu d'une dizaine de balles à Cetinje en sortant d'un gymnase. Il exerçait le métier de pêcheur «sous-marin». Le média Pobjeda le dit membre du clan Kavacki mais d'autres médias disent qu'il était seulement proche de certains de ses membres.
Quelques jours plus tard c'est au tour de Pero Muhadinovic, 51 ans, d'être tué dans l'explosion de la bombe sous une voiture à Cetinje. Il était proche de certains membres du clan Kavacki mais il n'était pas une cible prioritaire ni quelqu'un de vraiment important.

Les Kavacki reprennent vite l'initiative le 5 mars. Ce jour-là Djordjije Bozovic un membre du clan Skaljarski est éliminé dans l'explosion d'une bombe côté passager avant dans une rue de Podgorica. L'explosion très puissante (des débris ont été retrouvés à une centaine de mètres) qui s'est produite vers 19h30 a aussi blessé Aleksandar Kekovic qui se trouvait dans la voiture et une femme qui se trouvait à proximité. 
Bozovic était un proche de Stevan Stamanovic et avait été mis en examen en lien avec la tentative d'assassinat contre Radojica Zekovic du clan Kavacki le 5 mai 2017 par l'effet d'une bombe sous une voiture de golf. Mais des témoins ont vu les 2 artificiers masqués près de la voiturette et ces derniers ont du fuir. 
Lors du procès, Bozovic a pris 3,5 ans. Stamanovic jugé par contumace, 12 ans ; Milan Ljesnjak et Dejan Deletic, les deux artificiers masqués, 9,5 ans.
Aleksandar Kekovic a également un dossier avec la police monténégrine. En 2015, il a été condamné à 18 mois de prison pour avoir activé....des bombes dans l'arrière-cour de la maison d'Aleksandar Vukadinovic dans le quartier Tologi de Podgorica. 
Il a également «gagné» cinq mois de prison lors des élections locales de 2014 à Podgorica «pour avoir violé sa liberté de choix lors du vote». 
Les deux victimes s'étaient liés d'amitié en prison et faisaient partie de la banche Podgorica du clan Skaljarski. Tous les membres du commando seront condamnés à des peines allant de 3,5 ans à 12 ans. 

Assassinat de Pero Muhadinovic (E-Stock)

Assassinat de Pero Muhadinovic (E-Stock)

2 mois plus tard nouvel acte dans la guerre entre les 2 belligérants dans un café de Vracar au Monténégro. 
Un homme armé et masqué y a fait irruption provoquant la panique des clients. Il recherche visiblement quelqu'un qui ne s'y trouve pas... ou disons qu'il ne s'y trouve plus. Arrêté quelques heures plus tard à Belgrade, Milos Miljanovic recherchait une cible bien précise. Un homme du nom de Milos «Rinjovic» Nilovic, membre du clan Škaljarski qui se trouvait à une table du café en compagnie de associés, qui ont pris la fuite dès l'entrée du tireur. Cela s'est joué à quelques secondes. L'assaillant a été filmé par plusieurs badauds 
Nilovic faisait partie des Skaljarski arrêtés au restaurant Durmitor de Belgrade (voir épisode précédent). Il avait été présenté à l'époque comme un proche de Filip Korac. Il avait été poursuivi pour port d'armes et leur avocat à l'époque était Dragoslav Ognjanovic, assassiné en juillet 2018. Nilovic était présent lors de l'assassinat de Vladimir Popovic, propriétaire du casino «La Havane» en 2018 par des tireurs dont l'identité n'est toujours pas connu.
Kostic était lui aussi un proche de Popovic et a été vu avec lui lors du combat de boxe entre Vladimir Klirschko et Alexander Povetkin à Moscou. Il avait été inculpé avec lui pour une tentative d'extorsion. 

Fin mars s'est déroulé une drôle d'histoire en Colombie et qui a mis au goût du jour l'importance croissante des trafiquants des Balkans dans l'échiquier du narco-banditisme mondial.
Le 31 mars 2020 alors que la planète commençait à progressivement se confiner pour lutter contre le covid-19, un trafiquant serbe, Dejan Staminirovic, âgé de 45 ans décède d'une balle dans la tête après avoir été admis aux urgences de l'hôpital de Guamo. 
Prévenu le chef de la police locale a envoyé des policiers pour enquêter sur l'affaire et ils se sont rendus là où l'ambulance a été prendre la victime, un appartement de Guamo appartenant à José Vicente «Soldado» Rivera, un chef  paramilitaire du groupe «Bloques Centauros» des AUC. Voyant la police arriver, Rivera a fait feu et tué deux policiers (Armando Esteban Rodriguez Gomez et Jhon Hairo Reies) avant d'être tué à son tour. Il s'avère que le serbe et Soldado passaient la soirée ensemble et que saouls ils ont décidé de jouer à la roulette russe entraînant un incident qui a tué Dejan. Une autre version parle d'une querelle entre les deux hommes qui a conduit à leurs morts respectives. Rivera fut aussi membre des «Heroes del Llano» une autre faction des AUC. Il était très proche de Pedro «Cuchillo» Oliveiro Guerrero et du redouté «Jorge Pirata». Il a été condamné à 26 ans de prison pour plusieurs meurtres de paysans. En septembre 2016 il est transféré de la prison La Picota de Bogota à celle de Guamo pour se rapprocher de sa famille. Il a été libéré de prison quelques temps après. Stanimirovic serait arrivé avec 2 compatriotes le 16 février en Colombie via la Roumanie.

