Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog à part

Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


Guerre au sein de la Mocro Maffia 9

Publié par Desmoulins sur 30 Août 2019, 21:37pm

Catégories : #Mocro Maffia, #Pays-Bas, #crime organisé

Pour la suite de l'actualité crime organisé lié à la Mocro Maffia, on va s'intéresser aux audiences préliminaires du trafiquant «Rico le Chilien» qui démarrent le 6 juillet 2018. 
Âgé de 43 ans, on le rappelle, il avait été arrêté au Chili en octobre 2017 puis extradé vers les Pays-Bas. Le journal Panorama a apporté plusieurs précisions sur son parcours. On y apprend notamment qu'il a grandi à Amsterdam et que son père était lui-même un trafiquant. Dans les années 90, il s'implique dans le trafic de coke et commence notamment à côtoyer Gwennette Martha. 
En 1999, il est arrêté pour la première fois alors qu'il voulait vendre quelques centaines de kilos de cocaïne en Allemagne sauf que les acheteurs se sont avéré être des agents infiltrés. Rico disparaît derrière les barreaux pendant onze ans. Une fois de nouveau libre, il est signalé aux Pays-Bas avec plusieurs gros caïds locaux. Par exemple, en 2006, il rend visite au trafiquant Danny Kuiters (qui fut le mentor de de Naoufal F. et Peter R.) en prison. Puis il disparaît des radars et voyage partout, tissant son réseau.
Les audiences durent et fin septembre le Procureur réfléchit désormais à rajouter des accusations d’homicides contre le caïd. Il serait notamment soupçonné d’être impliqué dans la tentative de meurtre à Marrakech en novembre 2017 contre Mustapha F., au cours de laquelle un étudiant avait été abattu. «Rico le Chilien» a pourtant été arrêté au Chili le mois précédent mais le projet criminel aurait commencé avant, impliquant comme co-commanditaire un gros caïd d'Utrecht avec qui il s'est lié en affaires. Le chilien pourrait également être impliqué dans un meurtre ciblé, par couteau, à Dubaï si on en croit un échange de courriel saisi sur son ordinateur. 

La police criminelle néerlandaise va retrouver des messages cryptés de type PGP démontrant que le milieu d'Utrecht a échangé des messages pour s’en prendre au Procureur Koos Plooij. Rico le Chilien leur aurait conseillé «d’attendre»… Le Procureur Plooij s’occupe depuis 20 ans des affaires de crime organisé et travaille en ce moment sur des dossiers de trafic de drogues et de règlements de comptes. Richard est donc mis en examen pour trafic de drogue et plusieurs assassinats.
Les nouvelles allégations résultent de la recherche le décryptage des données des deux réseaux de communication cryptés avec lesquels les criminels se croyaient intouchables: Ennetcom et PGP safe dont les serveurs ont été saisis au Costa Rica. Mais on reparlera plus en détails du procès dans la prochaine partie.

"Rico de Chileen" (AD.nl)

"Rico de Chileen" (AD.nl)

Bien que la Costa del sol soit de nouveau sous tension, Marbella reste le lieu de villégiature préféré des criminels et trafiquants de tous poils (surtout l'été). De sorte que la police espagnole a tout juste besoin de jeter un petit filet pour choper des gros poissons. Ainsi le 5 août, sont interpellés dans un restaurant un arménien et deux géorgiens, accusés d’être des importants vory v zakone. Et ils le sont en effet. Artem Sargsyan, dit «Artem Saratovsky» («couronné» vor en 2013) ; Lasha Barateli, dit «Chia» («couronné» en 2014), et Irakliy Pipiya, dit «Ika Sukhumsky» («couronné» en 2012) sont des membres du clan du parrain Merab «Sukhumsky» Dzhangveladze et Tariel Oniani du clan Kutaisi. Les trois perquisitions menées ont permis de saisir des documents papiers et informatiques, ainsi que des faux documents polonais et ukrainiens.
Les mafieux projetaient l’élimination d’un rival et étaient surtout en train de restructurer le milieu criminel russophone d’Espagne, déstabilisé fin juin dernier lors de l’opération «Napoles» (142 arrestations). Parmi les personnes interpellées figurent 6 vory v zakone, dont le chef du réseau Erik Djhaginyan. Le réseau avait des liens avec les États-Unis, la France, la Belgique, l’Italie et la Lituanie. L’enquête avait commencé en janvier 2016 en 2016, après l’assassinat de deux personnes, dont un boss géorgien, Gela Garishvili, considéré comme un homme de confiance du parrain Kakhaber Shushanashvili le frère de Lasha, qui fut un proche du vor numéro 1 Aslan Usoyan dans lors de la guerre entre le clan de Tbilissi et de Kutaisi. 

