Nadir Salifov, la fin d'un boss hors norme. Partie 3

Nadir Salifov (K-news)

Un an avant son assassinat. Guli poursuit son chemin vers les sommets autant mafieux que dans celui des affaires. Celui qui est désormais considéré comme le vor v zakone le plus riche de la mafia russophone, récite sa partition bien rôdée.
Un nouvel épisode d'embrouille va mettre en lumière une autre carte que Nadir a dans sa manche.

Fin août 2019, lors d'une réunion en Turquie, Guram Chikhladze, un voleur dans la loi dit «héréditaire» originaire de Kutaisi, est frappé par un membre de l'entourage de Lotus Guli.
Alors que cette réunion devait servir à clarifié certaines questions. L’assistant de Guli, un homme connu sous le nom d'Arman Dikim a frappé Guram dnt il ignorait le statut. 
Salifov avait une raison d'attaquer Chikhladze. Peu de temps auparavant, il était apparu que Guram parlait avec des membres de la famille du défunt Rovshan Lenkoransky, y compris avec ceux qui préparaient une attaque sur la maison de Guli en 2017. Guli a averti Guram de rester à l'écart d'eux - «Je ne voudrais pas que le Milieu souffre, mais si le garçon a mal compris quelque chose, alors ce n’est pas de ma faute.» Cependant, il a ignoré l’avertissement, et une photo de Kvezhoevich avec l’un des ennemis historiques de Guli devient virale sur Internet.
Shakro Molodoy intervint, demandant que Guram soit son filleul. Kvezhoevich a commencé à se comporter de manière grossière et a déclaré que les amis du défunt Dzhaniev étaient ses amis et c'est là qu'Arman est passé à l'action.
La lutte a rapidement cessé, mais la conversation a échoué. Guram s'est retiré. Immédiatement après l'incident, Guram s'est rendu en avion chez ses amis «voleurs» en Israël.
La nouvelle va faire le tour du milieu criminel mettant dans l'embarras tout autant Guram que Guli. Ce n'était pas la première fois que Guram se faisait attaquer. Il faisait partie des personnes battues en 2013 par Eduard et Sergey Asatryanov (Esturgeon Senior et Junior) et Romik Dzhafarov. Il avait aussi été battu lors d'une fête en Italie par 2 collègues vorys.

Guram (Lenta.ru)

La polémique va enfler et cette fois Guli ne pourra pas y échapper.

Quelques jours plus tard c'est un autre vor géorgien, Badri Koguashvili qui entre dans la danse. Celui qui est sorti de prison en mai dernier après 7 ans de détention en colonie pénitentiaire où il s'est comporté dignement (chose importante) dans des conditions très dures, a critiqué l'attitude de Nadir Salifov de laisser son bras-droit gifler un vor v zakone. 
Il veut d'ailleurs organiser une réunion pour parler du comportement de l'azéri "qui n'est plus digne d'être un vor". Sa démarche a par ailleurs été soutenue par Zakhary Kalashov qui s'il n'est plus le vor numéro 1 reste la figure d'autorité du clan de Tbilissi. Ce dernier pourrait profiter de la situation pour liguer un front contre Salifov qu'il commence à trouver dangereux. Après sa libération Badri s’est rapproché des voleurs «slaves» du clan de Shakro Molodoy, notamment Vasya Voskres.  Cependant cette tentative de créer un front contre Guli va s'avérer un échec car un seul vor va rejoindre le camp de Badri-Shakro et il sera tout de suite «découronné» par Guli et ses affidés le 6 septembre.

Mais qui est le «bras-droit» de Guli ?

