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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Gangs de bikers, l'heure est au changement. Partie 1

Publié par Desmoulins sur 3 Mars 2019, 17:37pm

Catégories : #Biker

Les clubs de bikers criminalisés, «les 1%», sont eux aussi sujet à évolution, comme toutes les autres organisations criminelles. Certes leurs hiérarchisations restent immuables mais on peut s'apercevoir de changements de mœurs. On a pu apercevoir des nouvelles tendances, principalement en Europe, dérogeant quelque peu aux règles tacites de ces Motorcycle Clubs (MC) pourtant ancrés dans des traditions d'admission immuable et disons le, passéiste, depuis leurs créations fin des années 40 début 50. On a vu arriver ces dernières années une nouvelle forme de MC, le club de biker mais avec une majorité (voire la totalité) de ses membres ne possédant pas de motos. On a aussi pu voir les MC «sponsorisant» des gangs de rue, après avoir longtemps déconsidéré ce milieu. Prenant du retard sur bien des aspects en refusant encore pour la plupart de ne pas déroger à leur sacro-sainte règles d'admission «pour être biker il faut une moto (ça on est ok) mais il faut aussi être blanc» digne d'une organisation blanche suprématiste. On voit aujourd'hui le changement s'opérer, à la fois par nécessité, logique et aussi par opportunisme. 

Depuis des dizaines années, à côtés des organisations mondiales, Hells Angels, Bandidos, Outlaws, Mongols, Rebels ect..., on voit fleurir tout un panel de clubs dans leur sillon. Faisant office souvent de clubs satellites ou de clubs prospects, ils n'ont vocation qu'à être inféodé aux plus gros, à fournir des gros bras pour faire le sale boulot avec peut être en récompense une possible admission au club (si tant est qu'ils correspondent aux critères d'admission bien évidemment).
Mais on a aussi vu des clubs s'émanciper et devenir si ce n'est l'égal tout du moins des rivaux de ces grosses organisations. 
Un de ces clubs, le Satudarah Maluku MC, a été un de ces clubs inspirant à l'indépendance. Issu de la communauté moluquoise hollandaise et créé en 1990,  il a connu ces 10 dernières années une expansion quasi sans égale en Europe et ailleurs. 
C'est surtout ce MC qui a fait éclaté la bulle du monde des bikers hollandais.

Gangs de bikers, l'heure est au changement. Partie 1

En juin 2011, les Satudarah quittent le fameux «Comité des 8» créé en 1996 par les 8 principaux clubs de motards néerlandais, ce qui va provoquer beaucoup de remous. 
Formé par les clubs Hells Angels, Animals, Demons, Black Sheep, Rogues, Spiders, Trailer Trash et Veteran, le Comité avait pour objectifs d’empêcher les conflits entre clubs et surtout de bloquer l’implantation d’autres clubs (comme les Bandidos et les Outlaws) aux Pays-Bas. A savoir que le chapitre Amsterdam des Hells Angels (créé en 1974) est le 1er chapitre européen de l'organisation californienne. En 2013, les Demons et les Black Sheep MC quittent eux aussi le “Comité des 8” ("Raad van 8") qui décide donc d'en tirer les enseignement qui convient en annonçant sa dissolution. (Rotsnews - Dutch bikers)

La raison des tensions est simple, il semble que les Satudarah n’apprécient pas la volonté des Hells Angels de vouloir contrôler les clubs du pays. Récemment, les Hells Angels avaient doublé le nombre de leurs chapitres en absorbant le club des «Confederates» (environ 70 membres).
Le Président du chapitre Hells Angels d’Amsterdam (considéré comme le «chapitre-mère» en Europe) est Daniel «Unu» Uneputty, né en 1954, lui même d’origine moluquoise. Il aurait d'ailleurs des membres de sa famille au sein des Satudarah Maluku.
En 2009, les Satudarah Maluku avaient déjà défié les Hells Angels en se rapprochant des Bandidos allemands. (Crimorg.com)

En novembre 2011, 500 bikers, membres ou sympathisants des Hells Angels, se réunissent à Amsterdam. 150 Satudarah se dirigeant vers la ville sont bloqués par la police et seule une délégation d’une vingtaine de membres, surveillés de près, a pu se rendre sur les lieux de la fête.
Plusieurs réunions de motards prévues cet été ont été annulées par crainte de violences.
Mais cette fois-ci, il n’y a pas eu d’affrontement et les deux groupes de bikers ont multiplié les signes d’amitié devant les photographes et les caméras. Les chefs des Satudarah ont même donné l’accolade à Daniel Uneputty. Il s’agit vraisemblablement d’une opération de communication visant à démontrer la bonne entente entre les deux organisations et donc à alléger la pression policière.
Malgré ça les tensions ne s'apaisent pas pour autant, les Hells Angels ont même arrêter de défiler en moto, préférant les voitures blindées pour se prémunir de tous risques. (Crimesite - AD.nl - Crimorg.com)