Ils étaient porteurs de 300 000 euros pour servir d'acompte à un chargement de drogue à d’anciens chefs paramilitaires qui, extradés aux États-Unis, sont revenus en Colombie après avoir purgé leurs peines. Dejan était resté en Colombie en garantie et pour négocier les autres futurs chargements. Les 3 feraient partie du «Cartel des Balkans» comme l'ont nommé les colombiens. Une organisation importerait entre 250 et 500 tonnes de cocaïne par an, principalement vers l’Europe. Des émissaires sont envoyés en Colombie pour traiter directement avec les fournisseurs, notamment le «Cartel del Golfo», et vérifier le poids et la pureté des cargaisons expédiées. «Marcos» était recherché au Portugal depuis 2009 pour son implication dans une affaire de trafic de 3,5 tonnes de résine de cannabis. Il était sous enquête en Allemagne et en Espagne pour des affaires d’importation de cocaïne. Ce «Cartel» composé de ressortissants croates, bosniaques, slovènes, macédoniens, kosovars, monténégrins, bulgares, albanais (voire ou roumains)  agit aux côtés d’un autre réseau, moins connu selon les médias colombiens et qu'ils appellent «le Cartel de Dubaï». A mon avis il doit s'agir du Super Cartel d'Imperiale/Taghi/Kinahan/Rico le Chilien/Gacanin et c'est assez incroyable que les colombiens imaginent que ce réseau est moins important.

On peut s'interroger sur la composition ethnique réelle de ce cartel. Peut-on y inclure aussi les Kavacki et Skaljarski en son sein ? Il est difficile de savoir exactement à quoi renvoie cette dénomination. Le terme de cartel des Balkans on en fait déjà mention dès 2018 et même encore avant. Les polices espagnoles et serbes l'utilisent aussi mais en sont-ils à l'origine ou reprennent-ils la terminologie colombienne ? Là encore la question très en suspens.

A quoi se joue parfois le destin ?! Dans cette lutte implacable entre rivaux les affaires sont parfois juste histoire de réussite, de bon timing plus que de compétence intrasèque. 
Si ce 26 mai 2020 à Kiev Radoje Zvicer, avait été tué ? Si le fil conducteur de la querelle avait été rompu définitivement que serait-il advenu alors ?  Avec des si... La vérité c'est que là encore le destin a tourné en faveur des Kavacki et ce même si Radoje a payé durement cette chance par 5 balles dans la peau. A l'instar de plusieurs attaques par le passé celle-ci a aussi eu les honneurs d'un enregistrement cctv qui va illustrer une nouvelle figure, celle de Tamara Zvicer, la femme de Radoje qui arme au poing se rue dehors pour sauver son mari. Une capture d'écran pour la postérité, presque à en devenir une icône.
Face à cette rapide réaction et l'instinct de survie du couple, les assaillants ont raté leur coup.
Ils sont arrêtés quelques heures après avoir mis le feu à la voiture de fuite et alors qu'ils tentaient de fuir en Moldavie avec le reste de l'équipe. Il s'agirait de deux serbes Milan Brankovic et Petar Jovanovic d'un monténégrin Emil Tuzovic, et d'un macédonien, Stefan (Mandic) Dukic. Ces deux derniers appartiennent au clan criminel de Bar mené par Alan Kozar.
La publication Novosti va faire une révélation et dévoiler un des complices du commando. Yevgeny Sergeyevich Dayday un ancien policier. Yevgeny fut autrefois le commandant de Rostislav Chernobriv dans le bataillon de la police spéciale "Kiev". Dayday est lieutenant-colonel de police. Il a combattu dans le Donbass contre les pro-russes. De novembre 2014 à août 2019, il a été membre du Parlement ukrainien. Avant la guerre d'Ukraine en 2012, il a été condamné à cinq ans pour vol qualifié. Il était un «petit bandit» de Reni (un port de la région d'Odessa). Le nom de Dukic a déjà été cité dans l'affaire de l'assassinat de Jovan Klisic en novembre 2019.

Informer ; Kurir  ; Vijesti
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Cet acte manqué des Skaljarski va leur couter très cher et pendant de longs moments Radoje sera introuvable, préparant sa revanche qui, avec l'aide de son clan qui continue de monter en puissance, sera terrible pour ses rivaux. Les Kavacki sont en passe de mettre en couple réglée une grande partie des Balkans et ils vont passer à l'offensive particulièrement à Belgrade où un gang issu des Janicari, les ultras du Partizan va tout renverser sur son passage et avec à sa tête Veljko Belivuk et Marko Miljkovic. Leur ascension est directement liée à leur pacte avec les Kavacki issu de l'héritage des amitiés criminelles de "Sale Mutavi" (voir épisodes précédents) dont Veljko a été un affidé. Les appuis policiers et politiques découlant de cette alliance va permettre bien des horreurs dans les rues de Belgrade et dans la petite bourgade de Ritopek.

 

 

Sources : Kurir : Blic : Balkan Insight ; Informer ; 

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