Il s'agit d'Arman Dzhumageldiev, 34 ans. Ce dernier a déjà été impliqué dans plusieurs affrontements criminels dans son pays à Almaty et à Shymkent. Ainsi, que lors de l'élection présidentielle au Kazakhstan de 2005. Il avait organisé une bagarre en masse dans un restaurant où se trouvait un candidat de l'opposition, Zharmakhan Tuyakbai dont un des gardes du corps a été grièvement blessé. Le président sortant Noursoultan Nazarbaïev a été réélu avec plus de 91% des voix. 1 élection critiquée par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et d'autres organisations de surveillance électorale à l'époque. 
Arman est présent auprès de Guli sur une photo que ce dernier a publié sur son compte Instagram  au moment de l'incident. 
Ce Arman semble avoir des liens avec les autorités kazakhes et cette réputation va rejaillir sur Salifov. Guli va être accusé d'avoir des liens avec les autorités de renseignement du Kazakhstan via Arman. Une source indique que si ses faits sont avérés Guli devra rendre sa couronne car il est interdit pour un vor v zakone d'entretenir des relations avec les autorités.
Arman en plus de cela jouerait le rôle d'un facilitateur pour la contrebande transfrontalière du Kazakhstan à l'Oural. Un point de passage très important de toutes sortes de produits qui sont on tient les douanes dans sa main peut rapporter gros.

Photode gauche. Arman à la droite de Guli (chemise bleue) (PrimeCrime - RuCriminal)

Début octobre, alors que la situation se tend entre les deux grands rivaux de la mafia russophone, Zakhar Kalashov et Nadir Salifov, ce dernier, a décidé de quitter Istanbul, où il était installé depuis sa sortie de prison, pour s’installer au Qatar. Salifov chercherait ainsi à se mettre à l’abri en s’éloignant des zones d’activités habituelles de ses rivaux. Le vor v zakone a reçu un permis de résidence dans l’Émirat, peut être avec l’aide des services de renseignements locaux, et avec leur protection.
Appelé (convoqué ?) à une réunion pour s’expliquer sur sa facilité à exposer sa vie sur les réseaux sociaux, «Guli» a évité cette réunion en changeant de numéros de téléphone et désormais de lieu de résidence. Il va même changé de nom de Salifov à Ismailov alors que c'est sous ce nom qu'il est recherché en Russie. A l'époque la nouvelle loi anti-vor russe avait déjà permis l'arrestation de 24 personnes se justifiant de la «qualité de vor».
Si la nouvelle loi est efficace, dans les faits elle est diversement interprétable. Par exemple Oleg Shishkanov arrêté pour une affaire de meurtre a été aussi inculpé pour être un vor. Un enquêteur a établi son rapport en notant que lors de la perquisition chez Oleg on a trouvé au fond de sa piscine une étoile de vor. Ce dernier a rétorqué qu'il s'agissait en fait d'une rose des sables et que de totue façon ce n'était pas sa maison.  Ilva de soit que chacun se fera une opinion. Mais le seul tatouage ou signe de vor ne fait pas de vous un vor.

Bref, après cet aparté, le 22 décembre, Guram Chikhladze (Kvezhovich) provoque une violente bagarre dans un restaurant d'Istanbul avec un groupe de fidèles de Guli dont son neveu Magomed «Magu Rustavsky» Kurbanov. Ce dernier a été poignardé par Emin Nakhichevan lors de la mêlée provoquée par Guram et une dizaine de ses hommes venus provoquer les hommes de Salifov. Après quelques mots échangés, Guram frappé Magomed ce qui a été le signal pour le déclenchement de la bagarre.
Les différents protagonistes ne referont plus parler d'eux et la crise va s'estomper comme elle est arrivé. Shakro étant désavoué dans son action par Merab Pipia qui lors d'une réunion a stipulé qu'il s'agissait d'une machination de ce dernier pour discréditer Guli. 
Mais une autre crise va couver, celle en Biélorussie. Si la situation géopolitique du pays est chaotique en 2020, la criminelle l'est tout autant avec une lutte à 3 vorys pour le poste de «surveillant de Biélorussie». 
Là encore Guli va faire montre de son poids pour appuyer son poulain Alexander «Kushner» Kushnerov. Guli aura même une conversation téléphonique avec le rival de Kushner, Pavel «Paate» Alekseevich. Voyant que les deux avaient des visions opposés, Guli a invité Paate à venir en Turquie pour discuter avec lui et Kushner. Pashte a répondu qu'il ne pouvait quitter le pays et qu'il ne pourrait pas s'asseoir à la même table que Kushner. Plusieurs bagarres vont se dérouler entre affidés et Kushner va commencer à perdre pied en Biélorussie. Après des années à se remplir les poches selon les observateurs, son autorité faiblie alors que celle de Paate grandit après sa décision d'envoyer l'argent de l'obschack dans les prisons pour faire cantiner les prisonniers au lieu de le garder pour lui. Dans la plus pure tradition des vor...à l'ancienne. 
Nadir Salifov ne gagne pas à tous les coups. La Biélorussie pourrait donc lui échapper si son protégé ne reprend pas du poil de la bête. En plus de ça il doit dorénavant faire face à un front uni d'autorités criminelles azéris de Moscou à Bakou.