Daniel Uneputty (Fiveprime) et Daniel Uneputty qui salue les représentants des Satudarah (Ad.nl)Daniel Uneputty (Fiveprime) et Daniel Uneputty qui salue les représentants des Satudarah (Ad.nl)

Daniel Uneputty (Fiveprime) et Daniel Uneputty qui salue les représentants des Satudarah (Ad.nl)

En 1 an, les Satudarah ont doublé le nombre de chapitres aux (Pays-Bas) et en avril 2012 annoncent  leur implantation dans deux pays voisins : en Belgique et en Allemagne (à Duisburg). (Crimesite - Dutch Bikers - Crimorg.com)

Fin janvier 2012, le chapitre Hells Angels d’Amsterdam a perdu une bataille judiciaire de plusieurs années contre la municipalité d’Amsterdam. La ville leur avait prêté un terrain en 1978 pour y installer leur club-house. Depuis, les autorités avaient souhaité récupérer le lieu dans une optique très claire de lutter contre le gang. Le 30 janvier, le club de motards est donc officiellement expulsé de leur club-house. Les Hells Angels n’auraient pas encore trouvé un autre lieu pour y installer leur siège, les municipalités de la région d’Amsterdam refusant de les accueillir. Les autorités municipales proposent même aux autres villes leur expertise pour contrer l’implantation des bikers.
En parallèle, le Président, Daniel «Unu» Uneputty, a annoncé sa démission de ce poste. 
Il est remplacé par Theo Huisman, qui sera exclu en mai 2013 en «bad standing» (mauvaises relations), tout comme une autre figure du chapitre, Harry Stoeltie (actuellement détenu dans une affaire d’extorsion). Une preuve de plus de la crise de leadership que traversent les Hells. (Panorama - Crimorg.com - Dutch Bikers)

Le 2 juin 2012 se tient la «patch-party», la cérémonie qui a fait que le club Brotherhood MC de Duisburg est devenu chapitre prospect du Satudarah MC Maluku. Cette réunion, sous contrôle policier, a réuni près de 300 bikers, dont une délégation des Bandidos. Le chapitre prospect Satudarah de Duisburg compterait 20 membres.
Le 24 août, une grenade a été lancée dans un bureau de paris qui devait ouvrir le lendemain à Duisbourg (Rhénanie-du-Nord-Wesphalie). Le commerce semble lié aux Hells Angels. 3 jours plus tôt une autre grenade avait lancée contre le club-house local des Hells Angels. (Crimorg.com - Dutch Bikers)

Patch-over des Brotherhood MC mené par leur leader Ali O. en sweat jaune (Biker News)

Patch-over des Brotherhood MC mené par leur leader Ali O. en sweat jaune (Biker News)

Début octobre, les Satudarah ouvrent un bar, baptisé «Black and Yellow Nation», en plein coeur du «quartier rouge» de Duisbourg. Ce bar se situe à quelques mètres du bar «The Fat Mexican», appartenant aux Bandidos. L’inauguration a rassemblé 120 bikers, qui ont été étroitement contrôlés par la police allemande. 6 personnes ont été arrêtées pour détention de matraques, de couteaux et de pistolets à gaz.
L’ouverture de ce bar est une provocation supplémentaire à l’encontre des Hells Angels.
Le 15 février 2013 une bagarre géante va mettre aux prises les deux gangs à Duisbourg. 10 jours plus tard un proche des Hells est grièvement blessé par balles. Quelques jours plus tôt, à Düsseldorf, un membre des Satudarah, âgé de 26 ans, a été blessé d’un coup de couteau.
Le porte-parole des Satudarah en Allemagne, Jan «Miami Gianni» Sander, 35 ans a affirmé dans un communiqué: «Les Rouges et Blancs [surnom des Hells Angels] sont de plus en plus impopulaires dans le milieu bikers car ils remettent en question l’existence même d’autres clubs». 
Les tensions ont perdurer toute l'année 2013. Fusillade, opérations coups de poings ect... (Der Western - Crimorg.com)