Si les liens entre trafiquants marocains et les géorgiens sont quasi inexistants, il y a fort à parier pourtant qu'ils doivent avoir des circuits de blanchiment en commun.

Artem Sargsyan (Armenia News)

Artem Sargsyan (Armenia News)

Le 9 août, objet d’un Mandat d’Arrêt Européen, un citoyen polonais, Wojciech K., 76 ans, partenaire d'affaire a été extradé vers la Pologne depuis le Monténégro. Il y était installé depuis le milieu de l’année 2017. Il est soupçonné d’être à la tête d’un réseau de stupéfiants actif entre 2004 et 2016. Au moins 20 tonnes de résine de cannabis du Maroc et 1,5 tonne de cocaïne sud-américaine ont transité par l’Espagne pour alimenter les marchés polonais, belge, britannique et scandinave. 

Le 11 août, une voiture explose à Galenika dans quartier Zemun à Belgrade vers 02h30 sous l'effet d'une bombe placée sous le siège conducteur. Une jeune femme est blessée et la véritable cible, elle, en a réchappé. Ce dernier se nomme Strahinja Stojanovic, un criminel de 28 ans, proche du clan Saranovic, en guerre contre le clan Zemun de Luka Bojovic depuis plusieurs années. Il avait été cité comme témoin dans le procès des tueurs de Nikola Bojovic, le frère de Luka en 2013. Son père Paja, a été exécuté à Zemun en 2015. La femme blessée est une espagnole de 20 ans, Olatz Bilbao Gonzales, une ex miss Marbella et la petite amie de Stojanovic. Elle venait rechercher son portable laissé à l'intérieur de la voiture quand la bombe a explosé. Strahinja l'a retrouvée près du véhicule, grièvement blessée aux jambes. Des brûlures au 4ème degré qui nécessiteront sûrement des greffes de peau. Le couple venait d'arriver en Serbie après avoir fêter le 2 août dernier les 20 ans d'Olatz. Cette tentative à priori n'a pas de lien avec les tensions actuelles à Marbella même si les serbes sont aussi bien présents dans la zone (ils ont d'ailleurs pignon sur rue à Barcelone et son port). Il s'agirait plus d'un lien avec l'assassinat il y a 2 semaines à Belgrade de l'avocat du boss du clan Zemun Luka Bojovic (incarcéré en Espagne), Dragoslav Ognjanovic. Le milieu belgradois est aussi en proie à la fois à une guerre entre clans monténégrins qui dure depuis 2015 et la saisie d'une cargaison de drogue dans le port de Valence (Espagne).

(Banjalukain)

(Banjalukain)

La situation à la fois en Espagne mais aussi en Belgique et aux Pays-Bas ne se tend pas seulement à cause des réseaux marocains mais aussi sûrement car ces trois pays deviennent des objets de convoitises à plusieurs organisations sud-américaines (et aussi des albanais). En premier lieu les cartels mexicains qui cherchent à imposer leur crystal meth en Europe continentale car le marché nord -américain semble saturé (tiens tiens la même situation que le début des 90's avec la cocaïne). Plusieurs réseaux auraient déjà posé pied en Belgique et aux Pays-Bas avec des laboratoires de fabrication. L'Espagne aussi devient un vrai pays de drogues synthétiques avec la multiplication des laboratoires mis à jour lors des différents opérations policières. Ces labos sont pour la plupart lié aux réseaux hollandais mais alors pourquoi déménagé cette production en Espagne où la mode et plutôt au pépinière de cannabis ?