Kushnerov lors de son arrestation. (PrimeCrime)

Assassiné par celui qu'il croyait être son ami

Arrive cette fameuse soirée à l'hôtel d'Antalya du 19 au 20 août 2020. C'est dans une chambre que la vie de Guli va s'arrêter. Tué de 4 balles dans la nuque et le dos.
Il avait 47 ans, et devait fêter son anniversaire 1 semaine plus tard.  Emmené à l'hôpital il n'a pas survécu à ses blessures. 
Le tueur est identifié très vite, il s'agit de l'azéri Khan ou Khagan Zaynalov, un de ses proches servant de garde du corps et chauffeur à l'occasion. Ce dernier est le fils d'un joaillier de Bakou. 
La nouvelle inonde les RS russophone, Telegram et Vk en tête. Et à peine 30 min après une vidéo circule. Celle de Khagan se filmant et filmant le dos de Guli qui marche dans le couloir pour se rendre dans sa chambre. Un frisson dans le dos a surement dû parcourir tous ceux qui ont vu la vidéo. Va-t-on voir Nadir se faire tuer ? Que nenni. La vidéo est somme toute anodine si on ne connait pas l'issue de la soirée mais dénote de la confiance absolue de la victime en son futur assassin. Et d'ailleurs comment aurait-il pu se douter ? 
Khagan, selon les sources, connaissait la famille Salifov depuis son plus jeune âge. Après son arrstation il dira même «on a grandi ensemble». Toutefois si l'âge de Zaynalov est bien de 25 ans et au vu du long séjour en prison de Guli on peut douter de cette version. On dit que Zanalov avait rejoint le camp des Salifov après la mort de Rovshan Dzhaniev. Etait-ce une taupe ? Était-ce lui qui avait fourni le plan détaillé de la villa de Guli au commando de tueurs du clan Dzhaniev en novembre 2017 ? Rien n'est moins sur mais les questions sont encore en suspens.

Analyser un tel événement est compliqué tellement les histoires les plus folles circulent. Les théories succèdent aux théories et il est bien difficile de distinguer le bon grain de l'ivraie.
Pour certains observateurs, une mort violente attendait Guli à l'orée du bois. Trop d'ennemis, trop grand empire à gérer, trop de jalousies ect... Et pourtant si l'année 2019 a été source de conflits à gérer, Nadir Salifov avait su calmer les ardeurs à la fois de ses affidés un peu tumultueux et de ses rivaux trop entreprenants. Alors pourquoi maintenant ? Et surtout pourquoi de cette façon ? Et comment un proche a-t-il pu l'assassiner de sang froid ainsi ?
Pour cela il va falloir baliser les différentes pistes ayant pu mener à un tel dénouement.

Après l'annonce de sa mort, les regards se sont dirigés immédiatement vers Bakou et plus précisément vers le clan Dzhaniev. Le clan honni, détesté et qui dans l'ombre n'a eu de cesse de fomenter contre Nadir. Clan mené toujours par Namikle frère de Rovshan, persuadé que le commanditaire du meurtre n'était autre que Lotus Guli. Pas une seul fois le clan n'a cherché un autre coupable. Il était là, tout désigné. Ca ne pouvait être que Guli. 
Alors sans aucun doute, on a affirmé que Khagan était un fidèle des Dhzaniev, que tout ce temps il l'a passé comme agent infiltré, attendant le bon moment pour frapper «le serpent». La théorie est séduisante quoique sujette à débat. Le seul indice qui permet d'y croire fortement est celle de l'identité de son complice, Amir Hamidli. Car oui si Khagan avec son assortiment short/t-shirt blanc avait réussi à fuir l'hôtel c'est parce qu'un complice l'attendait dans une voiture garée sur un parking. Les deux compères sont finalement rattrapés sur l'autouroute menant à la ville de Denizli.
Les deux hommes auraient très vite fait des déclarations. Khagan admettant le meurtre et Amir, admettant de manière surprenante qu'il devait, lui, secourir Khagan mais pour mieux l'assassiner plus tard. La révélation est de taille et pour cause, si on a prêté une allégeance de Zeynalov aux Dhzaniev c'est en fait Amir qui serait «un agent» au service de Namik. C'est en tout cas ce que la police turque a communiqué aux médias. On ne sait rien de ce Amir à part son âge de 26 ans. 