Fin 2012 Europol publie un rapport où il s’inquiète du développement des gangs de motards en Europe et des risques de violences qui leur sont liés. Il y aurait ainsi plus de 700 chapitres de gangs de motards dans les pays européens, notamment les «poids lourds» du secteur : Hells Angels, Bandidos, Outlaws et Gremium (un gang allemand très implanté en Suisse). Europol relève aussi l’expansion des Satudarah Maluku MC et des Blue Angels (créé en 1963 à Glasgow, 4 chapitres au Royaume-Uni et 6 en Belgique).
Mais ce qui pourrait déstabiliser la scène criminelle biker européenne est l’arrivée de nouveaux clubs venus d’autres continents comme les Comancheros (originaire d’Australie, avec désormais un chapitre à Sarajevo et en Espagne), les Rebels (également d’Australie avec des chapitres à Malte, au Royaume-Uni, en Suède et en Espagne), les Coffin Cheaters (d’Australie, avec 5 chapitres en Norvège), les Rock Machines (du Canada, avec des chapitres en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne, au Kosovo, en Suède et en Suisse), les Mongols (originaire de Californie avec désormais des chapitres en Italie, en Allemagne, en Belgique, en Suède, en Finlande, en Norvège, au Royaume-Uni, en Espagne et en France via l’île de la Réunion) et les Vagos (de Californie avec des chapitres en Suède et en Allemagne). (Crimorg.com - Europol)

(Le Matin)

(Le Matin)

Les Satudarah eux, vont continuer leur implantation internationale, au Danemark, en Espagne, en Malaisie, en Suède, en Suisse et en Indonésie. Les Satudarah s'installe même à La Réunion et vont compter jusqu'à 5 chapitres en France. Partout où le club s'installe, il grandit à une vitesse folle. Cette science de nouer des contacts leur facilitant l'implantation va faire merveille. Surtout le club lui n'a pas peur de s'allier avec des MC ou des gangs de rue composés «d'étrangers» comme les pakistanais du VHK basé au Danemark qui pourtant auraient été des proches des Hells. (Crimorg.com)
Courant 2013 on va même découvrir que le club avait ses entrées au sein du groupe ultra du club de foot de Twente le «Vak-P». (Dutch Bikers - Crimorg.com - Crimesite)

En janvier 2013, le Maire d’Amsterdam, Eberhard Van der Laan, annonce que la municipalité ne veut plus employer des membres des clubs de motards Hells Angels et Satudarah. A l'époque il y avait 3 Hells Angels employés par la municipalité.  Pour les spécialistes du droit du travail, le licenciement serait abusif puisque le club des Hells Angels n’est pas une organisation interdite.
La répression a aussi fait son œuvre sur les activités des MC, notamment en Allemagne où certains Lands interdisent les motards à porter leurs couleurs où a installer leur QG, la même chose a commencé aux Pays-Bas.(Panorama - Crimorg.com)

Mais cette belle embellie va quelque peu stopper car à son tour le club va se heurter à certaines réalités criminelles. Les alliances se font et se défont. 
Fin janvier 2014, Henk Kuipers, un des principaux leaders du gang «Satudarah MC», annonce son départ pour rejoindre une autre bande, le «No Surrender MC», un club apparu fin 2012. Kuipers a tenu une conférence de presse avec ses nouvelles couleurs, au cours de laquelle il déclare qu’il était en désaccord avec la politique et le mode de gouvernance du Satudarah MC. Entre 100 et 180 autres Satudarah (5 chapitres au moins) l’auraient suivi dans ce «patch-over» (changement de club). Certains club-houses ont modifié leur façade de Satudarah MC à No Surrender MC. Ce mouvement va bouleverser les équilibres au sein du monde bikers néerlandais. Kuippers co-gérait une équipe de sport de combat (une chose très courante aux Pays-bas ces liens crime organisé et combattants d'art martiaux et clubs), la «Team Hardcore»
Les Hells ont géré longtemps via Rini Scholten la team «Black Label Fighting». Tarek El Idrissi, un ex champion de kickboxing est passé par ces deux clubs avant d'être abattu le 31 janvier 2014. (Crimesite - Panorama - Crimorg.com)

Henk Kuipers (DvHn)

Henk Kuipers (DvHn)