L’explication est sans doute à chercher déjà sur la pression mise par les autorités sur les bases opérationnelles de ces réseaux bataves particulièrement dans le Brabant et son milieu des Kampers. Mais on peut aussi imaginer que les mexicains poussent un peu vers la sortie des hollandais en investissant leurs coin de production. Qui plus est on remarquer aussi qu'il est de plus en plus courant de payer sa drogue par une autre drogue (coke contre ecstasy par exemple). Peut être qu'on cherche à raccourcir le circuit en délocalisant la production de drogues synthétiques en Espagne pour payer sa coke ou son cannabis plus rapidement.
L'autre organisation qui cherche à se tailler une part du gâteau du trafic de cocaïne international c'est le PCC (Primeiro Comando da Capital) le gang de prison brésilien qui st d'ailleurs bien plus qu'un simple gang de prison à présent.
En juin dernier, la Police Civil de São Paulo coordonne l’opération Echelon contre le gang PCC dans 14 États du Brésil, émettant 75 mandats d’arrêt. L’opération ciblait la faction «Resumen Disciplinar de los Estados», sorte de tribunal interne du gang dépendant directement des leaders du gang. Les enquêteurs ont récupéré des bouts de papiers dans les eaux usées d’une prison. Une fois séchés, désinfectés et ré-assemblées, elles éclairent sur les activités du gang : homicides, émeutes dans les prisons, attaques ciblées contre des fonctionnaires, trafics d’armes et de drogues,…

Présence en Espagne au Portugal et en Suisse 

Mais l’exploitation de ces papiers révèlent également la volonté d’expansion du gang. Dans l’enquête Echelon, les enquêteurs ont également enregistré deux des leaders : il y évoque un «frère» étranger, sans doute un membre du gang «baptisé» en Espagne. On savait déjà que certaines personnes avaient été «baptisés» (faits membres) au Portugal, mais au moins deux autres personnes auraient été «baptisées» en Espagne et un autre en Suisse.
Après avoir consolidé ses réseaux d’approvisionnement de cocaïne depuis les pays voisins (notamment au Paraguay avec 500 membres, des brésiliens et des paraguayens) et ses réseaux de distribution au Brésil, le gang chercherait à s’installer durablement en Europe. La stratégie serait, comme depuis les pays producteurs, de se passer des intermédiaires européens (notamment la ‘Ndrangheta) pour augmenter la marge bénéficiaire.  (Crimorg)
D'ailleurs le Brésil est devenu un vrai terrain prisé par les réseaux narcos que ce soit pour transité de Paranaguá vers la Guinée, le Portugal ou la Hollande mais aussi pour les réseaux passant via le Paraguay pour remonter vers le Surinam. Dans les années 90 les premiers narcos européens (les yougoslaves du groupe Amerika) avaient commencé à établir des routes commerciales pour la cocaïne. Aujourd'hui avec la Républicaine Dominicaine elle accueille nombre de narcos cherchant des «contacts».

(O Globo)

(O Globo)

Le fait est que le PCC connaît parfois des problèmes au sein de sa coupole de commandement avec le décès en février 2018 de Rogério Jeremias de Simone, retrouvé tué dans une réserve indienne de l’État de Cearà (nord-est du Brésil) en compagnie d'un autre membre de la coupole Fabiano Alves de Souza, dit «Paca». Il s'agirait d'un purge interne demandé par le chef suprême Marco Willians Herbas Camacho, alias «Marcola» qui accusait Rogério d'avoir volé 5 millions d'euros (20 millions de réals) pour acheter des immeubles dans l’État de Cearà et des fermes en Bolivie.
Un des tueurs, Wagner Ferreira da Silva, dit «Cabelo Duro», 22 ans est abattu en mars dans l’est de São Paulo ainsi que son bras-droit José Adinaldo Moura, alias «Nado».
Malgré ses soucis cela n'empêche pas le gang de connaître une expansion sans précédent. Poussant jusqu'au USA où une cellule a été démantelé dans le Massachusetts en avril 2019. 
Toutefois après l'assassinat de «Nado», la police a perquisitionné son domicile et a découvert des documents internes éclairant la puissance du gang.