La théorie d'une vengeance des Dhzaniev repose aussi sur une autre «preuve intangible». La date. En effet Salifov a été tué dans la nuit du 19 au 20 août. Rovshan Dzhaniev, lui avait été abattu le 18 août 2016 à Istanbul et enterré le 20. 
Il ne faut donc pas chercher plus loin l'explication ? Le tueur a agit à cette date pour marquer le coup, fêter un anniversaire tragique par une vengeance éclatante. Oui mais si on est tatillon pourquoi pas le 18 du coup ? On peut encore se triturer les méninges dans tous les sens surtout eu égard au comportement de Khagan qui pose question.

Guli et son assassin (PrimeCrime)

On le sait une vidéo filmé par lui-même est apparue sur la chaine Telegram 112 juste après l'assassinat. Pour les experts, elle a été prise 30 min avant les coups de feu sur Guli.
Pourquoi se filmer ainsi et le dos de sa cible ?
On pense en fait que cette vidéo a été réalisée par Khagan pour signaler à son «employeur» qu'il était prêt à agir sur son ordre. L’exploitation des téléphones portables aurait permis de constater que le tueur avait envoyé la vidéo à 4 personnes via WhatsApp. 
Après l'avoir envoyé, il aurait reçu «confirmation» de ses commanditaires pour l'exécution. Il a donc pénétré dans la chambre de Salifov qui jouait aux cartes avec un ami. Un seul garde du corps se trouvait dans la chambre. Khagan s'est approché et a fait feu à 4 reprises sur sa victime qui lui tournait le dos. Le garde du corps a à peine le temps de réait et il aurait fait feu lui aussi touchant Khagan. Une vidéo surveillance montre Khagan fuyant les lieux à toutes enjambées en hurlant, malgré sa blessure, «Lotus Guli a été abattu» même si bizarrement il ne semble pas être suivi et atteignant le parking il fuit avec son chauffeur. Au même moment une dizaine de gardes rentrent dans la chambre et constate la blessure mortelle de leur chef qu'ils emmènent tout de même à l'hôpital. 

Voilà comment cela se serait passé selon la police turque et les quelques témoins. 
Mais qui sont donc ses 4 personnes à qui la vidéo a été envoyé ? Et pourquoi cette vidéo a t-elle fuité sur Telegram ?

La police turque qui a eu tant de difficulté dans l'affaire de l'assassinat de Rosvhan Dzhaniev semble vouloir mener l'affaire grand train cette fois-ci.
Un des 4 hommes qui a reçu la vidéo est vite identifié. Il s'agit de Ravshan «Zolotoi» Mukhiddinov, 31 ans, un mafieux d’Ouzbékistan, neveu du puissant Gafur Rakhimov, l'ex président de l'Association de boxe amateur «en odeur de mafia». Un homme pour lequel Le CIO a fait pression sur l'Association pour éviter son élection alors qu'il en avait la tête par interim, après la démission de son prédecesseur pour...corruption, ça ne s'invente pas. 

