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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Michael «Mike» Offenberg, enfant de la balle

Publié par Desmoulins sur 26 Novembre 2016, 16:24pm

Catégories : #Sport, #Outsider

article paru le 27/10/14 sur Outsider Mag

Il y a des carrières prédestinées dans le sport ou la criminalité. À vrai dire, on ne sait pas trop où placer Mike Offenberg. Il a joué sur les deux tableaux et il a perdu. Non pas qu’il n’était pas doué. Mais à chaque fois, il a manqué de chance. Pouvait-il en être autrement avec un tel background ? Récit d’un grand talent qui s’est brûlé les ailes…

Avant tout, Michael est né sous la bonne étoile du crime. Il est issu d’une famille de malfrats. Durant un temps, il se préserve des démons qui tourmentent sa famille pour finalement lui aussi se faire avaler. Le petit Mike est né en 1976. Son père s’appelle Robbie Offenberg et sa maman Alida van Dam. Elle est la fille de Gijs van Dam, le célèbre trafiquant de drogue amstellodamois des années folles lorsque les Pays-Bas et ses truands avaient acquis une grosse réputation de trafiquants de drogues diverses et variées. Papa Robbie lui est un petit caïd, ami d’enfance et d’embrouilles avec deux futurs pontes du crime batave : Willem Holleeder et Cor van Hout. C’est dans ce milieu que Mike va grandir. Le grand-père, l’oncle, le père et ses potes : tous des gangsters. Il va sans dire que les drames vont rythmer la vie du gamin et celle de sa famille. En 1984, Robbie Offenberg décède dans un accident de voiture en Belgique alors qu’il se rendait en France pour aller voir ses potes Willem Holleeder et Cor Van Hout. Les deux escrocs se cachaient pour échapper à la justice néerlandaise après l’enlèvement de Freddy Heineken. Holleeder et Van Hout ne parlent sans doute pas à nos oreilles de français mais les deux bougres sont des sommités du crime. Malgré leur arrestation en 1984 à Saint Martin et leur condamnation à la prison en 1987 (et les multiples aller-retour dans ce lieu), les deux veilleront toujours sur le petit de Robbie, leur pote.

Holleeder à gauche, Van Hout à droite

Holleeder à gauche, Van Hout à droite

Le 1er grand événement footballistique important pour Michael date de 1985. Ce jour-là, il accompagne la mascotte de l’Ajax sur le terrain lors d’un Klassieker : Feyenoord-Ajax. Marqué à vie, il intègre le centre de formation de l’Ajax. Il est poussé par les amis de son père – qui dès leur sortie de taule – accompagnent Mike sur les terrains. Il n’était pas rare de voir Holleeder le long de la ligne de touche pour encourager le petit. Dès lors, celui-ci se fait déjà une petite réputation. On le dit vantard et enfant gâté, on ne lui refuse rien. Forcément, cette facilité de vie va lui pourrir le caractère.

Clarence Seedorf, le pote de promo

À l’Ajax, on parle rapidement de Mike (et en bien). Aujourd’hui, les observateurs qui ont croisé le gamin sont nombreux à en dire le plus grand bien à commencer par Co Adriaanse. Entre 1992 et 1997, il a été le directeur de la formation de l’Ajax. « Je n’ai jamais eu un tel joueur à l’Ajax ». Mais ce n’est pas le seul à se rappeler du jeune Offenberg. Le papa de Clarence Seedorf – Johan (qui a été aussi l’agent de son fiston) – a déclaré dans le journal Volkskrant que le duo formé avec son fils était incroyable. Ils étaient « des géants, des assassins » autant en club qu’en sélection batave. Sauf que le destin des deux amis sera bien différent. À 20 ans, Clarence est au Real de Madrid et Offenberg est déjà sans club après une pige dans le club satellite de l’Ajax, le HFC Haarlem (où ses parrains mafieux détonnent en tribune). D’aucuns diront qu’il a été victime de la réputation de sa famille et des conseils à la noix de Holleeder en matière de choix sportifs. La vérité est ailleurs… Mike souffre d’un mal profond : il est feignant comme pas permis. En effet, sa condition physique — même à 20 ans — est loin d’être optimum.

Papy Gijs van Dam

Papy Gijs van Dam

Néanmoins, Clarence est prêt à tout pour son pote. C’est pour cette raison qu’il ose demander à son coach madrilène de l’époque – Fabio Capello – d’intégrer Mike dans l’effectif. Il lui organise un camp d’entrainement dans l’espoir de raviver la flamme. L’illusion dure quelques jours jusqu’à ce que la batterie de tests physiques subie par Offenberg se révèle catastrophique. Il est totalement hors de forme, les mains constamment sur les genoux. Le médecin du club décèle un problème cardiaque. C’est Clarence qui annonce à son ami la terrible nouvelle : il doit arrêter le foot tout de suite et à jamais. Ce jour-là, les deux amis d’enfance fondent en larmes (cette histoire est relatée dans la biographie de Seedorf et dans un article de Goal.nl).