L’étude des documents montreraient que le chiffre d’affaires annuel du PCC serait de 100 à 200 millions de dollars, soit le double de l’estimation faite en 2015. Le nombre de membres aurait également été sous-évalué et serait au moins 3 fois plus nombreux que ce que pensaient les autorités. 
Le blanchiment des revenus criminels se fait notamment via des centaines de stations-essence que le gang contrôle dans tout le pays. L’organisation aurait également investi dans des bureaux de change. Un seul de ces bureaux aurait ainsi blanchi en 2 semaines en décembre dernier au moins 4 millions de réals (920.000 euros). 

En juin, la police brésilienne identifie un des plus importants trafiquants de cocaïne d'Amérique du sud, Gilberto Aparecido dos Santos, dit «Fuminho», un ancien braqueur de banque, installé depuis une dizaine d’années à Santa Cruz de la Sierra en Bolivie. Ce serait lui le principal pourvoyeur  en armes et en cocaïne du PCC. Il expédie également des cargaisons de cocaïne par conteneurs ou par voiliers vers l’Afrique et l’Europe. «Fuminho» semble bénéficier de bons contacts avec la ‘Ndrangheta. Mais en décembre 2018,  c'est un proche de la Cosa Nostra sicilienne que la police fédérale brésilienne interpelle à Salvador de Bahia, Lelio Paolo Gigante, 84 ans, pour un trafic de cocaïne à destination de l’Europe. Ce brésilien, d’origine italienne, professionnel de l’immobilier est considéré comme un «testeur» de la pureté de la cocaïne venant de Bolivie et à destination de l’Europe, via le Brésil. Il travaillait notamment pour le PCC. Gigante avait notamment participé au trafic d'héroïne de Tommaso Buscetta dans les années 70-80.

Sans transition revenons en Europe.

Dans la nuit du 2 au 3 octobre, la police retrouve le cadavre d'un homme dans un champ situé à côté de l'hôpital Puerta de Europa à Algésiras porteur de plusieurs blessures à l'arme blanche et de 2 balles dans la tête. La victime est Brian Martos Carmona, La police pense qu'il s'agit de l'homme enlevé la veille au soir à Estepona qui avait été précédé par une fusillade. Carmona, était un homme du milieu, connu notamment pour s'être voué au vol de drogues appartenant à d'autres trafiquants.
On soupçonne fortement le réseau d'un gros poisson du narcotrafic de la mocro maffia d'être derrière ce meurtre, A.E.H.,  aka le “Messi du haschisch”. Cet assassinat va pousser les autorités à s'intéresser encore plus fortement à ce réseau qui a pourtant été visé en mai 2017 dans une vaste opération. Considéré comme le plus important groupe narco de la région de Gibraltar, 19 personnes avaient été interpellées et 13 tonnes de résine de cannabis saisis. Seulement, le boss du réseau, le fameux Messi, avait échappé à l'arrestation dans son bar à shisha d'Algésiras. Deux policiers sont blessés à l'arme blanche. En 2015 déjà il avait été arrêté pour un autre trafic de cannabis et était en attente du procès au moment où il fuit au Maroc.