Soupçonné d'appartenir à une organisation criminelle, Gafur Rakhimov se retire de l'Association Internationale de Boxe Amateur (AIBA) - Boxe

Accusé par le Comité International Olympique d'appartenir au monde du crime organisé, l'Ouzbek Gafur Rakhimov a annoncé, vendredi après-midi dans un communiqué, qu'il se retire de la préside...

https://www.lequipe.fr/Boxe/Actualites/Soupconne-d-appartenir-a-une-organisation-criminelle-gafur-rakhimov-se-retire-de-l-association-internationale-de-boxe-amateur-aiba/1001413

Les 3 autres sont eux aussi identifiés et ont été entendus par les autorités turques. 
De ces entretiens rien n'a filtré, mais ils sont ressortis libres même «Zolotoi» après 7 heures d'interrogatoire.

Que pouvait gagner Mukhiddinov à la mort de Salifov ? En gros de la tranquillité. Le journal kirghize, Knews pense savoir que la chute de Rakhimov serait dû à une trahison de son neveu qui l'aurait «vendu» pour 6 millions de dollars ce à quoi celui qu'on surnomme «Black Gafur» a demandé à Guli de tuer Zolotoi. Prenant peur ce dernier a donc fait assassiner l'azéri. Khagan n'aurait donc pas infiltré lentoruage mais il aurait été acheté. On parle d'un contrat à 5 millions. Mais là encore, le laps de temps semble bien court pour organiser tout ça. Tout repose sur le tueur qui est pour le moment mutique quand à ses possibles autres complices. On dit toutefois que la révélation selon laquelle Amir devait le tuer pourrait le pousser à faire des révélations.
Invariablement il évoque une vengeance personnelle : «Je ne l'aimais pas du tout. Nous avons vécu ensemble et grandi ensemble. Je suis devenu son garde du corps et je l'ai enduré pendant des années. Mais je n’ai pas aimé. Je l'ai fait par amour. Je l'ai tué parce que je ne l'aimais pas». (source Oxu.az)
Contrairement à lui, la majorité des affidés de Rovshan Lenkoransky qui s'étaient rangés aux côtés de Guli, lui ont, eux, rendu hommage.

Mukhiddinov et Salifov (K-news)

Personne ne croit à la vendetta personnelle et qu'il n'y aurait donc eu aucun donneur d'ordre.
On ne veut pas croire qu'un homme si puissant est pu être la victime d'un homme seul (ou presque) pour un grief aussi mince. A l'instar du boss de la Famille mafieuse de New-York des Gambino, Francesco «Franky Boy» Cali, tué par un "quidam trumpiste" maga qui voulait sortir avec sa nièce qui ne voulait pas de lui. Tué par la toxicité masculine. Ce n'est pas vraiment le genre de fait qui fait la postérité du bandit.
Dans les autres théories celle de Zahary Kalashov a à peine été évoquée. Après tout son nom aussi apparaît comme une ombre derrière le meurtre de Rovshan Dzhaniev. Mais on peine à imaginer un azéri au service du "clan des slaves" et puis Kalashov n'a plus le bras si long que ça si on en croit Rosbalt ou PrimeCrime.

Si ce n'est ni le clan Dzhaniev, ni Zakhary Kalashov, ni une vendetta personnelle ? Se pourrait-il qu'il s'agisse d'un énorme canular, une fausse nouvelle qu'aurait inventé l'entourage de Guli afin de l'éloigner de ses ennemis qui se rapprochaient à pas de loup couverts de peau de moutons ?
C'est en tout cas la dernière des théories publiée par plusieurs médias d'Asie Centrale.

Et si Guli n'avait pas été tué ?

Le journal Knews, là encore, nous ressort quelques indices qui tendraient à prouver cette piste.
La première c'est que Khagan Zaynalov en tant que très proche, aurait pu assassiner son boss dans des conditions beaucoup plus sécurisées pour lui. Ils étaient souvent seul avec lui et aurait eu bien des occasions de commettre son crime surtout qu'il était beaucoup plus grand et costaud que sa cible (comme on peut le voir sur la photo du dessous).

(K-news - PrimeCrime)

Deuxième indice, les différentes photos du corps de Nadir ne montrent aucuns impacts de sortie ou d'entrée des balles. On peut toutefois bien l'identifier (et je l'ai fait) à ces deux tatouages sur le torse, une étoile de vor sur le poitrail droit et le nom Leila sur le cœur. Par contre le journal souligne qu'on ne voit pas sa chaine en or qu'il portait pourtant tous les jours et qu'on peut voir sur la vidéo tournée par Khagan. Il portait aussi une sorte de pendentif noir qui est bien visible à la fois sur la vidéo mais aussi sur les photos de son corps à l'hôpital. Mais point de chaine en or. Où est-elle passée ?