Ce club des No Surrender fondé par Klaas Otto, compte déjà deux chapitres (Amsterdam et Zundert). Il est le fruit improbable d'ex Hells associé à des ex Satudarah. Ca ne s'invente pas et  Otto est d’ailleurs un ancien cadre du Satudarah MC lui aussi.
A l'instar des Satudarah, les No Surrender vont connaître une expansion fulgurante.
En février 2013, a police néerlandaise a eu la surprise de constater que le caïd Willem Holleeder (un des derniers gros parrains du crime batave) était devenu le Vice-Président du chapitre Amsterdam des «No Surrender». Le Sergent d’Armes de ce chapitre est Dick Vrij, un ancien champion de kickboxing. Willem démissionnera du poste quelques semaines plus tard.
Si le fondateur est bien Klaas, les autorités pensent que le véritable artisan de la création du «No Surrender» est Willem Van Boxtel. Van Boxtel était le Président historique des Hells Angels d’Amsterdam, exclu du club en «bad standing» en septembre 2004. 
A l'époque, Van Boxtel avait envisagé d’assassiner par explosif, et au siège des Hells Angels, le «parrain» d’Amsterdam.....Willem Holleeder sur demande d’une autre figure du Milieu ( le courtier Willem Endstra, assassiné en 2004 peut être sur ordre de Willem et dont le procès se tient en ce moment). Il avait caché ce «contrat» à ses frères, qui l’ont donc exclu quand la police a éventé l’affaire. (Panorama - De Telegraaf - Crimorg.com) C'est donc drôle d'imaginer Willem même seulement pour quelques semaines vice-président de ce club. Sans rancunes visiblement.


En avril les «No Surrender», montrent les dents et provoquent une bagarre avec des Hells (dont un a été sérieusement blessé) qui faisait suite à l’agression d’un «No Surrender» par des Hells Angels la veille. L’affrontement a eu lieu dans le bar «Excalibur», tenu par les Hells.
A l'instar des Satudarah et leur politique d'intégration ils ont même eu un chapitre «gens du voyage», les Trailer Trash (qui quittent les Satudarah en juin 2014). Les No Surrender a développé une politique de recrutement en ouvrant le chapitre «Losrifinos», destiné aux jeunes marocains et turcs. «Losrifinos» fait référence à la région du Rif marocain et un aux jeunes "Shqiponjat". Le club ouvre aussi un chapitre sur la Costa del Sol espagnole. (De Telegraaf - Crimorg.com)

Le 21 juillet, le «No Surrender» ouvre le chapitre «Southside» dans le Limbourg néerlandais. Son Président est Harry Ramakers, ancien membre du chapitre «Nomads» des Hells Angels. Il a été soupçonné d’un meurtre en mai 2003 sur fond de trafic de cocaïne et a été acquitté pour les meurtres de 3 membres des Nomads abattus en février 2004 car soupçonnés d’avoir détourné une cargaison de cocaïne.
La présence de Ramakers à la tête de ce chapitre «No Surrender» est une nouvelle provocation lancée aux Hells Angels néerlandais. (Panorama - Crimorg.com). Cette implantation dans le Limbourg fait sens vu l'implication de plus en plus grande des No Surrender dans le trafic de drogues synthétiques. Le Limbourg est en effet un des berceaux originels de l'ecstasy.

(RTV Drenthe)

(RTV Drenthe)

On va vite comprendre que le milieu bikers c'est un peu les Feux de l'amour.
Klaas Otto, décide de fermer le chapitre Limbourg (région sud-est des Pays-Bas) et d'en exclure ses 10 membres en mars 2014. Officiellement, de l'argent récolté pour une enfant handicapé aurait été détourné mais certains observateurs y voient surtout une sanction contre ceux qui ont opéré un rapprochement avec le club des Bandidos. Un des membres exclus n'est autre qu'Harry Ramakers, 
Les policiers s'inquiètent désormais de l'attitude des 10 bikers exclus. Ils avaient déjà établi des contacts avec les Bandidos et pourraient vouloir intégrer pleinement le club. Cela constituerait une 1ère pour les Bandidos qui ne possède pas de chapitre aux Pays-Bas. Ce pays a en effet toujours été un territoire Hells depuis la création en 1978 du chapitre d'Amsterdam.
L'arrivée d'un chapitre Bandidos pourrait déstabiliser encore plus la scène bikers néerlandaise. (Crimesite Biker News - Crimorg.com)

Et ce qui devait arriver arriva.
Le 15 mars, les Bandidos annoncent la création, d'un chapitre probationary à Sittard (sud-est des PB). Ce chapitre a été créé sur la base des membres du club «No Surrender», récemment exclus dont Harrie Remakers. A la suite de l'annonce, son domicile a été la cible d'un engin explosif. Pour les Bandidos, il s'agit d'une victoire symbolique importante.
11 jours après la création d'un chapitre Bandidos à Sittard, le club annonce le 26 mars la création d'un autre chapitre à Alkmaar (nord du pays). (Crimorg.com)