Lelio Paolo Gigante (Itabepi Acontece)

Lelio Paolo Gigante (Itabepi Acontece)

Dans le Détroit de Gibraltar, le trafic est à flux tendus. Régulièrement, la police constate l'activité de ces réseaux par la destruction systématique de leur barrière anti-drogue installée sur la rivière Guadarranque , près de Gibraltar une des voies d'accès des bateaux pneumatiques venus du Maroc. Depuis février 2017, la barrière a été endommagée 4 fois au moins.
La barrière est composée de 25 pieux en acier, remplis de béton, de 80 centimètres de diamètre et espacés de 2,4 mètres. Les pieux, reliés par des barres transversales, sont hauts de 15,10 mètres et dépassent donc du fleuve de 1,5 à 3 mètres, selon la marée. (Crimorg.com, Guardia Civil)
Fin octobre d'ailleurs, le Conseil des Ministres espagnol adopte un décret-loi royal interdisant les puissantes embarcations à moteurs, celles utilisées dans les «Go-fast» pour lutter contre les trafic de migrants et de drogues. Le simple fait de posséder ce type d’embarcation sera illégal et le bateau pourra donc être saisi. Reste au Parlement d’adopter ce texte de loi. 

Le 9 octobre, un néerlandais d’origine marocaine de 33 ans, Hamza Ziani, est interpellé à Marbella. A proximité de sa résidence, les policiers ont découvert un pistolet-mitrailleur, 3 pistolets et 3 caisses de munitions. Deux voitures haut-de-gamme et 5 téléphones portables ont également été saisis. Cet homme, originaire d’Utrecht, est lié à l’engin explosif trouvé en septembre dernier dans une maison de Marbella et qui s'apprêtait à exploser avant que la police ne le découvre. 
Cette arrestation ne va pas empêcher 24 heures plus tard, deux bombes d'exploser sur la Costa del Sol. Les deux explosions ont eu lieu à peu près au même moment : 00h30 pour la première explosion  dans une résidence fermée à Benahavis pour expatriés et touristes britanniques ; 00h45 pour la seconde bombe près d’une station de lavage de voiture à San Pedro de Alcantara appartenant à un homme lié au trafic de drogue dont la maison a été ciblée à Benahavis auparavant. Il n’y a eu aucun blessé mais plusieurs voitures ont été détruites. 

La fameuse barrière (Cadena Ser)

La fameuse barrière (Cadena Ser)

Le 22 octobre, 16 personnes d’un réseau néerlandais sont arrêtés dans une zone industrielle de Malaga et 6,3 tonnes de cocaïne saisis. Le réseau de grande envergure est soupçonné d'avoir fait passer la drogue par des ports portugais, espagnols et néerlandais et assuraient également la facilitation du trafic par containers pour d’autres organisations criminelles.
La zone était sous surveillance car la police y soupçonnait des activités illicites liés à ce réseau soupçonné aussi d'implication dans une série de fusillades et d'explosions sur la Costa del Sol depuis plusieurs mois.
Ce réseau avait plusieurs branches et s'était très bien implanté dans la région et notamment avec les galiciens. Deux des trafiquants du réseau, Ronald S. et Martius G., ont été vus en compagnie du trafiquant  Sito Miñanco en décembre 2017 dans un hôtel probablement pour y conclure un deal. 
Il n'a plus fallu pour les enquêteurs qu'à suivre les pérégrinations du réseau dans la préparation de ce deal hors norme.

Plusieurs des trafiquants avaient déjà été identifiés par les policiers, comme René S., un estonien , dirigeant d’une entreprise de commerce de bois, «Renxportim SL» servant de couverture pour le trafic. 2 gérants d'entreprises de transports, la «Transportes Fco. Perero SL», et la «Transportes Mardemar 2017». 
Le chef du réseau est un néerlandais de 42 ans originaire d'une petite ville entre Anvers et Eindhoven, lieu idéal pour qui a la vocation criminelle. L'organisation en plus des galiciens avait aussi pu établir un contact avec des trafiquants brésiliens, sans doute leurs contacts avec les fournisseurs sud-américains. Sur le terrain c'est un autre néerlandais aidé d’un français et d’un espagnol, qui étaient chargés de trouver des acheteurs et des contacts.