Dernier indice, Lotus Guli très proche de sa famille avait depuis longtemps fait le souhait d'être enterré près de son père à Bakou, or il a été inhumé à Istanbul dans le cimetière de Büyükçekmece. La cérémonie s'est, elle, déroulé sans accros devant des centaines de criminels de toute l'ex CEI venus rendre hommage et comme le veut la tradition musulmane avec un cercueil scellé. 

On peut très probablement avancer des explications logiques à ces anomalies et rien à part ça ne peut faire douter de la véracité de la mort du vor azéri.
Ce chapitre clos, il reste désormais à connaître son successeur.

Trois voleurs réputés revendiquent désormais la place de Guli dans la région de Sverdlovsk où il était le plus influent: Georgy Akoev, 47 ans, le neveu d'Aslan Usoyan ; Avtandil Kobeshavidze, 65 ans, vivant actuellement en Ukraine et Akhmed Dombaev, le vor tchétchène de 39 ans. 
Son frère Namik est celui appelé à reprendre la «suite naturelle». Arrêté en octobre 96 avec Nadir il est condamné à 27 ans de prison mais libéré en avril 2001.
Si on pouvait douter du leadership de Namik, ce derneir a pourtant rapidement fait preuve d'autorité  en réconciliant Merab Mzarelua et Mahare «Matsi» Gvaramia. Les deux hommes, proches de Guli s'était bagarré sur fonds de conflit et de trahison. Merab, le beau-père de Gela Kardava s'était rapproché dernièrement de Kakha Makalatia que Matsi avait «grondé» 6 ans auparavant. Apprenant cela Matsi a convoqué Merab pour une explication. Matsi a frappé le vieux vor le traitant de menteur devant plusieurs témoins. Tout cela en toile de fonds de l'ambition du clan Mzarelua-Kardava de prendre leur indépendance de l'organisation de Guli et de s'installer durablement en Turquie qui pourrait provoquer des tensions avec le clan Kutaisi.
En tout cas, une chose semble sûr, Namik contrôle son organisation et ne va céder les rênes du pouvoir ni à Mzarelua ni à Matsi selon PrimeCrime. Dans le même temps, Namik est une figure clé de la région, qui est devenue le foyer de plusieurs dizaines de voleurs en droit. Il n'y a pas d'alternative à Namik. Aucun voleur n'a les connexions et les ressources dont Namik dispose. C'est Namik qui a transporté tous les futurs voleurs en Turquie en 2012. (Lenta.ru)
Contrairement à Guli, il connait beaucoup plus de vor personnellement et il connait bien le sujet. Sorti de prison bien avant son frère, il a été l'élève du vor géorgien Raul Kiriya avec qui il déménage à Moscou au début des années 2000. Il a noué de bonnes relations avec les Rustavi, de Lasha Shushanashvili en conflit avec Oniani-Dzhangveladze de qui Guli était proche. Bien que Dzhangveladze a rendu hommage à Guli et a tendu la main à Namik on pense que celui-ci ne trahira pas Lasha. Cette amitié pourrait déclencher là aussi une querelle. D'autant plus que Badri Koguashvili lui n'a pas oublié Arman, le bras-droit de Nadir.  

(Ura.ru)

Il s'en est même pris directement à lui dans un courrier qui a été distribué dans plusieurs prisons et a été intercepté par les gardiens. Ce document fourni par la police à Ura.ru parle d'Arman en des termes peu flatteurs martelant le fait qu'il ne pourra et ne sera jamais digne d'être un vor v zakone.  On ne sait pas si le kazakh est resté dans l'entourage de Namik où s'il va voler de ses propres ailes mais ça promet des étincelles.

Le nom de Salifov n'a pas fini de faire parler de lui.

Sources : PrimeCrime, Crime Russia, Ura.ru, Knews, Lenta.ru, Rosbalt, Kommersant