En avril 2014, une étude des fichiers de police sur 601 membres des clubs néerlandais Hells Angels, Satudarah et No Surrender montre que 80% ont un casier judiciaire et que 30% sont des récidivistes, plusieurs ayant plus de 10 condamnations sur leur casier.
Selon le Ministère de la Justice néerlandais, entre 2012 et mai 2014, 345 membres de gangs de motards (essentiellement Hells Angels, No Surrender, Satudarah, Trailer Trash et Bandidos) ont été impliqués dans 159 affaires criminelles (homicide, trafic de stupéfiants, agressions et extorsion). 80% des membres de clubs de motards ont un casier judiciaire.
Dans le même genre en août 2014, un rapport interne du Ministère de l’Intérieur espagnol préconise une action pro-active des services de police contre les gangs de motards criminalisés actifs sur le territoire. Le rapport cite les clubs Hells Angels, Satudarah, No Surrender et Bandidos. Les autorités notent que les clubs investissent dans diverses activités (bars, restaurants, garages moto, immobilier,…). Une meilleure coopération avec les autorités néerlandaises (d’où sont originaires certains de ces clubs) est demandée. (Crimorg.com)

Harrie Ramakers (1Limburg)

Harrie Ramakers (1Limburg)

Tous ces chiffres montrent que les gangs de bikers criminalisés sont en vogue en ces années là. 
Tout cela semble en partie dû à cet éclatement de l'autorité des plus gros MC, poussent plusieurs entités à un expansionnisme forcené (Satudarah, No Surrender, Gremiums et United Tribuns principalement). Surtout ses symboliques bikers sont très en vogue dans cette nouvelle génération de criminels. La hiérarchie, les couleurs, les patchs, «l'uniforme» semblent très attrayant pour tous les amateurs d'imageries et d'esbroufe.

Très vite les implications des Satudarah et des No Surrender dans le crime organisé local vont se multiplier notamment avec certains réseaux de la Mocro Maffia. Et à l'instar de leurs homologues américains, leurs implications dans le trafic de drogue et la production des drogues synthétiques est importante. En septembre 2015, un laboratoire de production d'amphétamine est découvert dans un hangar à Brunssum (sud-est du pays). Deux membres du club Satudarah, sont arrêtés sur place. Les Satudarah ou les No Surrender ont des contacts privilégiés avec le milieu des gens du voyage batave du Limbourg très impliqué dans les drogues synthétiques. (Crimesite)

En novembre 2011, le président d'un chapitre des Satudarah échappe à une tentative de meurtre qui a vu l'implication de Lucas Boom le lieutenant de Willem Holleeder. Boom est abattu le 9 juin 2015.
A la mi-juin 2016, la Guardia Civil, en collaboration avec la police néerlandaise et Europol, interpelle le néerlandais Emiel Brummer, 42 ans, considéré comme le lieutenant du britannique Robert Dawes, 44 ans, caïd du trafic de stupéfiants en Europe. 
En charge des règlements de comptes, Brummer a été extradé vers les Pays-Bas. En plus de coordonner l’importation de cargaisons de cocaïne avec les fournisseurs sud-américains via les ports d’Anvers ou de Rotterdam, Brummer était un des chefs fondateurs du club de motards Satudarah Trailer Trash avec Michel Wijs. Pour rencontrer les fournisseurs, il utilisait un camping du sud de l’Espagne. 15 perquisitions ont permis de saisir 6 kg de cocaïne, des armes, 500.0000 euros en liquide, des diamants, des voitures de luxe et 150 téléphones portables cryptés. Brummer a été vu au moins 6 fois en compagnie de Dawes en Espagne et s'est rendu plus de 40 fois à Malaga en 2013 et 2014. À La Haye, le domicile de Brummer est équipé d'un microphone et d'une caméra entre décembre 2015 et avril 2016 par le service des enquêtes criminelles. Cela a permis d'enregistrer des discussions avec, notamment, trois Mexicains au sujet  d'un deal de cocaïne. (ABC - Crimesite - Panorama - Crimorg.com)
Après l'arrestation de Dawes on dit que c'est lui qui a repris les rênes de l'organisation, enfin de ce qu'il en restait.