Action réaction

Cette opération policière a entraîné une réaction dans le milieu criminel : l’assassinat dans un restaurant de Torremolinos d’Hamza Ziani, un néerlandais expert en explosifs. Ce règlement de comptes serait interne au réseau : Ziani serait accusé d’être une «balance», responsable de la saisie et de l’arrestation des leaders. Arrêté en septembre pour un attentat à la bombe contre un rival du gang, il était déjà en liberté (malgré la détention de 4 armes de poing et un pistolet-mitrailleur), le rendant suspect aux yeux de ses associés.
5 jours plus tard, une fusillade éclate dans un restaurant du quartier Playamar de Torremolino. Vers 21h, un tireur est entré dans un restaurant japonais et s'est dirigé vers un couple qui mangeait là. Il a tiré 7 fois sur l'homme qui a été touché à la tête et au ventre. Il s'est ensuite enfui dans une camionnette blanche. La victime est un homme que la police avait arrêté il y a peu puis relâché en lien avec une série d'explosions, le dénommé Hamza Ziani. 

Assassinat d'Hamza Ziani (Panorama)

Assassinat d'Hamza Ziani (Panorama)

Pour les enquêteurs pas de doute, c'est Hamza Ziani qui avait placé une bombe artisanale dans une poubelle à Marbella. La bombe était située dans le quartier d’Altos de Los Monteros et était prête à exploser lorsqu’elle a été trouvée par la police. La police espagnole pense que cet assassinat pourrait être lié à celui de David «Maradona» Avila Ramos tué lors de la communion de son fils en mai dernier. Hamza aurait fait partie d'une organisation chargé de mettre la pression sur lui et ses associés qui s'étaient fortement endettés auprès de leur fournisseur colombiens. Hamza est très connu du milieu criminel d'Utrecht. Il aurait été impliqué avec son ami d'enfance Soulaiman el H. dans un enlèvement il y a quelques années pour tenter de mettre la pression sur un concurrent. 
Un autre ami d'enfance d'Hamza serait Nadir A.T. surnommé «Le Rat», un autre trafiquant de la Mocro Maffia. Pourtant en août dernier, la voiture de Nadir explose à Puerto Banus avec 5 personnes à bord et notamment son bras droit Patrick S.. Pas de blessés à déplorer mais un avertissement auquel Hamza ne serait pas étranger et qui aurait provoqué son élimination.
Hamza était aussi proche de Mustapha F., qui serait derrière l'explosion de Puerto Banus et qui a été visé dans une fusillade à Marrakech en novembre 2017 et aussi des frères iraniens N. et F.. Pour eux, il aurait notamment volé un camion le 27 octobre 2015 qui aurait servi au transport de drogues. Le camion sera retrouvé dans un hangar de Montfoort.
Cependant une autre piste est explorée, celle d'un règlement de comptes lié au démantèlement du réseau hollandais 5 jours plus tôt. En effet on n'exclut pas que Ziani faisait partie de ce réseau et qu'il a été tué car accusé d'être une balance par les quelques membres ayant échappé à l'arrestation. En effet, Hamza malgré l'arsenal qui a été retrouvé avec lui a été libéré rapidement par la police, sans doute trop rapidement pour ses associés qui ont trouvé suspect cette soudaine libération et qui avait donc pu s'obtenir en échange d'informations.