Dès lors, le foot est terminé. Or, la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. Mike Offenberg va commencer à faire de mauvais choix. Il va frayer avec de gros poissons et monter une affaire d’investissements qui fera des victimes comme René van den Berg, le célèbre coach de tennis, avec qui il partage un compte à l’étranger. Mike profite d’une peine de prison de son associé pour prendre du pognon sur le compte et s’acheter une baraque à Aalsmeer pour 1,5 million d’euros. Pas très malin tout ça. Le fisc local s’intéressera à son cas plus tard. Entre sa fin de carrière pro et le milieu des années 2000, Michael va se faire un joli CV de criminel. De surcroît, il est connu pour être extrêmement violent. Il a été condamné pour vol à main armée, possession d’armes à feu, extorsion, fraude et blanchiment.

villa d'Aalsmeer

villa d'Aalsmeer

Au centre d’un scandale d’État

En 2002, son oncle Gils van Dam Jr est victime d’un règlement de comptes qui le laissera dans un fauteuil roulant. En 2004, il sera tué dans un autre règlement de comptes. Le 24 janvier 2003, c’est Cor van Hout – un de ses parrains — qui se fait dessouder par la concurrence. En 2005, la cellule du renseignement criminel batave apprend que Mike fait partie d’un réseau de trafic de cocaïne monté par Holleeder et Dino Soerel (autre caïd). Personne ne s’étonne chez les flics. Sauf que depuis quelques semaines, Offenberg pique dans la marchandise qu’il doit écouler. Il consomme allègrement de la cocaïne (à tel point qu’en 2002 il est transporté à l’hôpital pour une overdose). Avec déjà un passé criminel long comme un jour sans pain, l’ancien grand espoir de l’Ajax est suivi de près par les policiers qui ciblent bien là le maillon faible de la bande. Entretemps, il investit avec Holleeder dans l’immobilier dans le sud de la France.

Il créé sa propre boite d’investissement grâce à Edwin Denekamp (son conseiller financier) : la Yucatan France SAS. Denekamp est un génie de la magouille qui a déjà conseillé d’autres caïds. Pour lui permettre de payer son loyer, il fait appel à des investisseurs alternatifs comme le sulfureux conseiller en placement Hilversum, l’ancien agent secret Paul Herrie ou encore l’homme d’affaires chinois Andy Chen. Bref, Mike va faire des investissements bidon et du blanchiment. De surcroît, il va être au cœur d’un scandale d’État. Je vous passe les détails de l’affaire, mais le dénommé Chen fait aussi dans la vente d’armes illégales et de drogues avec Holleeder et l’ex-agent de l’AIVD, Paul Herrie. On accuse Offenberg d’avoir joué les entremetteurs ce qu’il nie en bloc. Sa société sera dissoute, mais il ne sera jamais mis en examen dans l’affaire.

Bien qu’il soit passé près de la correctionnelle, Mike ne s’est pas assagi et il continue de « foutre le zbeul » partout où il passe. Toujours gros consommateur de drogues, il s’endette salement auprès de dealers turques et marocains. La dette grandissant chaque jour, les types décident de jouer un sale tour à Mike pour l’obliger à payer son dû. Le 9 juillet 2011, la maman de Michael, Alida van Dam, est enlevée à Amsterdam. Les méfaits de son fils lui sont donc retombés dessus alors qu’elle a toujours su se préserver de cette famille dysfonctionnelle avec un casier judiciaire immaculée. C’est donc à 57 ans qu’elle paie l’inconséquence de sa progéniture.

 

Mike Offenberg gamin

Mike Offenberg gamin

A la recherche de Mike

Heureusement dans leur malheur, l’histoire se termine rapidement. En effet, la police — depuis plusieurs semaines — avait mis Alida et Mike sur écoute et sous surveillance. Les policiers ont donc vu l’enlèvement en live d’Alida et ont pu rapidement retrouver le lieu de sa détenue. Le lendemain, après une courte négociation, les policiers donnent l’assaut : 3 types sont arrêtés et un seul tué. Alida est libre.

Aujourd’hui, on ne sait pas où il est passé. Visiblement s’il n’est ni en prison ni en cure de désintoxication, il doit vivoter quelque part, mais nul ne le sait. Une vie gâchée par atavisme ? En mai 2012, un livre de Jan-Cees Butter et Joost Houtman est sorti. Il parle de ces carrières de footeux qui ont mal tourné, « Het foute elftal, moord en doodslag in de voetballerij », tel est le titre du livre (la mauvaise équipe, meurtres et homicides dans le football »). Et figurez-vous que Mike y figure en bonne place. Les deux auteurs comparent Offenberg à « une anguille comme le personnage de Keyser Söze, qui échappe toujours à la justice. » Et dire qu’à 15 ans on le comparait au grand Cruyff…

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