Arrestation d'Emiel Brummer (The Local Spain)

Arrestation d'Emiel Brummer (The Local Spain)

La situation devient si chaotique que les No Surrender en viennent à relancer l'idée de créer un organe consultatif en invitant 10 clubs néerlandais à créer un nouveau «comité des 8» qui sera donc un «comité des 11». Des invitations en ce sens ont été envoyées aux clubs Hells Angels, Satudarah, Animals, Demons, Black Sheep, Rogues, Spiders, Trailer Trash et Veteran. Pour l'instant la proposition est analysée par les clubs mais déjà les Satudarah (par la voix de son président Xanterra Manuhutu) ont déclaré être intéressés mais demandent l'intégration des Bandidos (nouvellement implantés aux Pays-Bas). Klaas Otto a justifié son choix de ne pas inviter les Bandidos pour l'instant, car ils ne disposent que de 2 chapitres prospects aux PB. (Crimesite - Panorama - Crimorg.com)

L'affaire n'avance pas pour autant en un an après on n'a toujours rien vu venir et l'idée est relancé par 
les Hells Angels et les Satudarah, prouvant un relatif d'apaisement entre les deux clubs. Mais rien de concret ne sera mis en place néanmoins. 
Surtout qu'en mars 2015, Klaas Otto, est blessé dans une fusillade près de la de la frontière néerlandaise à Poppel en Belgique près d'un club-house de son gang. 
Seulement les tirs ne viendraient pas d'un gang concurrent  mais d'un autre membre des No Surrender. Otto avait vendredi en Belgique un rendez-vous avec un homme connu de lui. Selon lui, l'homme aurait immédiatement sorti un pistolet et essayé de lui tirer dans la tête. (Crimesite - Crimorg.com)

(Mannenstyle)

(Mannenstyle)

Plusieurs incidents violents vont alors se dérouler

Le 28 juillet 2015, Jori Sven Van Zanten, un néerlandais de 26 ans est blessé par balles près de Las Ramblas à Barcelone. Zanten est un membre des “No Surrender” qui a été impliqué en 2014 dans une fusillade à Eindhoven contre un membre du Satudarah MC avec son complice Sebastiaan ter Welle. L’hypothèse d’un règlement de comptes est confirmée quand on découvre que la victime belge est détenteur de faux papiers. En février 2019, il est condamné à 30 mois de prison après avoir été arrêté en octobre 2018 avec 2 complices et des armes et un «kit d'enlèvement». Sebastiaan ter Welle avait été arrêté en 2013 après des écoutes téléphoniques où il annonçait qu'il planifiait l'enlèvement avec un complice israélien de 44 ans d'un financier «du milieu» à Paris pour lui barboter un million d'euros. (Crimesite - Panorama)

Capitaine Dalla

Le 14 octobre 2015, deux hommes sont abattus à Hooge Zwaluwe (Brabant-Septentrional). L'une des victimes est un macédonien de 34 ans, Muljaim Nadzak, acquitté en 2013 dans une affaire de meurtre d'un trafiquant de marijuana. L'autre victime est le surinamien d'origine, Brian «Capitaine Dalla» Dalfour, 47 ans. Il était le Président du chapitre d'Amsterdam du club de motards «No Surrender» et était considéré comme un proche du caïd Gwennette Martha, abattu à Amsterdam en mai 2014. L’incident s’est produit au cours d’un deal de drogue qui a mal tourné apparemment mais tout ça va rendre tout le milieu biker nerveux surtout qu'au même moment plusieurs éléments bikers sont impliqués dans la querelle entre réseaux de ma Mocro Maffia (voir mes articles Mocro Maffia).
Tous ces remous plus des dissensions interne vont conduire le 17 février 2016, Klaas Otto a annoncé sa démission. Klaas Otto. Il affirme être fatigué que son nom soit systématiquement associé aux actions, bonnes ou mauvaises, de son club. En avril 2015, il avait déjà démissionné pour pouvoir librement témoigner contre l’homme qui avait tenté de l’abattre (les règles du club interdisant toute collaboration avec la police), avant de réintégrer les «No Surrender» en juin 2015. (Crimorg.com)

Funérailles de Brian Dalfour (nos.nl ; omroepbrabant.nl ; Omroep Brabant)Funérailles de Brian Dalfour (nos.nl ; omroepbrabant.nl ; Omroep Brabant)
Funérailles de Brian Dalfour (nos.nl ; omroepbrabant.nl ; Omroep Brabant)

Funérailles de Brian Dalfour (nos.nl ; omroepbrabant.nl ; Omroep Brabant)