La dödspatrullen

Le 9 novembre, c'est un autre aspect encore de ces tensions entre «frères de la Côte» qui va être être mis en lumière avec l'arrestation dans la province de Barcelone d'un suédois de 21 ans, Zakaria Amin S. recherché au niveau international pour son appartenance à un groupe criminel nommé la «Dödspatrullen» («l'escadron de la mort»), dont il est un des chefs. Il se cachait en Espagne sous une fausse identité alors qu’il était recherché pour son implication dans 7 homicides. Son gang, composé de suédois d’origine somalienne en majorité, est spécialisé dans le trafic de drogues (résine de cannabis, cocaïne et drogues de synthèse) et le blanchiment d’argent. Le gang est dirigé par 4 hommes, âgés entre 20 et 30 ans. La coopération entre la Guardia Civil et la police suédoise dans cette opération «Dajir» a permis d’empêcher le meurtre d’un homme justement dont le nom n'a pas filtré. Le mois précédent un autre membre de ce Abdisamed Dahir Ahmed (Talent) gang lui aussi âgé de 21 ans avait été arrêté en lien avec la saisie de 28,5 kilos d'amphétamine dans un appartement à Dundbyberg. Si cet escadron a surtout œuvré en Suède notamment dans une guerre fratricide avec le gang Shottaz, on peut se demander si la présence de cet homme en Espagne n'explique pas aussi une possible collaboration entre son gang et des organisations plus opulentes en quête de personnes fiables pour régler des conflits. On verra dans une prochaine partie qu'il n'y a rien de plus vrai.

(SvD)

(SvD)

Pour revenir sur l'épicentre du trafic, à Anvers, dans la nuit du 3 au 4 octobre, un corps a été retrouvé criblé de balles dans une voiture en feu à Eilandje près d'Anvers. Le véhicule possède une plaque d'immatriculation du département des Hauts de France. Il s'agit du corps de Mourad Kharbouch, 34 ans. Le Petit-Synthois surnommé «Le Général» avait un passé de trafiquant de drogue et de nombreuses années de prison derrière lui notamment une condamnation à 10 ans.
Le 16 octobre, le tribunal de Rotterdam a condamné mardi six suspects à des peines de prison allant de 12 mois à 14 ans. L'affaire concernait notamment l'importation de 1 300 kilos de cocaïne et de 1 100 kilos d'héroïne. 
La coke était dans un conteneur avec des bananes de Colombie et l'héroïne et de la morphine dans un conteneur avec des fours de cuisson en provenance d'Iran. Les transports ont été introduits dans le port d'Anvers en janvier et février 2017. Ramazan Z. a été condamné pour son implication et des menaces à la famille de l'autre principal suspect Murat I.. Le demi-frère de Z., également l'un des suspects, a également été condamné pour son implication dans ces deux derniers crimes. Un suspect anglais a été reconnu coupable de préparation à la prise d'otage, d'extorsion et de tentative d'extorsion. Le suspect anglais est en fuite. L'un des sept suspects a été acquitté pour insuffisance de preuves.

Toujours plus riches 

Une affaire à 240 kilos de drogues, des quantités devenues usuelles depuis 2-3 ans. Le trafic connaît une opulence très rarement vu en tout cas en Europe. Si la drogue est rarement payé comptant (il s'agit plus souvent d'un retour sur investissement) de tels chargements ce sont des dizaines de millions d'euros. Leurs pertes est certes un coup dur pour les organisations mais elle s'en relève en général très vite financièrement. Au niveau organisationnel par contre, ces saisies sont compliqué à gérer, les tensions apparaissent vite même si le recours au règlement de comptes reste peu fréquent (eu égard aux quantités astronomiques de drogue qui circulent) car si certains vivants ont du mal à honorer leurs dettes, les morts eux ne peuvent même plus le faire. Les campagnes d'intimidation, violences, pression sont bien plus souvent de mises comme on peut le voir ont un effet plus efficace.
Malgré cette pression policière, les trafiquants continuent leur enrichissement et à réinjecter leur mise dans l'économie légale.  
Des chercheurs de l'Université d'Utrecht ont calculé qu'environ 16 milliards d'euros sont blanchis chaque année aux Pays-Bas. Quatre-vingt-dix pour cent de cet argent provient du trafic de drogue et de la fraude, selon le journal Trouw. Sur les 16 milliards d'euros, 9,1 milliards proviennent de l'étranger.

 

Sources : Panorama ; Crimorg ; Crimsesite : Ad.nl ; El COnfidencial ; El Pais ; Diaro Sur ; Telegraaf

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents