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Si ça ne vient pas de l'AFP c'est que ça n'est pas réellement arrivé!


L’extrême droite italienne se militarise

Publié par Desmoulins sur 20 Février 2020, 17:23pm

Catégories : #Actualités, #Politique, #Géopolitique, #ExtrêmeDroite

Les signes ne trompent pas, l’extrême droite italienne se radicalise vitesse grand V et ce alors que ses leaders n'ont pourtant jamais été autant présents médiatiquement ou à des postes à responsabilité au niveau national et régional. Ces violences militantes sont souvent l'expression d'un rejet de l'élitisme étatique mais ce n'est plus le cas en Italie. Casapound et Forza Nuova ces micros partis devenus des forces électives en puissance pour la Lega de Matteo Salvini ont fait du chemin depuis leurs débuts et leurs entrismes dans les stades italiens ou leurs occupation d'immeubles dans les années 2000. Depuis ils ont gagné des conseils municipaux, des mairies, des préfectures mais la violence des débuts, elle, est toujours resté la même. Et après tout quand un de nos fondateurs est Massimo Morselli un ex membre du groupe terroriste d'extrême droite du NAR (noyaux armés révolutionnaires) on sait à quoi s'attendre. La culture du "scontro" est inscrite dans les gênes comme le nazisme dans celui du front national.

En termes d'incidents, la période des années de plomb toutefois reste incomparable avec la situation actuelle, qui plus est la disparition quasi totale de l'extrême gauche a laissé une voie royale à l'autre bord pour proliférer sans aucune opposition idéologique ni même physique. Les armes, elles aussi prolifèrent. Cette état de fait interroge tout comme elle doit interroger en France par ailleurs. Des réseaux de trafics qui alimentent aussi bien les milieux criminels que les milieux terroristes et idéologiques ne semblent pas chose nouvelle mais i lest loin le temps du mercenariat des vilains du Katanga dans les 60's. En Italie les fascistes sont passés maître de la subversion, et si l'heure n'est plus à la guerre froide et sa stratégie de tension, ils ont toujours su collectionner trouver des armes.
Dans les années 90, les armes provenaient des Balkans, le nouvel épicentre aujourd'hui de ces réseaux semble être l'Ukraine dont le conflit dans le Donbass a concentré tout un arsenal sur lequel toutes sortes de mains se posent.

Rai News

Rai News

En juillet 2019 Forza Nuova se trouve derrière la saisie d'une énorme quantité d'armes lors d'une opération de police dans le nord du pays, dont ce qui ressemble à un missile air-air. Il y a quelques mois déjà un autre réseau fabriquant des armes avec une imprimante 3D avait été démantelé. La police enquête sur un réseau de militants d'extrême droite ayant combattu en Ukraine. Un groupe paramilitaire de Vénétie en lien avec la Mala Brenta (pègre locale) qui dans les années 90 a fait du trafic d'armes avec l'ex Yougoslavie mais qui aurait aussi entraîné et combattu la bas. 
Les exemples ne manquent pas.

Dans la présente affaire, 3 personnes sont interpellées.

Un des 3 hommes arrêtés est Fabio Del Bergiolo, 50 ans, un ex inspecteur de la sécurité des frontières, membre de Forza Nuova et ex candidat aux élections sénatoriales en 2001. 
Alessandro Monti, 1 suisse de 42 ans gérant de la société propriétaire du hangar où le missile a été retrouvé et Fabio Bernardi, 51 ans. Le coordinateur de forza nuova Lombardie Salvatore Ferrara a déclaré que Fabio Del Bergolio ne faisait plus partie du groupe depuis 2001. Pourtant les liens semblent bien clairs selon l'enquête entre Fabio et la nébuleuse militante de Forza Nuova et des autres entités fascistes. 
Des connections ont été établies entre ce réseau et des groupes ultras notamment de la Juventus de Turin, les Drughi Giovinezza et les Tradizione Antichi Valori. “Il y aurait d'autres liens avec des groupes de fans plus traditionnels de la Juventus et ces militants d'extrême droite" selon le responsable de la Digos de Turin, Carlo Ambra. 
Fin mai, une banderole appelant à "l'union des groupes fascistes" avait été découverte sur un viaduc près de la capitale piémontaise. (La Repubblica- France-Soir)
Dans son article France-Soir rappelle d'ailleurs aussi d'autres opérations de police survenues les semaines précédentes.
Le 20 juin, une série de perquisition au siège de la branche turinois Forza Nuova et au local du groupe d'extrême droite Rebel firm à Ivrea avait permis aux enquêteurs de mettre la main sur des des armes et toute une série d'objets de «nostalgie fasciste et nazi».
Luigi Cortese, leader de Forza Nuova pour la région de Turin, avait été interpellé et mis en examen pour "apologie du fascisme", qui est interdit par la loi depuis 1952 mais beaucoup d'italiens semblent l'avoir oublié. 

Une galaxie de groupuscules

Une autre série de perquisitions avait eu lieu le 9 juillet dernier aux domiciles de plusieurs militants d'ultra-droite, appartenant notamment à la Legio Subalpina, un groupuscule violent aux origines milanaises qui s'est récemment implanté à Turin. Son leader, Carlo Fabio D'Allio, déjà connu des services de police pour des faits de "violences", "port d'arme illégal" et "apologie du fascisme" avait été interpellé au cours de l'opération puis incarcéré. Des munitions avaient été découvertes à son domicile au cours du coup de filet.
Dans les maisons perquisitionnées d'autres membres de la Legio Subalpina, des armes blanches et des répliques de fusils d'assaut de type airsoft ont été retrouvées. Les forces de l'ordre ont également trouvé des vêtements, des autocollants et des banderoles faisant référence aux groupes de supporters ultra de la Juventus de Turin, Drughi Giovinezza et Tradizione Antichi Valori, proches de l'extrême droite radicale.
Drughi Giovinezza a par ailleurs déployé une banderole de soutien à Fabio Carlo D'Allio le lendemain de son arrestation. Mario Borghezio, ancien député européen de la Ligue du Nord (la formation politique de Matteo Salvini), avait également soutenu le jeune homme.
Les enquêteurs ont également découvert des liens entre la Legio Subalpina et Rebel firm avec la branche italienne de Génération identitaire et du groupuscule anglo-saxon Combat 18 (pour "Adolf Hitler") selon l'agence de presse italienne Ansa après plusieurs perquisitions le 20 juin.

HO / Polizia di Stato / AFP

HO / Polizia di Stato / AFP

Lors des perquisitions, les enquêteurs avaient saisi une banderole du groupe Drughi Giovinezza, à l'intérieur du local de la Legio Subalpina (un groupuscule d’extrême droite). Parmi les maisons fouillées, il y avait aussi celles de membres du groupe Tradizione. 
Les Drughi avait récemment exhibé une banderole en soutien de Carlo Fabio D'Allio, 28 ans, considéré comme le chef du groupe Legio Subalpina, arrêté pour possession de balles de guerre puis relâché la semaine dernière. On ne parle même plus de la collusion à ce niveau là entre fascistes et ultras juventini, c'est de la symbiose. 
Ce n'est certes pas nouveau, ces entrismes, la Curva Sud de l'AS Roma en a subi un (aussi de Forza Nuova et Base Autonoma il y a une quinzaine d'années) sans parler évidemment de la Curva Nord laziale elle aussi historiquement très lié au milieu fasciste romain avec un de ses fondateurs Fabrizio Piscitelli assassiné en août dernier dans des histoires de trafic de drogue. A Come ou à Padoue les militants fascistes se cofondent avec la scène ultra locale dans des groupuscules blood and honour. 
Dans les années 80 le fameux carré noir, l'amitié entre 4 tifoserias d'extrême droite (Lazio, Inter, Verone, Ascoli) connaissait ses grandes heures avant d'éclater dans les années 90.
Si les places fortes des tifoseries fascistes n'ont jamais déviées d'un iota dans leur idéologie, le milieu ultra est bien plus insondable qu'il ne pourrait y paraître et les alliances politiques sont en fait peu existantes et effectives. Et le sujet n'est pas là.
Ce missile air air Matra-Super 530 (de fabrication française) qui a été retrouvé était «inactif» mais prêt à servir selon La Repubblica. Ce missile aurait fait partie de l'arsenal des forces armées qataries. Fabriqué en France en octobre 1980 selon «la Stampa» ce lot de missile aurait été vendu au Qatar. Le missile aurait ensuite fait partie d'un lot de 40 vendus par le Qatar à un "pays ami" non précisé en 1994 selon une précision de Lolwah Alkhater le porte parole du ministère des Affaires Étrangères sur twitter le 16 juillet.

Fabio Del Bergiolo le détenteur a tenté de vendre le missile via WhatsApp !! Moyennant 470 000 euros. Les enquêteurs ont trouvé trace d'un message qu'il a envoyé à un italien (non identifié pour le moment) qui avait combattu dans le Donbass aux côtés des ukrainiens (alors que l'enquête a portant porté sur des italiens «pro russes») . 
Il aurait naïvement envoyé le message suivant : "J'ai un missile air-air de fabrication française à vendre. Êtes-vous intéressé?» C'est à partir de ce moment que la photo du missile a commencé à circuler dans les milieux extrémistes italiens et de vétérans du front ukrainien notamment Francesco Saverio Fontana ainsi qu'Andrea P., un natif de Lucchese qui auraient fait partie du fameux "bataillon Azov", des volontaires de toute l'Europe pour combattre aux côté des ukrainiens contre les Russes. La vente se révélant plus difficile que prévu c'est ainsi que l'affaire est remonté jusqu'à la Digos. 
Le hangar on l'a dit appartenait à Alessandro Monti au nom d'une société de fret aérien, la Stair. Dans ce hangar on a d'ailleurs retrouvé 3 avions de tourisme. Le Corriere della Sera précise que c'est bien Fabio Del Bergiolo qui après son arrestation a immédiatement collaboré avec les autorités et donné les noms de ses deux complices, Monti et Berardi tout en indiquant l'emplacement du hangar à Rivanazzano. 
Sous surveillance, le 11 juillet les deux hommes avaient été vus à l’hôtel Paradise à Forli en compagnie d'un 3ème homme qui a une longue liste d'antécédents criminels, pour des atteintes à la sécurité des transports, des transports aériens abusifs et le non-respect des règles de navigation. 

HANDOUT / REUTERS

HANDOUT / REUTERS

Par le passé en plus de son activité militante, Del Borgiolo avait déjà été mis en examen pour une escroquerie alors qu'il était en poste à l'aéroport de Milan Malpensa en 2003. Le média The Drive aurait une piste sur le supposé pays ami à qui les qatari auraient vendu l'arme.

En 1980, le Qatar avait acheté 14 avions de chasse Mirage F1 à la France, ainsi qu'un complément de missiles air-air Super 530F. En 1994, le Qatar a vendu les 13 avions à réaction restants à l'Espagne dans le cadre d' un accord à trois qui incluait également la France. L'armée de l'air qatari a également vendu à l'Espagne des pièces de rechange pour l'avion et les missiles Super 530F restants. Le paquet contenait environ 40 Super 530F, selon la base de données internationale sur le commerce des armes du Stockholm International Peace Research Institute (sipri.org/databases/armstransfers). En 2013, l’Espagne a abandonné le dernier de ses F1, dont beaucoup avaient fait l’objet d’un programme de mise à niveau en profondeur à partir de 1996 pour les amener au standard F1M plus moderne. Les mirages qataris n’ont pas été modernisés et ont été parmi les premiers à quitter le service plusieurs années auparavant. Le fournisseur privé d’agresseurs "Red Air", Draken International, a depuis acheté les derniers F1M et vous en saurez plus sur ces avions et leur vie future dans un article de War Zone. Matra avait présenté le Super 530F en 1979 spécifiquement pour le Mirage F1 et l’Espagne n’aurait pas utilisé ces missiles après la mise hors service de ces avions. Ce qui leur est arrivé depuis n’est pas tout à fait clair selon The Drive, même si les autorités espagnoles affirment qu’elles les ont démilitarisées et vendues comme de la ferraille. Les responsables italiens ont indiqué que l'arme qu'ils ont récupérée est active. 

vendus comme de la ferraille

Reste à savoir si le Qatar et l'Espagne disposent des numéros de série de tous les missiles inclus dans la vente de 1994 afin de vérifier si ce missile n'est pas "un des leurs". Alors imaginons si ce missile est un de ceux vendus aux espagnols, Démantèlement en 2013 des F1 et donc les missiles plus utilisables. «Les 40 missiles acquis du Qatar ont été entièrement démilitarisés par l'armée de l'air espagnole", a déclaré le ministère espagnol de la Défense dans un communiqué, publié par Defensa.com. "Il incombe aux autorités italiennes de déterminer, compte tenu des éléments de preuve, la véritable origine du missile.»
L'Espagne dit les avoir vendu "comme de la ferraille" donc j'imagine bien sûr neutralisé et démonté pièces par pièces et vendus séparément. Il est possible qu'un de ces missiles (voir plusieurs) ai(en)t échappé au démantèlement et ont été vendu à des milices pro ukrainienne ? 
Pour l’Italie, le Qatar, l’Espagne et peut-être la France, déterminer exactement où ce 530F a disparu et comment, ainsi que de savoir s’il en existe d’autres, pose probablement des problèmes plus pressants que de déterminer quel aurait pu être les acheteurs potentiels de ce missile. Toutefois sur cette partie là de l'enquête, la Libye et l'Iran, qui continuent tous deux à exploiter de petites flottes de ces avions de combat spécifiques pour le port du missile, restent en haut de la liste des gouvernements qui auraient pu souhaiter acquérir ce missile. 

Mirage Dassaut F1 (wikipédia)

Mirage Dassaut F1 (wikipédia)

Au delà d'une embrouille géopolitique sur la présence d'un missile certes hors d'âges mais toujours opérationnel aux mains de militants radicaux d'extrême droite, ce qui pose question, ce sont bien les ramifications multiples des milieux fascistes et d'extrême droite que ce soit dans les mouvements supporters ou les milieux criminels.
Le 28 novembre de la même année, le démantèlement d’un autre réseau de militants pro-nazi armés va tout autant faire parler.
Des perquisitions aux domiciles des 19 personnes, de Bergame jusqu’à la Sicile et la Sardaigne.
Là encore on trouve des objets de culte nazi et une grande quantité d'armes.
Ces 19 interpellés faisaient partie du «Parti italien national-socialiste des travailleurs», selon la police, un groupuscule avec une hiérarchie, une structure territoriale et un programme «ouvertement antisémite et négationniste».
A sa tête un homme bien connu des services, Pasquale «Leone» Nucera, un ancien légionnaire mais surtout ancien membre de la «'Ndrangheta, la mafia calabraise, devenu un collaborateur de justice.
L'homme était donc bien occupé, entre son activité militante de coordinateur adjoint de Forza Nuova dans la région d'Imperia qui a succédé à son ex activité mafieuse. N'en déplaise aux médias français Nucera n'était pas un boss mais il a collaboré à plusieurs grosses enquêtes notamment celle contre la loge maçonnique P2(Propaganda Due) de Licio Gelli et la mafia. Des liens que Nucera avait confirmé devant les juges. 
Nucera expliqua notamment qu'il s'agissait d'un projet politique précis conçu au début des années 1990: " 'Ndrangheta, Cosa nostra, les loges maçonniques détournées, les municipalités détournées devaient être incorporées dans un seul "Projet criminel". 
La création d'un parti politique avec ambition d'avoir des infiltrés au gouvernement. Telle était le projet. Nucera cite plusieurs noms de politiciens approchés comme Andreotti d Parti Démocrate et le député Amedeo Matacena de Forza Italia.

Milieux fascistes, loge maçonnique et mafia

Originaire de Montebello Ionico dans la région de Reggio de Calabre, l’homme a aussi eu un parcours chaotique de mercenaire en Afrique et en Serbie. En 1994 il est arrêté à Nice et condamné pour association mafieuse. L’homme a beaucoup de choses à dire car il était en cheville entre les mafieux et le milieu maçonnique et politique. Il est notamment à l'origine de la géolocalisation du bateau «Laura C.», qui avait coulé avec plus de 1500 tonnes de tnt et dont la 'Ndrangheta se servait pour son arsenal. Il révèle qu'une réunion le 28 septembre 1991 avait réuni le boss Francesco Nirta et l'homme d'affaires anglais, fraudeur et avocat Giovanni De Stefano un proche de Slobodan Milosevic et Zeljko «Arkan» Raznatovic.
3 génoans ont été arrêté, Alessandro Piga (65 ans), Claudio Testa (58) et Olga Giorgi (66) ainsi qu'Antonella Pavin, 48 ans, résidente à Curtarolo (Padoue) qui sur le net elle se faisait appeler «le sergent major d'hitler». 
Là encore on retrouve des liens avec la «Aryan White Machine - C18», proche des milieux néonazis anglais du Blood and Honour. La perquisition du domicile français de Nucera à Saint-Damas-de-Tende (Alpes-Maritimes) a entraîné la découverte de 9 armes longues, 5 armes de poing, des munitions de divers calibres, un tablier de l'«Ordre des Templiers» et une fausse carte de police française avec un faux cachet du Ministère de l'Intérieur. 
En mars dernier Nucera avait encore fait parler de lui dans 'autres révélations à propos d'une tentative d'évasion de Toto Riina, le boss corléonais, avec l'aide d'un ex agent de la Sisde (les services secrets italiens), du nom de Brocoletti (viré en 91 pour une affaire de fonds occulte), d'un agent libyen et de mercenaires serbes liés à Arkan. Et tout ça par hélicoptère. 

Il est évident qu'avec de tels profils dans ses rangs, les radicaux d'extrême droite italien, ont accès facilement à un stock d'armes important, ses liens sont inquiétants et doivent inquiéter.

La fausse carte de police de Nucera

La fausse carte de police de Nucera

Une chose est sûre encore à l'image de ces affaires et pour paraphraser (beaucoup) Camille Desmoulins pour qui au 18ème siècle "la religion et l'esclavagisme étaient comme deux sœurs qui ne rentraient jamais dans un pays l'une sans l'autre", on peut dire que le mafioso et le fasciste italien sont eux comme deux frères, jamais l'un....sans l'autre.

 

 

Sources : Il Tirreno, La Repubblica, Il Giornale, Corriere della Sera, Il Fatto Quotidiano, France-Soir, The Drive, 

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