Le 6 janvier 2017 à Breda, Peter «Peet» van der Linde, 60 ans, est abattu de plusieurs balles sur Lunetstraat. L’homme selon les observateurs est connu du milieu criminel local. Il est surtout connu comme un concessionnaire et lié au milieu des gens du voyage. Plus tard dans la nuit, on a retrouvé une BMW brûlé à Essen. Van der Linden était suivi de près par la police notamment pour du blanchiment d’argent.
Breda n’est pas une place forte du crime et seule la famille Damen y est “connue”. Toon Damen, le père a été liquidé en 2012. Son fils a été blessé par balles récemment. On suspecte la possible implication des No Surrender voulant se débarrasser d'un associé qui blanchissait leur argent. D'autant plus qu'à peine 1 mois plus tard on retrouve le corps de Leon Viellevoye, un garagiste de 44 ans dans une voiture incendiée à Moergestel. Ce dernier avait été arrêté en avril après la découverte d’un laboratoire de drogue chez lui. Il devait se présenter dernièrement à une audience du tribunal de Den Bosch. Ce réseau était lié aux No Surrender et 3 de ses membres y sont impliqués. (Crimesite - Panorama)

Les Satudarah eux après la perte de leur faction Trailer Trash, ils se sont mis en quête d'un référent dans le milieu des drogues. Ils l'ont trouvé en la personne de Piet Pronk, qui fut un des acteurs majeurs du trafic d'ecstasy dans les années 90. Après avoir purgé  plusieurs peines, il a fondé le chapitre Delft des Satudarah Malos, une branche des Satudarah. Le 16 mai 2017, il met fin à ses jours.

En 2016, on a comptabilisé environ 1.900 membres de gangs de motards aux Pays-Bas, soit environ 200 de plus qu’en 2015. Les groupes en augmentation sont les Satudarah (une centaine de membres en plus), les No Surender (une centaine également en plus) et les Black Sheep (une trentaine en plus). Les autres clubs sont globalement stables. Sur ce total, plus de 400 ont été accusés de 680 infractions en 2016 dont 91 voies de fait, 59 violences contre les personnes, 44 menaces, 44 détention d’armes, 35 production de cannabis, 22 trafic de stupéfiants, 18 vols, 13 extorsion, 13 affaires d’homicide, 11 blanchiment,… Les principaux gangs impliqués dans ces affaires sont les No Surrender, les Satudarah, les Bandidos, les Hells Angels et les Trailer Trash. (Panorama - Crimorg.com)
En 2016, 9 club-houses ont été fermés mais on compte au total 69 club-houses ouverts dans le pays (contre 66 en 2015). 11 rassemblements de motards ont été interdits et 23 ont été autorisés sous conditions. A 25 reprises, les membres des gangs de motards ont été interdits de certaines zones précises. 40 personnes ont vu leur licence de sécurité suspendue pour leurs liens avec les motards (dont 20 Satudarah, 8 Hells Angels, 5 No Surrender). Le nombre de fonctionnaires identifiés comme membres de ces gangs est en baisse par rapport à 2015 : de 58 à 50 (dont 28 au Ministère de la Défense). (Panorama - Crimorg.com)

Dès lors la répression va s'abattre encore plus fort sur les MC. Dans plusieurs Lands, des associations de résidents vont s'organiser pour expulser les clubs, Exemple en 2017, où un tribunal ordonne l’expulsion du club de motards des Satudarah d'une maison du sud-est d’Amsterdam qu’ils utilisaient comme club-house. Dans ce quartier résidentiel, des dizaines de Satudarah se réunissaient, tous les vendredis, avec leurs couleurs et, parfois, des gilets pare balles. Et leurs motos bruyantes. (Crimorg.com)

(Visions du Réel)

(Visions du Réel)

En septembre 2017, le Ministère de la Justice des Pays-Bas décide de lancer une procédure pour interdire le club de motards des Satudarah. Les autorités néerlandaises avaient déjà tenté, sans succès, d’interdire les Hells Angels. Par ailleurs, le Tribunal d’Utrecht décide d'interdire le club des Bandidos. Le Tribunal a souligné que le club était en «conflit avec l’ordre public». En juin 2018 c'est la municipalité de Schiphol qui décide de l'interdiction des Satudarah.
Début octobre 2017, les frères Xanterra et Angelo M., ainsi que Paul «Olla» M., trois membres du «conseil d'administration» du Satudarah sont arrêtés. Le 4ème membre Michel Boer est interpellé en Autriche en février 2018. (Panorama - Crimorg.com)
Les municipalités néerlandaises d’Apeldoom et de Beverwijk ont eux décidé la fermeture des club-houses des chapitres locaux des Satudarah.
En octobre, Guus Pronk, 52 ans, considéré comme le chef des Satudarah pour l’Europe est arrêté. Il est accusé d’avoir géré un réseau de plantation de cannabis. (Crimesite - Panorama) 

La Table de direction des Satudarah (NRK TV)

La Table de direction des Satudarah (NRK TV)

En juin 2018, un rapport intermédiaire de la police néerlandaise estime que la ligne dure affichée par les autorités contre les gangs de motards (notamment l’interdiction du club des Bandidos et une procédure similaire lancée contre les Hells Angels et les Satudarah) porte ses fruits. Durant l’année 2017, le nombre des membres de ces gangs serait en augmentation certes mais légère : de 1.940 membres identifiés début 2017 à 1.980 membres fin de l’année. Mieux, la visibilité des gangs sur la voie publique est en diminution, malgré des actes d’intimidation des gangs sur leurs membres mais aussi sur l’administration, les policiers et des journalistes. Les club-houses officiels semblent également moins utilisés, les réunions se faisant dans des bars et restaurants, des bureaux ou des maisons individuelles. La police tente de contrer ce phénomène de «dispersion», notamment grâce à un accord avec le secteur de la restauration. (Panorama -  Crimorg.com - AD.nl)

En septembre, le Parquet néerlandais demande à un tribunal d’Assen de prononcer l’interdiction totale du club de motards des No Surrender MC dans l’ensemble des Pays-Bas.
Il faut tout de même le dire, si une interdiction est symboliquement importante, elle ne détruit pas les réseaux criminels sous-jacents. Ainsi, les membres de ces gangs pourraient passer dans des chapitres belges ou allemands ou encore rejoindre les gangs de rue. 
A la mi-décembre, un nouveau pallier est passé dans la répression. Des députés néerlandais étudient l’adoption d’un projet de loi autorisant le Ministre à interdire les clubs de motards criminels. Pour l’instant, la procédure est longue et complexe : un juge doit d’abord décider si les clubs agissent ou non en conflit avec l’ordre public. La police voudrait que ce soit le Ministre de la Justice et de la Sécurité qui se prononce sur une telle interdiction. Un juge devra ensuite valider une telle interdiction. (Panorama - Misdaadjournalist - Crimorg.com)

Le pompier Hells Angels

Effet immédiat de ces mesures, un pompier est licencié courant 2019 après 25 ans de service et ce en raison de la décision en 2018, du service des pompiers d’Amsterdam d'exclure toutes personnes ayant des liens avec des clubs de motards pour «l’intégrité et la crédibilité du corps». En mai 2020, un tribunal d’Amsterdam invalide la décision bien que le pompier licencié était un "capitaine de route" d'un chapitre des Hells Angels, dont il était membre du club depuis 21 ans. (Crimorg - Crimesite)

Comme on peut le voir, cette terre de bikers que sont les Pays-Bas a vu en quelques années pas mal de nouveautés et surtout une multiplication de conflits qui ont poussé les législateurs à lune répression plus féroce.
L'expansion rapide des clubs néerlandais No Surrender, Satudarah et même des Caloh Wagoh MC (dont je parlerais dans la partie 3) montre que ces structures en se fixant moins de limites et de règles racialistes ridicules d'admission, peuvent rapidement concurrencer les plus gros MC mondiaux sur pas mal de territoires. Toutefois on retrouve malgré tout très souvent les mêmes oppositions Hells vs Bandidos/Outlaws. 
Ces évolutions sont dans la logique d'un mode de vie et de symboles liés aux motards très prisés par une nouvelle génération mais qui se voit refrénée par des conditions d'admission draconiennes et clairement raciste. «Posséder une moto et être blanc», voilà bien deux des principes forgé dans la pierre pour ces MC. La condition d'être d'une certaine couleur de peau est bien la condition qui pousse à la création de MC ethnique tout aussi homogène ou en tout cas de MC basé sur d'autres conditions d'acceptation. Ce sont principalement les diktats des Hells qui sont visés du doigt. Dans plusieurs pays les autres club leur reprochent leur côté dirigiste et leur volonté d’imposer à l’ensemble de la communauté bikers des règles trop strictes et leur hégémonie. 
Partout où sont les Hells, les Bandidos vont y aller, pour y générer une vraie politique de tension en s'appuyant sur des MC locaux ne voulant pas des Hells. Notre prochain article va traiter de la Scandinavie et de l'Allemagne principalement et la dernière partie abordera quelques cas spécifiques de cette nouvelle génération de MC.

 

Sources : Crimesite ; Panorama ; Misdaadjournalist ; Crimorg.com ; Omroep Brabant ; 1Limburg ; Ad.nl ; NRC.nl ; Biker News

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